La patience des traces

Benameur Jeanne. La patience des traces. Actes Sud, 2022.

Oshima – Photo de Ryo Yoshitake sur Unsplash

Il a été lui aussi un havre pour les émotions insoutenables des autres. Il a su être ce havre. Toutes les tempêtes se calment. Il faut juste pouvoir attendre.

p. 124

Au terme de sa pratique professionnelle de psychanalyste, Simon Lhomme se retire pour un temps dans une île japonaise. Ce séjour le révélera à lui-même, lui permettant d'aborder cette nouvelle étape de vie sous une nouvelle perspective.
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[…] aujourd'hui il a la mémoire de tout cela. C'est un trésor. Il a le sentiment qu'il pourra y puiser pour avancer. Seul.

p. 188

Ce dessillement, qui renvoie à la jeunesse de Simon, et les apparitions de la mystérieuse Lucie F. font osciller cet écrit entre roman d'apprentissage et bilan d'une vie. En présentant Simon à Akiko et à Daisuke, l'autrice perpétue une image consensuelle des rôles féminin et masculin et entretient une image stéréotypée du Japon. La passion du couple Itō pour de rares tissus traditionnels et pour l'art de reconstituer les céramiques brisées renvoie Simon aux ambiguïtés constitutives de l'humain.
Jeanne Benameur nous incite à aller au-delà des mots et à associer les sons, comme l'a pratiqué son protagoniste tout au long de sa vie. Lhomme Simon devient alors emblématique des tiraillements entre le déroulement fluide de nos jours et les ruptures qui nous modèlent. Une symbolique qu'elle souligne par le contexte aquatique : les corps qui s'immergent pour en ressortir revigorer mais qui, parfois, se laissent engloutir.

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