Source de chaleur

Bronisław Piłsudski en 1903
Le conflit opposant l'Empire russe et le Japon pour le possession de Sakhaline, dès le XIXe s., a profondément modifié les relations que les populations autochtones entretenaient avec leurs voisins. En s'appuyant notamment sur l'etude de ses populations par Bronisław Piłsudski, Kawagoe Sōichi restitue les Aïnous dans leur humanité.Yankemoshir, « la grande terre ». C'est ainsi qu'autrefois s'appelait l'île d'où ils étaient originaires. Maintenant, ils vivaient à Hokkaidō, dans le village de Tsuishikari. D'ailleurs, plus personne n'appelait « la grande terre » par son nom ancien. Les Russes, toujours plus nombreux, l'appelaient « Sakhaline ». Les Japonais qui s'y rendaient pour la pêche l'appelaient « Karafuto ». […] Une terre couverte par la taïga, bloquée par la neige et les glaces la moitié de l'année. Sur cette terre vivaient des Oroks, qui eux-mêmes s'appelaient Uilta, éleveurs de rennes, des Gilyaks ou Nivkhes, fiers conducteurs de traîneaux à chiens, des Russes, des Japonais. Et des Aïnous. Tous ces peuples vivaient sur l'île, ou en vivaient.
p. 25
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Convoi pour Samarcande
Deïev ne savait pas pourquoi les choses allaient ainsi. Pourquoi il y avait toujours tant de mort et de souffrance, et si peu de vie.
Quand il y réfléchissait, il s'imaginait une immense balance - comme celles qui sont sur les ports, pour peser la marchandise - et il répartissait mentalement ses souvenirs sur les énormes plateaux : sur l'un, les souvenirs tristes et douloureux, sur l'autre, les images pleines de lumière.p. 76

Lire plus…À la gare, Blanche passa à la direction pour annoncer à Moscou qu'elle était arrivée. Le téléphone était pris : un jeune homme à l'air épuisé énonçait - à Tcheboksary, ou dans un autre centre - des chiffres interminables. Il ânonnait d'une voix fluette, suivant avec des doigts de myope sur une feuille froissée, et répétant patiemment la même chose plusieurs fois - la ligne devait être mauvaise, et on lui demandait constamment de répéter. Blanche ne comprit pas immédiatement de quoi il parlait.
– ... Cent huit. Oui, oui, dans le district Tarkhanovski, cent huit. Non, cent sept, c'est à Mouratovski. Donc, à Tarkhanovski, cent huit morts.p. 146
Une guerre Made in Russia
L'analyse de Sergueï Medvedev sur le pouvoir russe et l'adhésion de la population à sa politique rappelle les limites d'une gouvernance mondiale. Moins optimiste que le regard décalé de Maalouf sur l'état du monde, cet essai relativise les erreurs que le Président Poutine attribue à l'Occident pour justifier son « opération militaire spéciale », une guerre d'agression contre l'Ukraine. Lire plus…L'évidence même de la violence est l'un des principaux acquis de la Russie ces dernières années, la création d'un consensus public tacite, d'une zone de silence autour des crimes de l'État, crimes qui non seulement ne font l'objet d'aucune enquête ni de débats, mais sont acceptés comme les manifestations d'un pouvoir absolu.
p. 74
Ienisseï

Le récit de voyage de Garcin relate sa descente du Ienisseï de Krasnoïarsk à Norilsk. Climat hostile à l'homme, dans ces terres dont le Goulag a facilité l'exploitation. Les réprouvés ont permis l'accès aux ressources forestières, hydrauliques et minières, mais les bénéficiaires ne montrent pas davantage de respect pour les travailleurs que pour l'environnement. Les conséquences de cette négligence pour un milieu si fragile se répercuteront inévitablement sur ces habitants de seconde zone.
Autoportrait de Christian Garcin, dans un train, en Inde, 2014
Lire plus…Le problème, évidemment, est que la Russie n'est pas l’Occident. Sans être un adepte fervent du relativisme, je sais bien qu'il est aussi vain que présomptueux de lire l'exercice du pouvoir, dans des pays récemment, et sauvagement, ouverts à l'économie de marché comme la Chine ou la Russie, en chaussant nos lunettes de démocraties libérales à l'occidentale. Il m'a toujours semblé que si la forme du pouvoir pouvait changer, sa nature, elle, ne changeait pas. Elle est la même dans la Chine des Ming, des Tsing, celle de Mao et celle des capitalo-mafieux actuels, la même dans la Russie des tsars, des bolchéviques ou de l'oligarchie poutinienne.
p. 28
L'enclave
Correspondant du Monde à Moscou, Benoît Vitkine, est habitué à contextualiser les événements russes. Cette marque de professionnalisme se ressent dans quelques tournures didactiques du roman qu'il situe dans les environs de Kaliningrad.
Le retour du Gris, adolescent querelleur qui sort de prison, coïncide avec la chute de l'URSS.
Sa situation rappelle celle de Kaliningrad / Koenigsberg. La grande ville de Prusse Orientale vidée de sa population allemande, a été repeuplée d'habitants de diverses origines. Après 1991, soudainement, l'oblast se retrouve isolé de la Russie, entre la Lituanie et la Pologne devenues européennes. Vitkine, en rappelant le contexte historique – et la géopolitique actuelle – mêle symboliquement l'apprentissage de la liberté du Gris et la difficile émancipation de la Russie du “confort“ de la Guerre froide.
Tu crois que le vieux Brejnev, avec sa voix chevrotante, pouvait faire croire à un quelconque avenir radieux ? Il n'y a plus d'avenir communiste. Cela fait des décennies que l'on ne parle plus de progrès... Ça aurait dû vous mettre la puce à l'oreille, quand on a commencé, dans les années 1970, à vendre la victoire dans la Grande Guerre patriotique comme notre plus grande réalisation. Plutôt que l'avenir radieux, le passé glorieux ! L'essentiel était de maintenir les choses en l'état, d'éviter les troubles, les questions dangereuses. Nous avons dû composer, tous... Votre génération ne peut pas nous juger.
p. 153
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Much Loved
Pour dénoncer les violences faites aux femmes, l'écrivaine russe Lida Youssoupova les fait surgir des oublis de l'Internet. Elle montre comment une justice au nom de la défense des « valeurs familiales traditionnelles » dénie aux victimes la reconnaissance même des crimes subits. Sa poésie, aux accents de slam , claque les mots crus d'une violence effarante.
Selon la loi fédérale du 07.02.2017
n°8-F3
« Sur les modifications apportées à l'article 116 du code pénal de la Fédération de Russie »
l'article 116 du code pénal de la Fédération de Russie
exposé sous sa forme actualisée
ne prévoit pas
de responsabilité pénale
pour les faits
de coups et blessures
commis sur
des personnes proches.
Le réalisateur décrit crument, mais avec sensibilité, les pratiques du sexe tarifé et n'omet pas de signifier l'hypocrisie des hommes, moyens-orientaux ou européens, qui les favorisent.
Je ne veux en aucun cas être moralisateur, condamner, exercer un jugement de valeur, qu’il soit négatif ou positif. Je cherche simplement à dire. Et dire, c’est montrer. Montrer ce qu’est la vie de ces prostituées, montrer leur rapport aux hommes, leur rapport entre elles, à la société, à l’hypocrisie sociale et à la famille, censée être un pilier qui les soutient et qui représente en réalité davantage un manque cruel.
Nabil Ayouch
Dossier de presse
Internet Movie Database
Fiche Ciné-Feuilles
Norbert Creutz pour Le Temps – Interview de Nabil Ayouch
La nuit au pas
La journaliste, ancienne correspondante à Moscou de la RTS, radio télévision suisse, évoque une certaine nostalgie de la capitale russe. Une écriture poétique, parfois elliptique, qui suggère, davantage qu'elle n'affirme, la difficulté de rendre compte de la situation d'un pays en guerre. Un combat qui ne vise pas que l'Ukraine, mais toute forme de contradiction au pouvoir.
L'autrice brosse à l'aide de brèves vignettes la difficulté d'appréhender toute la complexité de la vie réelle des Russes. Ce procédé n'est pas simplement une économie de mots, il aide à percevoir le poids, sur chaque individu, d'un silence imposé.La mue de la capitale a été interprétée, par certains, comme un acte politique. À défaut d'offrir à la jeunesse urbaine une démocratisation du pays, qu'elle réclamait à la fin du mandat de Dmitri Medvedev, on lui a offert une occidentalisation de l'espace urbain, les attributs d'un monde globalisé, comme si cela suffisait à masquer les traces d'un style autoritaire. En espérant ainsi la satisfaire, ou l'endormir.
p. 61
Site de l'éditeur
Sarah Clément pour RTS Culture – QWERTZ
Lisbeth Koutchoumoff Arman pour Le Temps
Historien en chef
La collection de Gallimard dans la tradition du Tract, pour diffuser une information interdite, clandestine ou dérangeante sous une forme légère et populaire, brochure ou feuille volante publie ce petit essai au titre polémique sur la recomposition de l'écriture de l'histoire en Russie.
« Depuis le naufrage de l'URSS la Russie en quête d'identité n'a jamais cessé d'interroger le miroir brisé du passé pour essayer de reconstituer une image acceptable, voire positive, de son histoire, capable de lui fournir une boussole dans le difficile processus de transformation en cours ».
La mémoire impossible. La Russie et les révolutions de 1917
Marie Ferretti, citée p. 8

Donbass

Correspondant du Monde à Moscou, l'auteur est familier du Donbass. Le roman policier lui permet de décrire la situation qui y règne depuis 2014, entre insurrection séparatiste et guerre larvée avec le voisin russe. L'opération spéciale en remettant l'Ukraine sur le devant de la scène médiatique a contribué à cliver l'information, tant la réthorique propagandiste est excessive.
Le Donbass de Vitkine, dont l'action se déroule en 2018, met en évidence les fortes dépendances réciproques entre la Russie et l'Ukraine consécutives à l'ère soviétique. Le remplacement des statues de Lénine par celles du poète ukrainien Chevtchenko ne suffit pas à lui seul à renverser les réalités économiques. En donnant l'espoir de sortir de la pratique généralisée de la corruption, les partisans d'un ancrage à l'Occident exploitent la lassitude de la population. Cet attrait fragilise l'hégémonie russe sur les ressources et les équipements des oblasts orientaux.
L'intrigue, sordide, accroît le sentiment d'abandon qui parcourt tout le livre. Cependant, l'auteur présente l'existence de liens qui dépassent les relations familiales entre les deux camps. Même si la frontière semble un aboutissement pour certains, leur force pourrait façonner l'avenir.
C'était d'autant plus difficile de se repérer que le nouveau pouvoir avait jugé bon, jusque dans ce paysage de désolation, de mener à bien sa grande œuvre, la « décommunisation» de l'espace public. Le pays entier était pris d'une frénésie toponymique: par dizaines, on rebaptisait les rues et les villes d'Ukraine. La rue Lénine d'Avditvka, qui filait tout au sud de la ville et s'enfonçait en territoire séparatiste, était devenue la rue de la Cathédrale; la rue de l'Armée Rouge, celle des Abricots. Tout le monde continuait évidemment d'employer les anciens noms, seul le GPS d'Henrik faisait preuve d'un zèle tout maïdanesque.
p. 109
Site de l'éditeur
Paroles d'histoire – Ukraine et révolution
Bonne nuit, M. Lénine
Terzani Tiziano. Bonne nuit, Monsieur Lenine, Voyage à travers la fin de l'empire. Intervalles, 2022.
Le journaliste Tiziano Terzani, grand reporter au Spiegel, participe à un voyage professionnel sur le fleuve Amour lorsque l'échec à Moscou du coup d'état contre Gorbatchev signe la fin de l'hégémonie communiste soviétique. Ce récit documentaire n'est traduit en français qu'en janvier 2022, trente ans après l'original italien. Terzani y décrit l'incroyable ignorance réciproque des Russes et des Chinois séparés par le fleuve extrême-oriental.« Le communisme est mort », me répète tout le monde, du secrétaire du parti local, aujourd'hui au chômage, au général qui commandait il y a peu des centaines de milliers de soldats soviétiques dans la région. Pourtant, pour une raison ou une autre, je n'arrive pas à saisir dans ce que je vois l'ampleur de cette annonce d'obsèques, je n'arrive pas à éprouver l'immensité du vide laissé par cette disparition. Oui, le communisme soviétique est mort, mais personne ne semble savoir exactement où, quand ni comment. Personne ne semble le pleurer, ni même se réjouir de sa disparition. Quant au corps, personne ne l'a vraiment vu.
p. 94

Les yeux de Zouleikha
Dans un récit qui puise dans les particularités du Tatarstan, l'écrivaine Iakhina Gouzel ouvre les yeux de ses lecteurs sur certains éléments constitutifs de l'Union soviétique. Si les conditions pour exacerber les conflits entre nationalités datent du temps des tsars, elles ont été amplifiées par les mouvements de populations du XXe s.
L'histoire de Zouleikha offre divers points de vue sur l'expansion de la doctrine soviétique et, partant, la compréhension de la Russie actuelle.
Lire plus…Mourtaza est assis par terre, la bouche pleine. Entre ses deux jambes écartées, il y a un caillou, enveloppé dans un épais papier blanc. Continuant à mâcher d'un air ébahi, Mourtaza déplie le papier. C'est une affiche : un immense tracteur noir écrase de ses grosses roues dentues des petits hommes à l'aspect repoussant qui partent dans toutes les directions, comme des cafards. L'un d'eux, qui ressemble beaucoup à Mourtaza, est debout, l'air effrayé, essayant de piquer l'engin d'acier avec une fourche en bois toute tordue. De lourdes lettres carrées tombent du ciel : « Liquidons les koulaks en tant que classe ! » Zouleikha ne sait pas lire, et d'autant moins le russe. Mais elle comprend que le tracteur noir s'apprête à écraser le minuscule Mourtaza avec sa fourche ridicule.
p. 71
Aux frontières de l'Europe
Les textes de Paolo Rumiz sont imprégnés de l'atmosphère des confins, de lieux souvent retirés qui permettent l'accès à l'ailleurs. La rupture résultant de décisions historico-politiques contraste avec les continuités environnementales. En évitant le recours à l'automobile, l'auteur s'assigne une contrainte qui lui permet de mieux s'imprégner de l'atmosphère des lieux... et s'offre le plaisir du voyage ferroviaire. Lire plus…J'ai voyagé pendant plus d'un mois sur une ligne sismique qui ne dort qu'en apparence. J'ai franchi des douanes, des barbelés, des barrières avec des miradors et des réflecteurs. J'ai vécu des confiscations de marchandises, des attentes interminables, des arrestations, des contrôles de visa extrêmement durs. En passant d'un côté à l'autre des limites de l'Union européenne, j'ai éprouvé plus d'une fois un certain frisson, mais sans jamais penser à la guerre froide.
[…] Il a peut-être raison, Maxim, la frontière retourne vers le froid.p. 322-323
Moscou année zéro

La plongée dans les premières phases de la Révolution russe rappelle que les dérives autocratiques menacent tout régime dont les structures de contrôle sont lacunaires. Confiscation du pouvoir, luttes d'influence : autant de situations dont l'impact sur les populations est délétère.
Le site de l'éditeur
La valise
La valise est la métaphore que choisit le journaliste et écrivain soviétique pour décrire ce qu'il emmène dans son exil. Si les divers chapitres nomment des pièces d'habillement, leur contenu se réfère davantage à des expériences qui en se succédant donnent l'impression d'un dévêtement. Les revers de l'auteur sont pourtant constitutifs de l'armure d'impassibilité dont il se recouvre.Je ne saurais dire ce qui me prit. Était-ce mon esprit dissident refoulé qui se réveillait ? Ou la part criminelle de mon être qui réagissait ? Ou encore l'influence de mystérieuses forces destructrices qui me poussaient à agir ? Chacun de nous fait l'expérience de ce genre de chose une fois dans sa vie.
p. 39
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Les enfants de la Volga
La Volga dans l'Oblast de Saratov – wikimedia
Plus grand fleuve européen, la Volga occupe dans l'imaginaire russe une place à la mesure de son importance économique. Dans le roman de Gouzen lakhina, entre le conte et le récit fantastique, elle fait le lien entre un univers intemporel et les aléas de l’histoire. Au cœur du roman, la communauté allemande qui a colonisé la région de Saratov à l'invitation de Catherine II, à partir de 1763, et son destin pendant l'entre-deux guerres. Lire plus…Au début, le guide des peuples n'avait pas compris toute la gravité de cette aide humanitaire. Les choses allaient plutôt bien sur la Volga – la vitrine du socialisme soigneusement installée pour l'opinion publique internationale brillait de tous ses succès et de toutes ces réalisations: c’est en République soviétique allemande que le pays avait accompli sa première collectivisation totale; c'est là que le premier tracteur d'URSS avait été produit en série (il est vrai que le « Nain » avait été retiré de la production, mais cela ne l'avait pas empêché d'entrer dans l'Histoire).
p. 417
Le fantôme d'Odessa
Isaac Babel (Photo NKVD Mai 1939)
de Toledo Camille et Pavlenko Alexander, Le fantôme d'Odessa, Denoël Graphic, 2021.La construction de la mémoire est au cœur du roman graphique de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. Les mensonges du régime soviétique à la famille d'Isaac Babel participaient du totalitarisme. En s'articulant autour de la transmission entre générations, le scénario offre des pistes pour rétablir les fils brisés.
Ma petite fille, en écrivant, j'ai juste cherché à saisir ce qui tremble...
p. 107

L'ami arménien
Une belle langue soignée, un brin désuète, pour évoquer une amitié adolescente qui détourne le narrateur de sa propre marginalité.
Lire plus…Adolescent, je concevais ainsi la chronique des malheurs et des espoirs arméniens – les journaux ne disant rien sur cette révolte matée – mais son dénouement carcéral ne me paraissait pas surprenant : le pays claironnait l'unité indéfectible de toutes les ethnies qui le composaient et les velléités centrifuges déclenchaient toujours un vigoureux rappel à l'ordre. Et, très logiquement, un châtiment sévère : quelques Arméniens (maris, fils, frères), coupables de dissension, avaient donc été arrêtés et transférés à cinq mille kilomètres du Caucase, ce qui permettait de prévenir l'indulgence qu'aurait pu manifester la justice de leur terre d'origine.
p. 32-33
Le fracas du temps

Chostakovitch en 1950 à Leipzig – Deutsche Fotothek
Davantage qu'un roman bibliographique, Barnes propose une réflexion politique qui questionne le totalitarisme.Lire plus…[…] si un compositeur est amer, ou désespéré, ou pessimiste, cela veut quand même dire qu'il croit encore en quelque chose. Qu'est-ce qui pourrait être opposé au fracas du temps ? Seulement cette musique qui est en nous – la musique de notre être – qui est transformée par certains en vraie musique. Laquelle, au fil des ans, si elle est assez forte et vraie et pure pour recouvrir le fracas du temps, devient le murmure de l'Histoire.
C'était sa conviction.p. 172-173
Le météorologue
Rolin est attiré par le monde russe qu'il découvre à la quarantaine lorsque l'URSS se délite. Les grands espaces qu'il évoque en citant Tchékhov « La mesure humaine ordinaire ne s'applique pas à la taïga. Seuls les oiseaux migrateurs savent où elle s'achève ». Terre d'exploration, terre d'histoire. Au détour d'un voyage qui l'amène dans les îles Solovki (> UNESCO), il découvre le carnet de dessins d'un zek, un prisonnier du goulag, à sa fille. Ils l'amènent à s'intéresser à leur auteur, à son destin brisé par le totalitarisme. Lire plus…il est impossible de ne pas voir sous le pays déprimant d'aujourd'hui l'ancien foyer de cette espérance mondiale [la Révolution] mais surtout la tombe immense où elle fut bientôt enterrée.
p. 172
Mon frère féminin
La réédition de ce texte en prose est l'occasion d'explorer davantage le monde de Tsvetaeva et de son immense poésie. Pajak évoque dans le volume qu'il lui consacre ses errances amoureuses.
Lire plus…On ne peut pas vivre d'amour. La seule chose qui survit à l'amour, c'est l'Enfant.
p. 16
Les enfants de Staline
Le livre d'Owen Matthews contient trois récits en lien avec sa famille russe. Des faits bien distincts qui concernent trois générations successives et, donc, des contextes historiques très différents. Lire plus…