Arménie
La présence russe est très discrète. Pourtant, elle reste un facteur de stabilité pour le pays : "malgré la chute du bloc soviétique, l’influence de Moscou dans la région a perduré, incarnée [par les] soldats russes assurant la protection des frontières et de l’espace aérien arménien, en accord avec le gouvernement d’Erevan" (Libération). À Gyumri, la 102e base militaire de l'armée russe compte environ 5'000 hommes (Russia Beyond the Headlines).
Au début du XXe s, l'Arménie devient brièvement indépendante de 1918 à 1920. Ensuite, elle entre dans la sphère d'influence russe et devient l'une des 15 républiques de l'URSS. D'abord intégrée à la Transcaucasie, son territoire est redéfini et elle devient une entité à part entière en 1936. Mais elle est amputée d'une partie de son territoire qui est attribué à ses voisins, notamment le Haut Karabakh à l'Azerbaïdjan. Les relations tendues avec ce dernier pays sont perceptibles tout comme l'attachement au Haut Karabakh.
Les traces de la présence soviétique restent nombreuses. C'est en premier lieu le patrimoine immobilier. Les Erevanais distinguent les diverses strates des bâtiments. Ceux construits à l'époque stalinienne sont réputés les plus spacieux. La qualité de la construction sous Khroutchev et, pire encore, sous Brejnev était moindre. Mais si on en juge par les bâtiments qui ont résisté au tremblement de terre de 1988 à Gyumri, ce sont les immeubles de l'époque tsariste qui étaient le mieux conçus pour absorber un séisme. La gestion de cette catastrophe dans l'URSS déliquescente a été un traumatisme pour le peuple arménien. Les statistiques ont retenu le chiffre de 25'000 morts, mais de l'avis général les Russes ont certainement minimisé le nombre des victimes. L'Arménie a ressenti un abandon du pouvoir moscovite, ce qui a ravivé l'identité arménienne de la diaspora et généré une grande mobilisation.
L'habitat construit des provinces est le plus souvent constitué de maisons individuelles. Les rues sont suffisamment espacées pour permettre la plantation de denses vergers. Les villages apparaissent comme de véritables oasis de verdure dans le paysage aride. Malgré l'impression de grande sécheresse, les sources sont fréquentes et un système d'irrigation est en place. La production maraîchère est diversifiée. Tomates, aubergines, concombres, poivrons, oignons, oseille sauvage, herbes aromatiques (persil, basilic, coriandre, aneth....) sont quotidiennement au menu ainsi que pêches, prunes, abricots. pastèques accompagnés parfois de fraises, de figues, de melons, de poires, de raisins ou de pommes. On apprend que cette profusion de produits frais est le propre de la saison estivale. Dans chaque ménage on prépare le séchage des fruits et autres conserves pour le rude hiver.Et même si tu maudis ton sort
Dans tes yeux je veux voir
Arménie
Une lueur d'espoir
Une flamme, une envie
De prendre ton destin
Entre tes mains
A bras le corpsPour Toi Arménie
Charles Aznavour
Certaines localités sont toutefois constituées de barres d'immeubles, le plus souvent hideuses. Les unités de logement disparates donnent l'impression d'une superposition de containers. Lorsque les balcons sont
faits de tôle ondulée, on pense à des constructions provisoires. La présence de ces logements collectifs est souvent liée à la présence d'une ou de plusieurs usines désaffectées. L'empreinte "soviétique" est alors plutôt celle d'une absence. L'approche des villes, hormis Yerevan et Gyumri, montre de manière cruelle l'effondrement de l'économie. En particulier à Vanadzor , troisième ville du pays, où des kilomètres d'usines en ruines sont les seules traces de l'industrie chimique qui y était établie.
Mines d'Alaverdi
À Alaverdi, l'extraction du minerai de cuivre a repris au milieu des années 1990. Cette activité a une longue histoire puisque les Grecs du Pont-Euxin (rive Sud de la Mer Noire) émigrèrent dans la région et exploitèrent ces mines au XVIIIe s. Les Français achetèrent la concession à la fin du XIXe et reprirent l'extraction jusqu'à la nationalisation par les Soviets. A l'indépendance, les mines ont été privatisées et exploitées par l'ACP (Armenian Copper Programme), une entreprise du groupe Vallex. Le manque de transparence de l'industrie minière énerve notre guide : dans quelles conditions ces mines, principale ressource du pays, ont-elles été vendues et quels sont les avantages de leur exploitation pour l'État ?Ce qui manque de transparence, c'est également l'air de la région en raison de la pollution générée par cette mine. La fumée est évacuée par un conduit qui mène du fond de la gorge à une éminence. Au gré des courants, une nappe de fumée stagne sur les vallons environnants. Aucun investissement ne semble avoir été fait sur ce site depuis bien longtemps.
De manière plus anecdotique, l'influence soviétique est manifeste par les statues, bustes et autres plaques commémoratives : elles sont omniprésentes !
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Interruption de l'exploitation de la fonderie d'Alaverdi
Alaverdi vu par one chaï