Au cœur du Yamato
Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi et Yamabuki
Je repense à cette légende de l'empereur Jinmu. Yamato est le cœur de l'histoire du Japon. Sa cour impériale se tenait dans la cuvette de Nara. Je me répète: «Nara, Yamato, Akizu-shima, Akitsu, Tonbo, Japon...» Ma fille a choisi le mot tonbo [libellule] pour mon juku [cours privé]. Elle n'avait que trois ans. Elle ne savait évidemment pas que ce mot avait des ramifications aussi profondes, plongeant jusqu'à cette époque mythique.
Tonbo – p. 65
Aki Shimazaki affectionne les pentalogies. Par de brefs romans, elle aborde un aspect sociétal par différents angles. Alors que Le poids des secrets était élaboré sur les ruines de Hiroshima et de Nagasaki, le lien avec les Etats-Unis parcourt Au cœur du Yamato. En se référant au nom de la première dynastie, établie dans la région de Nara, l'autrice ancre son récit dans la tradition et accentue les effets ambigus de l'influence américaine sur l'Archipel.

Le samouraï bambou

Le dessin très personnel de Matsumoto recrée poétiquement l'atmosphère d'un Japon traditionnel en privilégiant la rêverie à l'action.
Site de l'éditeur
Critique de Shoshosein
Source de chaleur

Bronisław Piłsudski en 1903
Le conflit opposant l'Empire russe et le Japon pour le possession de Sakhaline, dès le XIXe s., a profondément modifié les relations que les populations autochtones entretenaient avec leurs voisins. En s'appuyant notamment sur l'etude de ses populations par Bronisław Piłsudski, Kawagoe Sōichi restitue les Aïnous dans leur humanité.Yankemoshir, « la grande terre ». C'est ainsi qu'autrefois s'appelait l'île d'où ils étaient originaires. Maintenant, ils vivaient à Hokkaidō, dans le village de Tsuishikari. D'ailleurs, plus personne n'appelait « la grande terre » par son nom ancien. Les Russes, toujours plus nombreux, l'appelaient « Sakhaline ». Les Japonais qui s'y rendaient pour la pêche l'appelaient « Karafuto ». […] Une terre couverte par la taïga, bloquée par la neige et les glaces la moitié de l'année. Sur cette terre vivaient des Oroks, qui eux-mêmes s'appelaient Uilta, éleveurs de rennes, des Gilyaks ou Nivkhes, fiers conducteurs de traîneaux à chiens, des Russes, des Japonais. Et des Aïnous. Tous ces peuples vivaient sur l'île, ou en vivaient.
p. 25
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Plus léger que l'air
Nourrie de ce va-et-vient entre terre et ciel, d’expérimentations avec la fibre sans cesse répétées, Uehara Michiko met à l’épreuve la résistance du textile et tissant au seuil du visible, repousse constamment ses propres limites. L’étape ultime et libératrice est franchie lorsqu’en 2006, à bout de forces, elle parvient à réaliser un tissu de 3,5 m de longueur sur 40 cm de large dont les fils, issus d’une seule bave de ver à soie, ne mesurent pas plus de 3 deniers, soit trois grammes... Dans ses mains, sous nos yeux, le ballet fugueur et iridescent d’une aile de libellule, ou la naissance du tissage dit « akezuba ».
Site de la Fondation – dossier de presse
Eléonore Sulser pour Le Temps
Etienne Dumont pour Bilan
Une part manquante
C’est ce qui me plaisait tant dans cette histoire : au-delà de l’enlèvement parental, on y raconte aussi un étranger confronté à un pays plus riche, d’une autre culture, d’une autre langue, d’une autre religion. On voit souvent au cinéma des films centrés sur des immigré·e·s venant d’Afrique ou des pays de l’Est arrivant en France. De mon côté, j’ai voulu inverser les choses et parler d’un immigré français.
Guillaume Senez
Dossier de presse
Outre un regard inversé sur l'immigration, le film de Senez traite des enfants enlevé·e·s au Japon par l'un de leurs parents dans l'intention de les protéger de l'autre géniteur et de contrôler leur éducation. Cette problématique est particulièrement sensible auprès des couples binationaux familiarisés avec le principe de la garde partagée.
Stéphane Gobbo pour Le Temps
Distributeur
Internet Movie Database

Shōgun
L'unification du Japon et l'instauration du pouvoir des Tokugawa, le shōgunat, ont été âprement disputés. Cette période, au tournant des années 1600, voit aussi les portugais et les hollandais tenter d'étendre leur influence sur l'archipel.
C'est par le pilote d'un navire hollandais, John Blackthorne, que le romancier nous immerge dans ces événements et les intrigues du pouvoir à Osaka.
Selon les spécialistes, les conflits des classes guerrières de samouraïs sont représentés de manière crédible par les réalisateurs. Dans les faits cependant, la domination de Tokugawa Ieyasu, qui a inspiré le personnage de Toranaga, doit probablement plus à l'adhésion des paysans – indispensables à l'approvisionnement – qu'à sa relation au pilote d'un navire hollandais.
Paroles d'histoire – Nathalie Kagamé
Philippe Congiusti pour RTS culture
Valérie Nussbaum pour Le Temps
Black Box Diairies
On appelle boîte noire un système dont le fonctionnement interne, ou la vie intérieure, est inconnue ou difficilement compréhensible. Le Japon est un pays de boîtes noires et j'ai découvert ce qui se passe dans cette société lorsqu'on commence à les ouvrir. Dans le film, il ne s'agit pas de la poursuite pénale de mon agresseur ou de la politique de la gauche ou de la droite. Il s'agit plutôt de l'histoire de mon expérience d'une femme – ma boîte noire, ouverte.
Shori Ito
dossier de presse

MW

L'ambivalence de Michio Yuki est révélatrice des failles de la société japonaise de ces années-là. L'enquête du mangaka Osamu Tezuka établit un parallèle entre la duplicité du héros et celle du monde politique.

Au temps de Botchan
Volumes I et II
En nous faisant entrer dans son labyrinthe par le Japon, Amin Maalouf signifie l'importance de la Restauration Meiji dans l'histoire globale. Certes, ce mouvement a été provoqué par les « bateaux noirs » de Perry et l'ultimatum des Etats-Unis qui les avaient dépêchés. L'archipel a néanmoins mis fin à son isolement de manière proactive, sans se laisser dicter (toutes) les conditions de son intégration à la mondialisation.
Alors que tous les aspects de la vie sont concernés par cette révolution; Natsuo Sekikawa et Jirō Taniguchi en présentent les répercussions dans la vie littéraire.
Plus j'étudie l'ère Meiji et les gens qui ont vécu à cette époque, plus j'en mesure la profondeur. J'ai acquis la certitude qu'on peut y trouver des éléments constitutifs de l'âme japonaise qui n'ont pas changé au fil des siècles, les racines de notre spécificité culturelle et de nos pathologies modernes. Un constat qui aiguillonne d'autant ma curiosité.
Natsuko Sekikawa
avril 1987

Silence
Les thématiques de la religion et de l'identité culturelle sont récurrentes dans l'œuvre de Shūsaku Endō. En tant que chrétien japonais, il sait combien l'histoire du christianisme dans l'Archipel est tragique. Sa conversion, à l'instigation de sa tante, alors qu'il n'était qu'un enfant et ses années d'étude à Lyon le rendent particulièrement sensible à l'interculturalité.
— Si l'on impose à des êtres ce dont ils ne veulent pas, ils ont tendance à dire merci sans raison. Ici, il en va ainsi de la doctrine chrétienne. Nous avons notre propre religion, nous en refusons une qui est étrangère et nouvelle. À moi-même, elle a été enseignée au séminaire et je la juge déplacée au Japon.
p. 136

Moriyama Daido
L'histoire des 3 Adolf
Autoportrait en chauffeur de taxi
Tezuka Osamu, L’histoire des 3 Adolf : intégrale. Delcourt-Tonkam, 2018.
Par ce récit qui part un peu dans tous les sens et manque de cohérence, j'ai en quelque sorte soulevé les problèmes, et laissé le lecteur à sa propre interprétation.
Tezuka Osamu
Interview dans Josei 7

After Life
Dans un centre administratif suranné, les morts sont accueillis et auditionnés afin de partir avec le plus beau souvenir de leur existence. Un univers décalé qui questionne avec délicatesse les finalités de la vie.
For me, this is the central revelation of the film --that the accumulation of any person's life is embedded in the chain of human experiences. Bits and pieces of our selves are held in the minds of everyone we encounter in life.
Hirokazu Kore-eda
web archive
Le site du distributeur
Norbert Creutz pour Le Temps

La fin des temps

Les romanciers transfèrent leur [conscience] dans des romans.
p. 349
Tony Oursler, Hypnoflowers – 2020
Lire plus…Hokusai

Hokusai était un grand artiste, mais était aussi un fantastique narrateur de lui-même : il est en effet l'un des premiers artistes à devenir un personnage dans un récit où le vrai, le vraisemblable et l'absolument faux se confondent pour créer une nouvelle identité qui devient, au bout du compte, plus vraie que la vraie.
Francesco Matteuzzi
Site de l'éditeur
L'enfant phœnix
Comment se perpétue la mémoire ? Alors que. l'usage dévastateur du feu nucléaire sur le Japon en août 1945 a fait entrer les noms de Hiroshima et de Nagasaki dans l'histoire universelle, les bombardements intensifs sur Tokyo restent souvent ignorés. Pourtant, par le nombre de victimes immédiates, ils ont été bien plus meurtriers.
Pour Ishida, le grand bombardement du 10 mars 1945, est aussi marqué du poids des secrets, pour reprendre le nom du recueil d'Aki Shimazaki. Sa mère a vécu cette nuit-là lorsqu'elle était lycéenne; elle ne le lui a mentionné qu'une fois alors que lui-même était adolescent. C'est le témoin qu'il désire transmettre pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise.C'était la première scène de guerre qu'il voyait de ses propres yeux. Jusqu'alors, la guerre, ce n'était rien que les entraînements militaires au collège, le travail volontaire à l'usine, les slogans d'une bravoure déprimante, la police militaire et la garde civile d'une sévérité terrifiante, les biens et victuailles qui disparaissaient comme de l'eau jetée dans le sable, la pauvreté et la faim.
Mais la vraie guerre, ce n'était rien de tout cela. Les aiguilles noires qui tombaient dans un bruit d'averse, la myriade de piliers ardents s'élevant au cœur de son propre quartier : la voilà, la guerre. La guerre s'immisçait dans votre ville, dans votre maison, et jusque dans vos draps.p. 277

La déchéance d'un homme
Le rôle de la pression sociale est parfois facteur d'intégration ; elle peut aussi causer d'intenses douleurs. Dans un roman à fortes connotations autobiographiques Dazai Osame exprime un profond désarroi de ne pas être en mesure de répondre aux attentes de sa famille et de sa classe.
Dans les conversations que j'avais avec mes proches, pas une seule fois je n'obtenais de réplique. Je voyais là un léger reproche qui me frappait comme la foudre et m'exaspérait. […] j'étais obsédé par l'idée que je n'étais peut-être pas fait pour vivre avec les autres !
p. 18
Maison de prostitution, photographie de Beato Felice, 1884 BNF-Gallica

Chiisakobé
Le dessin de Mochizuki est on ne peut plus clair; un trait épuré qui n'empêche pas le souci du détail, en particulier des chaussures, une obsession du mangaka, et des repas.

Le samouraï Hasekura
L'Ambassade de Hasekura Rokuemon Tsunenaga à Rome en 1615 – Wikimedia Commons
En utilisant une trame historique ignorée de l'Occident, Endō met en lumière ses propres interrogations sur sa singularité de chrétien japonais. Le ressenti de Hasekura lorsqu'il découvre le vaisseau qui doit l'emmener sur le Pacifique nous paraît irrationnel, sa soumission diffère-t-elle pourtant du lien que l'interprète Velasco entretient à Dieu ?« Sa Seigneurerie a construit un beau navire ! » Étant simple brigadier, le samouraï n'avait aperçu Sa Seigneurerie, qui habitait le donjon du château, que de rares fois et de loin. Sa Seigneurerie avait toujours été lointaine et inaccessible. Mais, dès le moment où il posa les yeux sur le grand navire, le mot : « devoir » s'imposa nettement à son esprit. Pour le samouraï, le navire était Sa Seigneurerie et l'autorité de Sa Seigneurerie. Le samouraï obéissant fut empli de la joie de servir Sa Seigneurerie.
p. 75

Fille de samouraï

Portrait de l'autrice - wikimedia
Lire plus…Est‑ce une vie romancière ? «Sont-ce de véritables mémoires ? Rien en tout cas n’est plus vivant que cette biographie d’une petite japonaise, élevée dans la tradition de son pays, convertie au christianisme et qui a pu confondre la vie américaine et la vie japonaise. La vieille culture du Japon est ici représentée avec une intensité frappante et l’on a l’impression d’une analyse sincère, profonde, par les faits seuls, de ces âmes si différentes des nôtres.
Gustave Michaut
Revue internationale de l'enseignement
1931, n°85, p. 238
Oreiller d'herbes

Sōseki en 1906, l'année de publication de ce roman wikimedia commons
Poète et peintre, le narrateur échappe à la ville pour tenter de trouver le sens de la beauté. Cette échappée au cœur du Japon rural du XXe siècle naissant mêle les sources de l'inspiration littéraire nippone et occidentale.Mon crayon, qui était sans vie, s'est mis à bouger graduellement et, profitant de ce mouvement, j'ai réussi, au bout de vingt ou trente minutes, à composer […] six vers.
p. 108
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L'envol

Le dessin de Tsurita Kuniko, première auteure à intégrer la revue avant-gardiste Garo, surprend encore aujourd'hui par la liberté avec les codes du manga. L'impression en couleur violette renforce le potentiel féministe d'une œuvre qui joue de l'ambiguïté de l'androgynie.
Ces histoires qui racontent la jeunesse japonaise en ébullition à la fin des années 1960 rappellent les contradictions d'une société dont la misogynie est également décrite par la romancière Ariyoshi Sawako.Si les hommes pouvaient créer des mangas pour filles, l'inverse était inimaginable. Le manga n'était pas épargné par le poids des conventions, même dans une revue réputée progressiste comme Garo : on attendait des femmes qu'elles dessinent des mangas pour filles, et uniquement des mangas pour filles.
Postface de Léopold Dahan
Site de l'éditeur
La critique France Culture
Tokugawa Ieyasu

Après une période d'agitation, l'époque Sengoku des provinces en guerre, sous l'impulsion d'Oda Nobunaga, puis Toyotomi Hideyoshi, et enfin Tokugawa Ieyasu, le Japon est unifié. Alors que Nobunaga naît dans une famille de petits seigneurs (daimyō) de la province d'Owari, Hideyoshi est fils d'un paysan pauvre et le clan Tokugawa fondé par un bonze itinérant.Cette clémence [de Ieyasu] envers ses vassaux est sans doute encore plus intrigante que le fait d'avoir laissé mourir son épouse et son fils. Il estimait peut-être que son statut de chef n'était pas une situation naturelle, mais qu'elle faisait de lui un organe de commandement qui devait oublier son intérêt personnel.
p. 107
Les attaches de ce dernier dans le Mikawa, une province éloignée du raffinement de Kyōto, expliquent les manières rustiques de Ieyasu. Pourtant son attention aux préoccupations de la population et sa loyauté lui ont permis de s'imposer comme commandant du Japon. Son pragmatisme a marqué la famille Tokugawa et s'est perpétué pour toute l'époque Edo, de 1600 à la Restauration Meiji en 1868. Lire plus…
Made in Japan
Kunstmuseum Basel
Le site du musée
D'Hokusai à Dragon Ball, la longue histoire du manga – Le cours de l'histoire, France Culture
Etienne Dumont pour Bilan
RTS culture

Cocon

La métaphore de la sériciculture est embellie par le trait doux et poétique de la mangaka Kyō Machiko. Pourtant les cocons sont ébouillantés pour assurer la qualité de la soie et quelques-uns seulement sont épargnés pour assurer la prochaine génération.
Lire plus…Lorsque j'ai entendu le récit de l'escadron Himeyuri d'Okinawa, qui a été à l'origine de mon inspiration, j'ai imaginé ce que j'aurais fait si, à cet âge-là, j'avais été confrontée à un tel quotidien. S'il existe un moyen de se battre contre une réalité cruelle ou un ennemi trop grand, cela pourrait bien être notre douce imagination.
Postface
No manga No life

Ce recueil raconte les petits événements vécus par « Mochitarō Minezuki, mangaka relativement impopulaire et papa dévoué du haut de sa bonne cinquantaine d'années ». Cette introduction relève une bonne dose de dérision pour caractériser un auteur se percevant en manque d'inspiration.
Lorsque je réfléchis à ce que représente le dessin à mes yeux, je me dis que ça pourrait bien être de donner des contours à des choses invisibles à l'œil nu.
p. 159

La vie de Mizuki
Trois tomes : 1: L'enfant – 2: Le survivant – 3: L'apprenti
Reconnu pour ses mangas de Yokaī, ces créatures surnaturelles du folklore japonais, Mizuki Shigeru s'est également révélé dans des récits historiques et autobiographiques qui documentent l'ère Shōwa (1926-1989).

Le voyage de Chihiro
La jeune femme et la mer
Les somptueuses planches de Catherine Meurisse traduisent précisément mes impressions du Japon.
Elle rend de manière très sensible une relation particulière à la nature : la création de jardins, pour créer une atmosphère harmonieuse respectueuse d’une esthétique, participe de cette domination de la nature que nous ont montrée les multiples mesures de protection érigées pour se protéger des éléments destructeurs. Cette proximité à la nature rend tangible le monde des esprits de la culture shintō.
L'autrice, tout en cherchant à rendre avec précision une végétation caractéristique, traite avec humour les différences culturelles d'un pays qui, bien que très influencé par la société capitaliste occidentale, soigne sa spécificité.
Site de l'éditeur
Anne Laure Gannac pour RTS culture
Le cours de l'histoire – France culture

Opération Mort
Dans une note de 1991, Shigeru Mizuki indique que son manga est autobiographique à 90%. L'humour avec lequel il traite l'engagement des troupes japonaises lors de la seconde guerre mondiale témoigne d'un sens aigu du second degré.

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Les dames de Kimoto
Kinokawa, Wakayama – Takato Marui, Wikimedia Commons
Ariyoshi Sawako. Les dames de Kimoto. Folio. Mercure de France, 1959 / 2016.Lorsque la procession nuptiale emmène Hana sur le Ki vers la maison Matani, le Japon vit une période de profondes mutations. Ce mariage qu'elle vit comme un accomplissement appartient déjà au passé.
Même s'il n'y avait pas eu la guerre et si j'avais vécu chichement, il ne serait rien resté pour la génération de Seiichirō. Cette famille que tu as fuie n'est plus qu'un souvenir dans les livres d'histoire. […] Fumio, tu as si souvent répété que tu ne pouvais supporter de voir une femme dépendre si complètement de son mari et de son fils aîné ! Tu as dit aussi que se soumettre était ridicule. Mais je n'ai jamais eu l'impression de me soumettre à eux. Simplement, je me suis donné autant de mal que je pouvais pour eux.
p. 303

Le journal de mon père

Yoichi a toujours prétexté de sa vie professionnelle trop intense pour éviter de rentrer à Tottori, sa ville natale. Mais au dessin de son père, il ne peut pas se soustraire à sas obligations de fils aîné de participer à la veillée funèbre et aux obsèques. Le mangaka traduit avec finesse l'atmosphère particulière de la veillée pour rendre hommage au défunt et interroger la paternité japonaise.
Site de l'éditeur
La cour du Prince Genji
Le crépuscule de Shigezo
La promotion d'un roman est un art étrange. Bandeau et quatrième de couverture sont là pour inciter à l'achat mais peuvent vanter des spécificités de l'œuvre opposées. Lire Sawako Ariyoshi comme la Simone de Beauvoir du Japon empêchera d'accéder au « roman qui nous réconcilie avec la nature humaine…»Les jeunes avaient peut-être un autre point de vue sur la situation de la femme, mais les hommes de la génération de Nobutoshi tenaient à leurs vieux clichés féodaux. Ils ne voulaient pas reconnaître l'apport financier du travail d'une femme dans les revenus de la famille. À leurs yeux, elle se faisait plaisir en travaillant au-dehors et c'était eux qui supportaient avec patience et indulgence le laisser-aller du ménage.
p. 119
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Coureur de fond
Lorsque Murakami choisit de s'exposer en passionné de course de fond, pratiquant régulier du marathon, il évoque aussi l'effort que représente l'écriture romanesque comme exercice de contrôle de soi. Cette approche lui permet de distinguer la part de talent de la persévérance et de l'imagination nécessaires à atteindre ses objectifs.Devenir vieux représente pour moi - et pour n'importe qui, du reste - une expérience nouvelle, et les émotions qui m'habitent sont nouvelles également. Si c'était quelque chose que j'avais expérimenté auparavant, je serais en mesure de le comprendre plus clairement, mais comme c'est la première fois, je ne peux pas. Maintenant, j'ai tout juste le pouvoir de remettre à plus tard un jugement précis et de vivre en acceptant les choses telles qu'elles sont. Juste comme j'accepte le ciel, les nuages et la rivière.
p. 30
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Une heure de ferveur
Après nous avoir fait découvrir le Japon par les yeux de Rose, Muriel Barbery remonte dans le passé pour nous immerger dans l'univers de Haru-San, marchand d'art à Kyōto.
Lire plus…Dans la pâle brume hivernale – c'était le 18 janvier –, les toriis prenaient des allures d’arcs-en-ciel monochromes. À côté, la forêt vierge de Tadasu donnait aux lieux leur caractère primitif et sacré.
p. 157
Hitler

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Une langue venue d'ailleurs
Aborder une nouvelle langue comme on apprend un instrument de musique, en faisant ses gammes. Apprendre le français pour échapper aux discours stéréotypés et, selon l'auteur, vides de sens de l'agitation estudiantine japonaise de la fin des années 1960.
Je vis ce jour-là combien les professeurs français pouvaient être éloquents... Évidemment, je ne comprenais pas tout, loin de là. Mais l'éloquence, une grande éloquence était là, qui me semblait contraster avec le vide abyssal de toutes les harangues « révolutionnaires » dont mes oreilles avaient été rebattues et harassées. C'était quelque chose de nouveau, une dimension nouvelle de la langue qui se révélait à moi.
p. 121
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Quartier lointain

Lire plus…Un instant, j'ai eu un étourdissement. Mes 14 ans… insensiblement, j'étais en train d'en changer le cours ! Mais en modifiant mon passé, n'était-ce pas mon avenir que je changeais aussi ?!
p. 114
Le pèlerin désorienté
A Sense of Direction. Pilgrimage for the Restless and the Hopeful
Déconcertant, le titre français de ce récit de voyage : l'auteur relate son pèlerinage à Compostelle, mais jamais il ne semble égaré à Kyoto ! Sa difficulté de résister à la vitalité de Berlin l'incite à chercher une direction à sa vie de jeune adulte. Après une expérience du Chemin de Saint-Jacques, il poursuivra par le pèlerinage des 88 Temples à Shikoku et complètera son expérience par le rassemblement juif d'Ouman en Ukraine.
Donner un sens à sa vie, c'est conjuguer le confort de l'obéissance à la dignité de l'indépendance. Ne plus être ni servile ni inquiet parce qu'on ne sait pas ce qu'on veut ni combien on est prêt à payer pour l'obtenir. La question est donc la suivante : comment trouver une structure qui nous permette de comprendre ce que nous voulons, sans pour autant nous forcer à suivre les fluctuations de nos désirs éternellement conflictuels ?
p. 57
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A Brief History of Japan

Temple Anraku-ji, Kyōtō
La spécificité du Japon dans le contexte extrême-oriental provient essentiellement de son insularité. La mer protégeant l'Archipel de grandes invasions mais n'empêchant pas, par le détroit de Tsushima et dans une moindre mesure par Sakhaline, les influences extérieures. Ces dernières se sont exercées par vagues successives et ont occasionné un développement plus discontinu que dans les pays proches.L'aperçu de Clements sur l'histoire japonaise s'adresse explicitement à un large public et adapte son style en conséquence, une forme littéraire qui cherche à garder le lecteur jusqu'à la fin du volume, pas totalement convaincante. Il met toutefois en relation les événements au Japon, en Extrême-Orient et dans les pays industrialisés. Il relève aussi les fragilités qui pèsent sur la politique japonaise au début de ce XXIe s. : l'émancipation de la jeunesse et le changement d'attitude des entreprises, le vieillissement de la population et la dénatalité. Lire plus…
L'innocence
Que se passe-t-il à l'école de Suwa, petite ville de la Préfecture de Nagano ? Le comportement de Minato devient si étrange que sa mère demande à rencontrer le personnel enseignant.
Lire plus…[Ce] qui me surprend, c’est que notre histoire se fasse l’écho des fractures qui apparaissent aujourd’hui entre les gens, les pays et les communautés partout dans le monde
Note d'intention
Kore-eda Hirokazu
Stupeur et tremblements
Imprégnée de ses quelques années d'enfance passées au Japon en tant que fille de diplomate, Amélie Nothomb y retourne, en tant que jeune adulte, travailler dans une grande entreprise. D'une plume mordante, elle décrit l'univers de l'entreprise Yumimoto, où les apparences et les conventions broient ceux qui ne les respectent pas.
Les compétences de la narratrice comptent moins que sa capacité à se soumettre à une autorité qui se renforce à chaque échelon hiérarchique.
Lire plus…Et ne jouis pas de l'instant : laisse cette erreur de calcul aux Occidentaux. L'instant n'est rien, ta vie n'est rien. Aucune durée ne compte qui soit inférieure à dix mille ans.
p. 99
Perfect Days
En sublimant la banalité de l’existence de Harayama, Wim Wenders met en images un des aspects les plus fascinants du Japon, l’opposition constante entre tradition et technicité.
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Kafka sur le rivage
La luxuriance des forêts de Shikoku répond à l'imagination débordante de Murakami qui nous y emmène dans un voyage initiatique. le sentiment de permanence qui s'en dégage brouille les repères temporels. Un décor rêvé pour évoquer la manière complexe dont se constitue une personnalité humaine.
Moi je n'ai qu'un seul problème à surmonter : vivre chaque jour dans ce corps, cette enveloppe défectueuse. Dit comme ça, ça paraît simple, mais en fait, c'est compliqué. De toute façon, ce n'est pas parce que j'y arriverai que j'aurai accompli quelque chose d'important. Je ne m'attends pas vraiment à recevoir une ovation.
p. 362
Lire plus…
Kimono
Musée Rietberg, Zürich
Pièce de vêtement au code très élaboré au temps des samouraïs ou source d'inspiration des couturiers contemporains, le kimono symbolise les apports réciproques des esthétiques culturelles dans un monde globalisé depuis longtemps installé.
L'exposition met surtout en évidence le savoir-faire de la haute couture.
Kitagawa Tsukimaro, Fête de Nouvel-An au bordel Miura, vers 1804
Le poids des secrets
Pentalogie constituée de Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru
Les cinq brefs volumes de Aki Shimazaki racontent au fond la même histoire sous l'angle de différents narrateurs. Quels sont ces secrets si lourds qu'ils influencent durablement la vie de Yukio Takahashi et de Yukiko Horibe et de leurs descendants ? Portant le patronyme de familles tokyotes honorables, leurs parents se retrouvent dans une maison mitoyenne de la banlieue de Nagasaki à la fin de la Seconde guerre mondiale. Le hasard ou alors le destin leur permettra d'échapper à la bombe larguée précisément sur la Vallée d'Uragami le 9 août 1945. Lire plus…
Le vide et le plein
Les notes de Bouvier prises lors de ses séjours au Japon révèlent un homme épris de liberté qui contient ses observations dans une langue des plus précises. Cette économie des mots contraste avec une certaine exubérance.
Lire plus…Le langage : plus embarrassé à mesure que la catégorie sociale s'élève, parce que les échos, contrecoups, ramifications et conséquences d'une erreur si bénigne soit-elle sont en raison directe de l'importance que leur auteur s'accorde, ou possède réellement. Si vous ne parvenez pas à vous faire entendre d'une vendeuse à l'étalage, aucun espoir d'y parvenir avec le chef de rayon qui sait un peu d'anglais et a suivi un cours spécial pour pouvoir affronter l'étranger. Elle était simplement dépassée; il vous opposera une incompréhension hiérarchiquement renforcée. Il n'a en tout cas pas à s'aventurer dans des improvisations qui pourraient tourner à sa déconfiture. Ni comprendre cette phrase japonaise que vous lui adressez, pourtant claire, mais qui contient trois fautes. Un garçon de course, une paysanne un peu éméchée ou le livreur-cycliste d'un restaurant comprendra par contre aussitôt : le temps qui presse, la situation modeste qu'il occupe, bref ! cette forme de stupidité n'est pas dans ses moyens. Au besoin, il crayonne sur un demi-billet de cinéma un plan qui est la clarté même et file où son vélo l'appelle. « Hinsureba tsuzuru» (la pauvreté rend ingénieux).
p. 20-21
Love Life
Les drames de la vie peuvent dévaster celles et ceux qui les éprouvent. Ils permettent aussi d'autres perspectives sur l'existence.
Lire plus…
Petites boîtes
L'étrangeté du roman de Yōko Ogawa incite à le ranger pareillement dans une petite boite que l'on oublierait, elle !
La narratrice, qui loge dans une ancienne école maternelle. assure le maintien de ce bâtiment désaffecté dans ce lieu en déliquescence. Toutes les constructions officielles disparaissent et la seule motivation des habitants qui errent semble d'entretenir le souvenir de leur enfant mort. Ils se succèdent dans l'auditorium de l'école pour disposer dans des boites-vitrines à la mémoire des défunts de quoi mener une vie factice. Une fois l'an ces parents endeuillés se réunissent pour des concerts de soi à soi où des amulettes font résonner les disparus.
La narratrice côtoie M. Baryton qui l'aide à récupérer des boites pour les nouveaux décès. De son côté, elle lui déchiffre les lettres que sa partenaire lui envoie de l'hôpital dans lequel sa vie s'achève. Une écriture qui s'amenuise au fil des jours. puis devient confuse avant de n'être que silence.Pour aller au musée d'histoire locale, il fallait prendre la première rue vers le nord après l'école maternelle, puis traverser le pont et passer devant le parc municipal où ma cousine vend ses boîtes-repas. C'était un bâtiment solide, en béton armé, avec deux étages en surface et trois en sous-sol, qui faisait autrefois la fierté de la ville car il abritait des dizaines de milliers d'objets. Mais à partir d'un certain moment que je ne saurais définir, les gens ont peu à peu perdu le désir de conserver le passé et ont cessé de s'intéresser au musée. Il n'a pas été déplace le long d'une nouvelle route, comme la bibliothèque, ni détruit à l'explosif comme la maternité, mais a fini par fermer un jour, après avoir été abandonné à son sort. Peut-être n'a-t-on pas trouvé d'autre méthode pour laisser à nouveau le passé au passé.
p. 96
La mort, on la sait inéluctable, mais telle que la représente Yōko Ogawa elle n'induit qu'enfermement et rétrécissement de la pensée. Morbide !
Le site de l'éditeur
Au prochain arrêt

Voyager en train avec la compagnie Hankyū incite à la nostalgie. En suivant des passagers dans leur voyage aller, et quelques mois plus tard au retour, l'écrivaine Hiro Arikawa nous présente un Japon en mutation. Au pays des convenances, ces personnages bousculent les usages et refusent de se soumettre à une passivité de bon ton. Le trajet et les attentes entre les huit gares de la ligne Imazu sont l'occasion de rencontres qui incitent les protagonistes à entreprendre un changement. Cette émulation se communique d'une personne à l'autre, à chaque tronçon.– Il m’a dit qu’il ne savait pas lire le caractère. C'est incroyable, non ? Pourtant il a fait des études et travaille dans une grande société.
p. 70
– Après, je lui ai dit qu'il ferait mieux de se remettre à étudier les caractères. Parce que même si aujourd'hui on écrit tout sur clavier, son ignorance le mettra tôt ou tard dans l'embarras. J'en revenais pas de lui recommander ça ! Mais il m'a tout de suite dit que c'était une bonne idée et qu'il allait s'acheter un cahier d'exercices. J'ai envie de l'inscrire à un examen de caractères, pour être sûr qu'il travaille.
La sévérité de la lycéenne amusa Misa qui se demandait quel adulte laisserait une lycéenne lui parler ainsi.p. 72
Le site de l'éditeur
La patience des traces
Oshima – Photo de Ryo Yoshitake sur Unsplash
Au terme de sa pratique professionnelle de psychanalyste, Simon Lhomme se retire pour un temps dans une île japonaise. Ce séjour le révélera à lui-même, lui permettant d'aborder cette nouvelle étape de vie sous une nouvelle perspective.Il a été lui aussi un havre pour les émotions insoutenables des autres. Il a su être ce havre. Toutes les tempêtes se calment. Il faut juste pouvoir attendre.
p. 124

Eloge de la lumière

Trois ans pour fendre le bambou, huit ans pour le tresser.
La Fondation Baur, Musée des Arts d’Extrême-Orient présente dans son cossu hôtel particulier genevois un intéressant dialogue entre les peintures de Pierre Soulages et les vanneries de Tanabe Chikuunsai IV.
Utilisant le potentiel des multiples espèces de bambou et de leurs traitements, l'artiste crée des objets dégageant une puissante sérénité. Les différents types de tissage rehaussés de nœuds décoratifs mettent en évidence le savoir-faire du maître.
Cette sublimation de la matière pour la rendre expressive se retrouve dans l'approche de Soulages, capable lui aussi d'élever la substance en œuvre d'art.
Tanabe Chikuunsai IV
Site de la fondation
Dossier de presse
Elisa de Halleux pour Le Temps
Catalogue – galerie Mingei
Site de la dynastie Chikuunsai
L'invention du Japon
Dans un essai érudit, le spécialiste du Japon Philippe Pelletier, géographe de formation, analyse les spécificités de la société nippone en lien avec sa situation spatiale, son histoire et son développement culturel.
Lire plus…Le Japon semble livré à lui-même, sans modèle prescriptif, séducteur et attirant. L'Amérique ne fait plus envie. L'Europe est trop lointaine ou incompréhensible. La Chine dispose d'un parti unique, mais le système démocratique japonais est tel qu'il arrive à quelque chose d'approchant avec l'avantage d'avoir le consentement du peuple électeur malgré la hausse de l'abstention. Les Japonais se retrouvent donc dans une position historique et géographique cruciale : inventer quelque chose de nouveau. Là est le défi.
p. 219
Une rose seule
Muriel Barbery nous emmène à la découverte du Japon avec Rose. Dans un roman qui aborde le thème de l'abandon paternel comme Mizubayashi dans son Âme brisée. Ce choix permet à ces deux auteurs, qui se sont immergés dans une autre culture, de tisser des liens entre ces univers distincts. Ces approches communes incitent à les comparer.
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Âme brisée
En jetant des passerelles entre des mondes disjoints Akira Mizubayashi affirme son attachement à des valeurs universelles et intemporelles. La communication entre ces univers distants se fait sur divers modes.
Pour l'auteur japonais, résidant à Tokyo, et écrivain francophone la musique classique serait un élément résonnant par delà les cultures puisque la mélancolie profonde d'un quatuor de Schubert fait non seulement vibrer les étudiants qui le répètent, mais imprègne profondément les protagonistes du roman.
Le thème que je vais jouer est d’après moi l’expression de la nostalgie pour le monde d’autrefois qui se confond avec l'enfance peut-être, un monde en tout cas paisible et serein, plus harmonieux que celui d’aujourd’hui dans sa laideur et sa violence. En revanche, j’entends le motif présenté par l’alto et le violoncelle «tâ... takatakata……, tâ.…. takatakata..…… » comme la présence obstinée de la menace prête à envahir la vie apparemment sans trouble. La mélodie introduite par Kang-san traduit l’angoissante tristesse qui gît au fond de notre cœur...
p. 34
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Comme un homme
Sur sa fiche de présentation de l'Université de Lille, Florian Vörös indique que “[s]es recherches se situent au croisement des Cultural Studies, de l'ethnographie des pratiques numériques et des études de genre et de sexualité”. En publiant un essai sur l'influence de la pornographie dans la socialisation masculine, il traite plus précisément des “représentations culturelles et les expériences vécues des sexualités masculines (plaisir, normes, hiérarchies, violences)” en tenant compte du regard féministe sur les hommes mâles.
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Les toupies d'Indigo Street
La filiation de ce premier texte publié de Guillaume Gagnière avec l'œuvre de Nicolas Bouvier est revendiquée. L'auteur nous apprend que l'essence du voyage est plus profonde que la collection d'instantanés qu'il nous offre, soigneusement colorés par une langue savoureuse. Le cisèlement des phrases révèle l'influence de son prédécesseur.

Suisen
Autrice canadienne francophone née au Japon, Aki Shimazaki a une écriture particulière qui évoque les petits pas pressés d'une femme en kimono. Phrases courtes, sans fioritures dont les seuls mots compliqués sont empruntés à sa langue maternelle.
Malgré la simplicité de sa trame, une sorte de fable, ce roman est attachant à l'inverse de son protagoniste Gorô. Le dirigeant de l'entreprise Kida a la cinquantaine arrogante et prétentieuse.
Il requiert soumission de son épouse et disponibilité de ses maîtresses.– Éduque bien nos enfants, surtout Jun. Ils doivent m'obéir. C'est ta responsabilité de mère !
p. 83
Lorsqu'un chat abandonné, noir de surcroît, croise sa route, Gorô réalise que son ambition de plaire est le moteur de sa vie.
Eléonore Sulser pour Le Temps
Le site de l'éditeur
L'homme qui marche
Ce magnifique manga invite à la rêverie et au détachement. Suggéré par un éditeur ouvert à la bande dessinée hors du Japon, ces planches ne correspondent pas à l'idée que l'on se fait du genre. Les dessins de Taniguchi sont tout en retenue; ils suggérent la contemplation, l'intériorisation de l'environnement immédiat. Lire plus…
Vers la lumière
Misako exerce une profession singulière : audiodescriptrice (> CNC Centre national du cinéma et de l’image animée). Elle permet ainsi l'accès du cinéma aux non-voyants. Naomi Kawase en réalisant ce film se place dans une situation particulière : faire comprendre à ses spectateurs, en s'appuyant sur l'image, les enjeux de cette profession.L’un perd la lumière, l’autre la décrit et tout deux parlent d’un rapport au monde, au cinéma et à la mémoire.
Naomi Kawase

Un voyage au Japon
Le récit d'une quinzaine cycliste d'Antoine Piazza sur l'Ile de Shikoku est une arnaque ! Il est vrai qu'une si brève expérience ne peut qu'être mise en relation avec un référentiel externe, en l'occurrence les autres découvertes cyclotouristes de l'auteur.
Je m'arrêtai subitement et me serrai contre le parapet. La circulation était si dense, dans les deux sens, que, pour traverser la route et rejoindre le motel, je devais attendre de longues minutes que quelqu'un fut assez téméraire pour stopper sa voiture au milieu de la chaussée avant de tourner. Blotti contre la rambarde, je pensai à une situation semblable, au rempart d’acier et de lumière que j’avais essayé de franchir des années plus tôt pendant une nuit pluvieuse avant de me rappeler qu’il ne s’agissait pas de moi mais d'un personnage dans un roman que j'avais écrit, roman dans lequel, loin de reprendre un épisode de ma propre existence, j'avais mis en scène autour d'un héros en fuite une batterie d’éléments en colère et d’avions en chasse.
p. 77
L'incolore Tsukuru Tazaki…
Le roman est rythmé par Le Mal du Pays, une des pièces des Années de pèlerinage – La Suisse, de Liszt.
Lire plus…Tsukuru ne possédait personnellement rien dont il aurait pu s'enorgueillir. Aucun signe distinctif qui aurait dénoté un trait saillant de personnalité, Du moins le ressentait-il ainsi. Il était moyen en tout.
En somme, Il manquait de couleur.p. 19
Le pèlerin de Shikoku
En silence, je mets
Mes sandales en paille
D'aujourd'huiTaneda Santoka
cité p.95

Ryōzen-ji, premier temple du pèlerinage de Shikoku – Wikimedia commons
Lire plus…La saveur des ramen
Il n'est pas recommandé de voir le film du Singapourien Eric Khoo le ventre vide. Ce n'est pas un hasard s'il a été présenté à la Berlinale 2018 dans la catégorie Kulinarisches Kino.
Masato travaille avec son oncle et son père dans un bar à ramen au Japon. Ce dernier décède brusquement, laissant Masato orphelin. Il a besoin de comprendre ce qui rendait son père si taciturne.
Lire plus…
Une affaire de famille
Scène de la mer vue par Adam Pasion pour le Japan Times
Une affaire de famille, d’Hirokazu Kore-eda (Japon, 2018), avec Lily Franky, Sakura Andô, Mayu Matsuoka, Kirin Kiki, 2h01.
Des hommes sans femmes
Lire plus…« C'est étrange tout de même, reprit-elle d'une voix pensive. Alors que le monde s'écroule autour de nous, il y a pourtant des hommes qui se soucient d'une serrure cassée et d'autres qui sont assez consciencieux pour essayer de la réparer... Bizarre, non ? Vous ne trouvez pas ? Mais c'est sans doute la meilleure réponse que nous puissions faire. Peut-être que persévérer à travailler sur de toutes petites choses, honnêtement, consciencieusement, permet de garder toute sa tête tandis que le monde se défait. »
p. 271
Tokyo Family
La visite de Shukishi et Tomiko Hirayama à Tokyo est une autre histoire de la vieillisse et de l'éloignement… Lire plus…
Ito Shinsui - La nostalgie à l'âge moderne
Mises en parallèles avec quelques photographies anonymes d'un visiteur suisse dans le Japon du début du 20e siècle, ces estampes montrent cependant “une perspective eurocentrique sur le Japon, et qu'il confortait ainsi l'image que les Occidentaux se faisaient de son pays.”
site du Musée Rietberg