Langue et communication



La langue japonaise contemporaine comporte une multitude de mots importés des États-Unis. Lorsque la serveuse de restaurant les aligne, on ne sait plus si elle nous parle en anglais ou en japonais; cette situation est déstabilisante quand ensuite nous n'arrivons pas à communiquer. Le piège est aussi de prononcer les trois mots de japonais que je connais. L'interlocuteur surévalue mes compétences et démarre dans ce que j'assimile à une logorrhée; je ressens alors la frustration de Bouvier confronté pendant tout son séjour au Japon à cette question de la maîtrise imparfaite de la langue.

Ne pas être native speaker, est cependant un avantage quand on communique en anglais avec un·e Japonais·e : l'interlocutrice se sent alors beaucoup plus libre de ne pas maîtriser cette langue au niveau de son statut. Si la difficulté à prononcer le [l] qui n'existe pas en japonais et, pour nous, à donner sa juste valeur au [r] donne lieu à quelques situations cocasses. De nombreux Japonais·e·s maîtrisent parfaitement la langue anglaise; il faut juste les trouver. Malgré leur retenue naturelle, ces locuteurs se manifestent souvent spontanément avec la question rituelle doko no shusshindesu ka, d'où venez-vous ? Contrairement à nos aprioris ce ne sont pas les plus jeunes qui sont le plus à l'aise, mais des gens qui ont eu l'occasion de voyager à l'étranger.
niihama taiko

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J'ai marché une journée avec une jeune Taïwanaise. Il était frustrant pour elle de comprendre la langue écrite, mais d'être exclue des échanges oraux. Les kanjis, les sinogrammes, sont les mêmes que ceux du chinois traditionnel employé dans son pays, mais la prononciation en est différente. C'est pourquoi le sūtra du cœur ne se prononce pas de la même manière en Chine qu'au Japon et les récitants utilisent parfois des images, comme pour un rébus, pour mémoriser la sonorité correcte. La coexistence de trois types d'écriture aide à segmenter les phrases qui s'écrivent sans espaces et offre une certaine souplesse pour intégrer de nouveaux concepts : en plus des kanjis, il existe deux alphabets de 46 syllabes. Le hiragana permet de lever des ambiguïtés sur les idéogrammes homophones et le katakana sert à la transcription des mots importés.

L'alphabet latin est paradoxalement très présent : de nombreuses entreprises nippones ont une enseigne en romanji. Les lignes de transports urbains sont généralement désignées par une lettre et l'affichage dans les gares et les wagons alternent les indications en japonais et en anglais, s'y ajoutent parfois le coréen et le chinois. Ces annonces rendent aisé l'usage des transports publics, d'autant que les billets comportent également les indications essentielles en anglais.

G*Translation et DeepL sont de précieux auxiliaires pour faciliter la compréhension bien que le décodage des idéogrammes varie selon le positionnement du téléphone…