Petites boîtes

Ogawa Yōko. Petites boîtes . Actes Sud, 2022

L'étrangeté du roman de Yōko Ogawa incite à le ranger pareillement dans une petite boite que l'on oublierait, elle !
La narratrice, qui loge dans une ancienne école maternelle. assure le maintien de ce bâtiment désaffecté dans ce lieu en déliquescence. Toutes les constructions officielles disparaissent et la seule motivation des habitants qui errent semble d'entretenir le souvenir de leur enfant mort. Ils se succèdent dans l'auditorium de l'école pour disposer dans des boites-vitrines à la mémoire des défunts de quoi mener une vie factice. Une fois l'an ces parents endeuillés se réunissent pour des concerts de soi à soi où des amulettes font résonner les disparus.

Pour aller au musée d'histoire locale, il fallait prendre la première rue vers le nord après l'école maternelle, puis traverser le pont et passer devant le parc municipal où ma cousine vend ses boîtes-repas. C'était un bâtiment solide, en béton armé, avec deux étages en surface et trois en sous-sol, qui faisait autrefois la fierté de la ville car il abritait des dizaines de milliers d'objets. Mais à partir d'un certain moment que je ne saurais définir, les gens ont peu à peu perdu le désir de conserver le passé et ont cessé de s'intéresser au musée. Il n'a pas été déplace le long d'une nouvelle route, comme la bibliothèque, ni détruit à l'explosif comme la maternité, mais a fini par fermer un jour, après avoir été abandonné à son sort. Peut-être n'a-t-on pas trouvé d'autre méthode pour laisser à nouveau le passé au passé.

p. 96

La narratrice côtoie M. Baryton qui l'aide à récupérer des boites pour les nouveaux décès. De son côté, elle lui déchiffre les lettres que sa partenaire lui envoie de l'hôpital dans lequel sa vie s'achève. Une écriture qui s'amenuise au fil des jours. puis devient confuse avant de n'être que silence.
La mort, on la sait inéluctable, mais telle que la représente Yōko Ogawa elle n'induit qu'enfermement et rétrécissement de la pensée. Morbide !


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