Le crépuscule de Shigezo
La promotion d'un roman est un art étrange. Bandeau et quatrième de couverture sont là pour inciter à l'achat mais peuvent vanter des spécificités de l'œuvre opposées. Lire Sawako Ariyoshi comme la Simone de Beauvoir du Japon empêchera d'accéder au « roman qui nous réconcilie avec la nature humaine…»Les jeunes avaient peut-être un autre point de vue sur la situation de la femme, mais les hommes de la génération de Nobutoshi tenaient à leurs vieux clichés féodaux. Ils ne voulaient pas reconnaître l'apport financier du travail d'une femme dans les revenus de la famille. À leurs yeux, elle se faisait plaisir en travaillant au-dehors et c'était eux qui supportaient avec patience et indulgence le laisser-aller du ménage.
p. 119
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Coureur de fond
Lorsque Murakami choisit de s'exposer en passionné de course de fond, pratiquant régulier du marathon, il évoque aussi l'effort que représente l'écriture romanesque comme exercice de contrôle de soi. Cette approche lui permet de distinguer la part de talent de la persévérance et de l'imagination nécessaires à atteindre ses objectifs.Devenir vieux représente pour moi - et pour n'importe qui, du reste - une expérience nouvelle, et les émotions qui m'habitent sont nouvelles également. Si c'était quelque chose que j'avais expérimenté auparavant, je serais en mesure de le comprendre plus clairement, mais comme c'est la première fois, je ne peux pas. Maintenant, j'ai tout juste le pouvoir de remettre à plus tard un jugement précis et de vivre en acceptant les choses telles qu'elles sont. Juste comme j'accepte le ciel, les nuages et la rivière.
p. 30
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Une heure de ferveur
Après nous avoir fait découvrir le Japon par les yeux de Rose, Muriel Barbery remonte dans le passé pour nous immerger dans l'univers de Haru-San, marchand d'art à Kyōto.
Lire plus…Dans la pâle brume hivernale – c'était le 18 janvier –, les toriis prenaient des allures d’arcs-en-ciel monochromes. À côté, la forêt vierge de Tadasu donnait aux lieux leur caractère primitif et sacré.
p. 157
Hitler
Le ressentiment à l'égard des vainqueurs de la Première guerre mondiale a fortement influencé le politique allemande. La population galvanisée par son Führer s'est laissée entraîner dans la mégalomanie hitlérienne, pour le pire. Un sort que les Japonais·es ont également expérimenté en suivant leurs élites, écœurées de ne pas être pleinement reconnues pour leur contribution aux forces alliées.
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Une langue venue d'ailleurs
Aborder une nouvelle langue comme on apprend un instrument de musique, en faisant ses gammes. Apprendre le français pour échapper aux discours stéréotypés et, selon l'auteur, vides de sens de l'agitation estudiantine japonaise de la fin des années 1960.
Je vis ce jour-là combien les professeurs français pouvaient être éloquents... Évidemment, je ne comprenais pas tout, loin de là. Mais l'éloquence, une grande éloquence était là, qui me semblait contraster avec le vide abyssal de toutes les harangues « révolutionnaires » dont mes oreilles avaient été rebattues et harassées. C'était quelque chose de nouveau, une dimension nouvelle de la langue qui se révélait à moi.
p. 121
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Quartier lointain
Le magnifique manga de Taniguchi, en évoquant les imprévus de la vie humaine, fait écho aux interrogations qui ont emmené Gideon Lewis-Kraus à s'engager sur les chemins de pèlerinage : l'homme est-il libre de prendre les décisions qui assurent autant son bonheur que celui de ceux qu'il aimerait le moins faire souffrir.
Lire plus…Un instant, j'ai eu un étourdissement. Mes 14 ans… insensiblement, j'étais en train d'en changer le cours ! Mais en modifiant mon passé, n'était-ce pas mon avenir que je changeais aussi ?!
p. 114
Le pèlerin désorienté
A Sense of Direction. Pilgrimage for the Restless and the Hopeful
Déconcertant, le titre français de ce récit de voyage : l'auteur relate son pèlerinage à Compostelle, mais jamais il ne semble égaré à Kyoto ! Sa difficulté de résister à la vitalité de Berlin l'incite à chercher une direction à sa vie de jeune adulte. Après une expérience du Chemin de Saint-Jacques, il poursuivra par le pèlerinage des 88 Temples à Shikoku et complètera son expérience par le rassemblement juif d'Ouman en Ukraine.
Donner un sens à sa vie, c'est conjuguer le confort de l'obéissance à la dignité de l'indépendance. Ne plus être ni servile ni inquiet parce qu'on ne sait pas ce qu'on veut ni combien on est prêt à payer pour l'obtenir. La question est donc la suivante : comment trouver une structure qui nous permette de comprendre ce que nous voulons, sans pour autant nous forcer à suivre les fluctuations de nos désirs éternellement conflictuels ?
p. 57
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A Brief History of Japan
Temple Anraku-ji, Kyōtō
La spécificité du Japon dans le contexte extrême-oriental provient essentiellement de son insularité. La mer protégeant l'Archipel de grandes invasions mais n'empêchant pas, par le détroit de Tsushima et dans une moindre mesure par Sakhaline, les influences extérieures. Ces dernières se sont exercées par vagues successives et ont occasionné un développement plus discontinu que dans les pays proches.L'aperçu de Clements sur l'histoire japonaise s'adresse explicitement à un large public et adapte son style en conséquence, une forme littéraire qui cherche à garder le lecteur jusqu'à la fin du volume, pas totalement convaincante. Il met toutefois en relation les événements au Japon, en Extrême-Orient et dans les pays industrialisés. Il relève aussi les fragilités qui pèsent sur la politique japonaise au début de ce XXIe s. : l'émancipation de la jeunesse et le changement d'attitude des entreprises, le vieillissement de la population et la dénatalité. Lire plus…
L'innocence
Que se passe-t-il à l'école de Suwa, petite ville de la Préfecture de Nagano ? Le comportement de Minato devient si étrange que sa mère demande à rencontrer le personnel enseignant.
Lire plus…[Ce] qui me surprend, c’est que notre histoire se fasse l’écho des fractures qui apparaissent aujourd’hui entre les gens, les pays et les communautés partout dans le monde
Note d'intention
Kore-eda Hirokazu
Stupeur et tremblements
Imprégnée de ses quelques années d'enfance passées au Japon en tant que fille de diplomate, Amélie Nothomb y retourne, en tant que jeune adulte, travailler dans une grande entreprise. D'une plume mordante, elle décrit l'univers de l'entreprise Yumimoto, où les apparences et les conventions broient ceux qui ne les respectent pas.
Les compétences de la narratrice comptent moins que sa capacité à se soumettre à une autorité qui se renforce à chaque échelon hiérarchique.
Lire plus…Et ne jouis pas de l'instant : laisse cette erreur de calcul aux Occidentaux. L'instant n'est rien, ta vie n'est rien. Aucune durée ne compte qui soit inférieure à dix mille ans.
p. 99
Perfect Days
En sublimant la banalité de l’existence de Harayama, Wim Wenders met en images un des aspects les plus fascinants du Japon, l’opposition constante entre tradition et technicité.
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Kafka sur le rivage
La luxuriance des forêts de Shikoku répond à l'imagination débordante de Murakami qui nous y emmène dans un voyage initiatique. le sentiment de permanence qui s'en dégage brouille les repères temporels. Un décor rêvé pour évoquer la manière complexe dont se constitue une personnalité humaine.
Moi je n'ai qu'un seul problème à surmonter : vivre chaque jour dans ce corps, cette enveloppe défectueuse. Dit comme ça, ça paraît simple, mais en fait, c'est compliqué. De toute façon, ce n'est pas parce que j'y arriverai que j'aurai accompli quelque chose d'important. Je ne m'attends pas vraiment à recevoir une ovation.
p. 362
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Kimono
Musée Rietberg, Zürich
Pièce de vêtement au code très élaboré au temps des samouraïs ou source d'inspiration des couturiers contemporains, le kimono symbolise les apports réciproques des esthétiques culturelles dans un monde globalisé depuis longtemps installé.
L'exposition met surtout en évidence le savoir-faire de la haute couture.
Kitagawa Tsukimaro, Fête de Nouvel-An au bordel Miura, vers 1804
Le poids des secrets
Pentalogie constituée de Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru
Les cinq brefs volumes de Aki Shimazaki racontent au fond la même histoire sous l'angle de différents narrateurs. Quels sont ces secrets si lourds qu'ils influencent durablement la vie de Yukio Takahashi et de Yukiko Horibe et de leurs descendants ? Portant le patronyme de familles tokyotes honorables, leurs parents se retrouvent dans une maison mitoyenne de la banlieue de Nagasaki à la fin de la Seconde guerre mondiale. Le hasard ou alors le destin leur permettra d'échapper à la bombe larguée précisément sur la Vallée d'Uragami le 9 août 1945. Lire plus…
Le vide et le plein
Les notes de Bouvier prises lors de ses séjours au Japon révèlent un homme épris de liberté qui contient ses observations dans une langue des plus précises. Cette économie des mots contraste avec une certaine exubérance.
Lire plus…Le langage : plus embarrassé à mesure que la catégorie sociale s'élève, parce que les échos, contrecoups, ramifications et conséquences d'une erreur si bénigne soit-elle sont en raison directe de l'importance que leur auteur s'accorde, ou possède réellement. Si vous ne parvenez pas à vous faire entendre d'une vendeuse à l'étalage, aucun espoir d'y parvenir avec le chef de rayon qui sait un peu d'anglais et a suivi un cours spécial pour pouvoir affronter l'étranger. Elle était simplement dépassée; il vous opposera une incompréhension hiérarchiquement renforcée. Il n'a en tout cas pas à s'aventurer dans des improvisations qui pourraient tourner à sa déconfiture. Ni comprendre cette phrase japonaise que vous lui adressez, pourtant claire, mais qui contient trois fautes. Un garçon de course, une paysanne un peu éméchée ou le livreur-cycliste d'un restaurant comprendra par contre aussitôt : le temps qui presse, la situation modeste qu'il occupe, bref ! cette forme de stupidité n'est pas dans ses moyens. Au besoin, il crayonne sur un demi-billet de cinéma un plan qui est la clarté même et file où son vélo l'appelle. « Hinsureba tsuzuru» (la pauvreté rend ingénieux).
p. 20-21
Love Life
Les drames de la vie peuvent dévaster celles et ceux qui les éprouvent. Ils permettent aussi d'autres perspectives sur l'existence.
LOVE LIFE de Kôji Fukada from Hanabi on Vimeo.
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Petites boîtes
L'étrangeté du roman de Yōko Ogawa incite à le ranger pareillement dans une petite boite que l'on oublierait, elle !
La narratrice, qui loge dans une ancienne école maternelle. assure le maintien de ce bâtiment désaffecté dans ce lieu en déliquescence. Toutes les constructions officielles disparaissent et la seule motivation des habitants qui errent semble d'entretenir le souvenir de leur enfant mort. Ils se succèdent dans l'auditorium de l'école pour disposer dans des boites-vitrines à la mémoire des défunts de quoi mener une vie factice. Une fois l'an ces parents endeuillés se réunissent pour des concerts de soi à soi où des amulettes font résonner les disparus.
La narratrice côtoie M. Baryton qui l'aide à récupérer des boites pour les nouveaux décès. De son côté, elle lui déchiffre les lettres que sa partenaire lui envoie de l'hôpital dans lequel sa vie s'achève. Une écriture qui s'amenuise au fil des jours. puis devient confuse avant de n'être que silence.Pour aller au musée d'histoire locale, il fallait prendre la première rue vers le nord après l'école maternelle, puis traverser le pont et passer devant le parc municipal où ma cousine vend ses boîtes-repas. C'était un bâtiment solide, en béton armé, avec deux étages en surface et trois en sous-sol, qui faisait autrefois la fierté de la ville car il abritait des dizaines de milliers d'objets. Mais à partir d'un certain moment que je ne saurais définir, les gens ont peu à peu perdu le désir de conserver le passé et ont cessé de s'intéresser au musée. Il n'a pas été déplace le long d'une nouvelle route, comme la bibliothèque, ni détruit à l'explosif comme la maternité, mais a fini par fermer un jour, après avoir été abandonné à son sort. Peut-être n'a-t-on pas trouvé d'autre méthode pour laisser à nouveau le passé au passé.
p. 96
La mort, on la sait inéluctable, mais telle que la représente Yōko Ogawa elle n'induit qu'enfermement et rétrécissement de la pensée. Morbide !
Le site de l'éditeur
Au prochain arrêt
Voyager en train avec la compagnie Hankyū incite à la nostalgie. En suivant des passagers dans leur voyage aller, et quelques mois plus tard au retour, l'écrivaine Hiro Arikawa nous présente un Japon en mutation. Au pays des convenances, ces personnages bousculent les usages et refusent de se soumettre à une passivité de bon ton. Le trajet et les attentes entre les huit gares de la ligne Imazu sont l'occasion de rencontres qui incitent les protagonistes à entreprendre un changement. Cette émulation se communique d'une personne à l'autre, à chaque tronçon.– Il m’a dit qu’il ne savait pas lire le caractère. C'est incroyable, non ? Pourtant il a fait des études et travaille dans une grande société.
p. 70
– Après, je lui ai dit qu'il ferait mieux de se remettre à étudier les caractères. Parce que même si aujourd'hui on écrit tout sur clavier, son ignorance le mettra tôt ou tard dans l'embarras. J'en revenais pas de lui recommander ça ! Mais il m'a tout de suite dit que c'était une bonne idée et qu'il allait s'acheter un cahier d'exercices. J'ai envie de l'inscrire à un examen de caractères, pour être sûr qu'il travaille.
La sévérité de la lycéenne amusa Misa qui se demandait quel adulte laisserait une lycéenne lui parler ainsi.p. 72
Le site de l'éditeur
La patience des traces
Oshima – Photo de Ryo Yoshitake sur Unsplash
Au terme de sa pratique professionnelle de psychanalyste, Simon Lhomme se retire pour un temps dans une île japonaise. Ce séjour le révélera à lui-même, lui permettant d'aborder cette nouvelle étape de vie sous une nouvelle perspective.Il a été lui aussi un havre pour les émotions insoutenables des autres. Il a su être ce havre. Toutes les tempêtes se calment. Il faut juste pouvoir attendre.
p. 124
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Eloge de la lumière
Trois ans pour fendre le bambou, huit ans pour le tresser.
La Fondation Baur, Musée des Arts d’Extrême-Orient présente dans son cossu hôtel particulier genevois un intéressant dialogue entre les peintures de Pierre Soulages et les vanneries de Tanabe Chikuunsai IV.
Utilisant le potentiel des multiples espèces de bambou et de leurs traitements, l'artiste crée des objets dégageant une puissante sérénité. Les différents types de tissage rehaussés de nœuds décoratifs mettent en évidence le savoir-faire du maître.
Cette sublimation de la matière pour la rendre expressive se retrouve dans l'approche de Soulages, capable lui aussi d'élever la substance en œuvre d'art.
Tanabe Chikuunsai IV
Site de la fondation
Dossier de presse
Elisa de Halleux pour Le Temps
Catalogue – galerie Mingei
Site de la dynastie Chikuunsai
L'invention du Japon
Dans un essai érudit, le spécialiste du Japon Philippe Pelletier, géographe de formation, analyse les spécificités de la société nippone en lien avec sa situation spatiale, son histoire et son développement culturel.
Lire plus…Le Japon semble livré à lui-même, sans modèle prescriptif, séducteur et attirant. L'Amérique ne fait plus envie. L'Europe est trop lointaine ou incompréhensible. La Chine dispose d'un parti unique, mais le système démocratique japonais est tel qu'il arrive à quelque chose d'approchant avec l'avantage d'avoir le consentement du peuple électeur malgré la hausse de l'abstention. Les Japonais se retrouvent donc dans une position historique et géographique cruciale : inventer quelque chose de nouveau. Là est le défi.
p. 219
Une rose seule
Muriel Barbery nous emmène à la découverte du Japon avec Rose. Dans un roman qui aborde le thème de l'abandon paternel comme Mizubayashi dans son Âme brisée. Ce choix permet à ces deux auteurs, qui se sont immergés dans une autre culture, de tisser des liens entre ces univers distincts. Ces approches communes incitent à les comparer.
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Âme brisée
En jetant des passerelles entre des mondes disjoints Akira Mizubayashi affirme son attachement à des valeurs universelles et intemporelles. La communication entre ces univers distants se fait sur divers modes.
Pour l'auteur japonais, résidant à Tokyo, et écrivain francophone la musique classique serait un élément résonnant par delà les cultures puisque la mélancolie profonde d'un quatuor de Schubert fait non seulement vibrer les étudiants qui le répètent, mais imprègne profondément les protagonistes du roman.
Le thème que je vais jouer est d’après moi l’expression de la nostalgie pour le monde d’autrefois qui se confond avec l'enfance peut-être, un monde en tout cas paisible et serein, plus harmonieux que celui d’aujourd’hui dans sa laideur et sa violence. En revanche, j’entends le motif présenté par l’alto et le violoncelle «tâ... takatakata……, tâ.…. takatakata..…… » comme la présence obstinée de la menace prête à envahir la vie apparemment sans trouble. La mélodie introduite par Kang-san traduit l’angoissante tristesse qui gît au fond de notre cœur...
p. 34
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Les toupies d'Indigo Street
La filiation de ce premier texte publié de Guillaume Gagnière avec l'œuvre de Nicolas Bouvier est revendiquée. L'auteur nous apprend que l'essence du voyage est plus profonde que la collection d'instantanés qu'il nous offre, soigneusement colorés par une langue savoureuse. Le cisèlement des phrases révèle l'influence de son prédécesseur.
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Suisen
Autrice canadienne francophone née au Japon, Aki Shimazaki a une écriture particulière qui évoque les petits pas pressés d'une femme en kimono. Phrases courtes, sans fioritures dont les seuls mots compliqués sont empruntés à sa langue maternelle.
Malgré la simplicité de sa trame, une sorte de fable, ce roman est attachant à l'inverse de son protagoniste Gorô. Le dirigeant de l'entreprise Kida a la cinquantaine arrogante et prétentieuse.
Il requiert soumission de son épouse et disponibilité de ses maîtresses.– Éduque bien nos enfants, surtout Jun. Ils doivent m'obéir. C'est ta responsabilité de mère !
p. 83
Lorsqu'un chat abandonné, noir de surcroît, croise sa route, Gorô réalise que son ambition de plaire est le moteur de sa vie.
Eléonore Sulser pour Le Temps
Le site de l'éditeur
L'homme qui marche
Ce magnifique manga invite à la rêverie et au détachement. Suggéré par un éditeur ouvert à la bande dessinée hors du Japon, ces planches ne correspondent pas à l'idée que l'on se fait du genre. Les dessins de Taniguchi sont tout en retenue; ils suggérent la contemplation, l'intériorisation de l'environnement immédiat. Lire plus…
Vers la lumière
Misako exerce une profession singulière : audiodescriptrice (> CNC Centre national du cinéma et de l’image animée). Elle permet ainsi l'accès du cinéma aux non-voyants. Naomi Kawase en réalisant ce film se place dans une situation particulière : faire comprendre à ses spectateurs, en s'appuyant sur l'image, les enjeux de cette profession.L’un perd la lumière, l’autre la décrit et tout deux parlent d’un rapport au monde, au cinéma et à la mémoire.
Naomi Kawase
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Un voyage au Japon
Le récit d'une quinzaine cycliste d'Antoine Piazza sur l'Ile de Shikoku est une arnaque ! Il est vrai qu'une si brève expérience ne peut qu'être mise en relation avec un référentiel externe, en l'occurrence les autres découvertes cyclotouristes de l'auteur.
Je m'arrêtai subitement et me serrai contre le parapet. La circulation était si dense, dans les deux sens, que, pour traverser la route et rejoindre le motel, je devais attendre de longues minutes que quelqu'un fut assez téméraire pour stopper sa voiture au milieu de la chaussée avant de tourner. Blotti contre la rambarde, je pensai à une situation semblable, au rempart d’acier et de lumière que j’avais essayé de franchir des années plus tôt pendant une nuit pluvieuse avant de me rappeler qu’il ne s’agissait pas de moi mais d'un personnage dans un roman que j'avais écrit, roman dans lequel, loin de reprendre un épisode de ma propre existence, j'avais mis en scène autour d'un héros en fuite une batterie d’éléments en colère et d’avions en chasse.
p. 77
L'incolore Tsukuru Tazaki…
Le roman est rythmé par Le Mal du Pays, une des pièces des Années de pèlerinage – La Suisse, de Liszt.
Lire plus…Tsukuru ne possédait personnellement rien dont il aurait pu s'enorgueillir. Aucun signe distinctif qui aurait dénoté un trait saillant de personnalité, Du moins le ressentait-il ainsi. Il était moyen en tout.En somme, Il manquait de couleur.
p. 19
Le pèlerin de Shikoku
En silence, je mets
Mes sandales en paille
D'aujourd'huiTaneda Santoka
cité p.95
Ryōzen-ji, premier temple du pèlerinage de Shikoku – Wikimedia commons
Lire plus…La saveur des ramen
Il n'est pas recommandé de voir le film du Singapourien Eric Khoo le ventre vide. Ce n'est pas un hasard s'il a été présenté à la Berlinale 2018 dans la catégorie Kulinarisches Kino.
Masato travaille avec son oncle et son père dans un bar à ramen au Japon. Ce dernier décède brusquement, laissant Masato orphelin. Il a besoin de comprendre ce qui rendait son père si taciturne.
Lire plus…
Une affaire de famille
Scène de la mer vue par Adam Pasion pour le Japan Times
Une affaire de famille, d’Hirokazu Kore-eda (Japon, 2018), avec Lily Franky, Sakura Andô, Mayu Matsuoka, Kirin Kiki, 2h01.Les enjeux sociaux de la vie en famille sont récurrent dans les films de Hirokazu Kore-eda réalisateur notamment de Our Little Sister, de Like Father, Like son ou de I Wish. Lire plus…
Des hommes sans femmes
Lire plus…« C'est étrange tout de même, reprit-elle d'une voix pensive. Alors que le monde s'écroule autour de nous, il y a pourtant des hommes qui se soucient d'une serrure cassée et d'autres qui sont assez consciencieux pour essayer de la réparer... Bizarre, non ? Vous ne trouvez pas ? Mais c'est sans doute la meilleure réponse que nous puissions faire. Peut-être que persévérer à travailler sur de toutes petites choses, honnêtement, consciencieusement, permet de garder toute sa tête tandis que le monde se défait. »
p. 271
Tokyo Family
La visite de Shukishi et Tomiko Hirayama à Tokyo est une autre histoire de la vieillisse et de l'éloignement… Lire plus…
Ito Shinsui - La nostalgie à l'âge moderne
Mises en parallèles avec quelques photographies anonymes d'un visiteur suisse dans le Japon du début du 20e siècle, ces estampes montrent cependant “une perspective eurocentrique sur le Japon, et qu'il confortait ainsi l'image que les Occidentaux se faisaient de son pays.”
site du Musée Rietberg