L'incolore Tsukuru Tazaki…
Le roman est rythmé par Le Mal du Pays, une des pièces des Années de pèlerinage – La Suisse, de Liszt.
Tsukuru ne possédait personnellement rien dont il aurait pu s'enorgueillir. Aucun signe distinctif qui aurait dénoté un trait saillant de personnalité, Du moins le ressentait-il ainsi. Il était moyen en tout.
En somme, Il manquait de couleur.p. 19
Dans cette période sombre, il s'investit dans ses études puis lorsque ses tourments s'apaisent, il se consacre pleinement à sa profession d'architecte spécialisé dans les gares. Ses relations restent insatisfaisantes, entravées par son expérience passée.– Depuis toujours je me suis ressenti comme un être vide, qui manquait de couleur et de personnalité. Voilà peut-être le rôle que je jouais dans le groupe. Celui qui était vide.
[…]
– il suffisait que tu sois là pour que, tous, nous soyons nous-mêmes, naturellement. Tu ne parlais pas beaucoup mais tu étais présent, les deux pieds bien plantés sur le sol, et tu apportais au groupe quelque chose comme un sentiment de stabilité et de calme.p. 169
Ni l'introspection onirique, ni l'échange ne lui permettent de sortir de sa paralysie. Ce n'est que lorsque Sara, pour lequel il éprouve une profonde attirance, lui intime l'ordre de rechercher la vérité qu'il peut découvrir que, comme le jeu du pianiste, la vie est faite de nuances que les autres perçoivent avec leur sensibilité. Comme dans d'autres romans d'apprentissage, les questions existentielles apparaissent sous une trame narrative quelque peu candide.
André Clavel pour Le Temps
Site de l'éditeur