Cache de Grenelle
Du microcosme de cette adresse parisienne, Christophe Boltanski déploie une histoire du XXe s. Lionel Baier situe ses personnages en Mai 1968, le romancier superpose les époques comme le réalisateur accumule les objets dans la reconstitution du cocon familial.Ils habitaient un de ces hôtels qui portent généralement des noms de marquis ou de vicomte, au milieu de la rue de Grenelle. Étrangers à la noblesse et à tout ce qui s'y rapporte, ils ne faisaient pas pour autant partie du faubourg Saint-Germain qui, depuis Balzac, désigne moins un quartier qu'un groupe social, des manières, un air, un parler.
p. 17

Terres complotistes
Les récits de voyage sont fortement imprégnés du temps qui passe. L'essai de Bristielle ne fait pas exception; le Covid-19 ayant accéléré l'adhésion aux théories du complot. En 2024, les raisons avancées par l'auteur pour expliquer l'adhésion à de telles thèses semblent confirmées par la complexe recomposition du paysage politique français après la surprenante dissolution de l'Assemblée nationale.
Lorsque la contestation de l'ordre social établi ne trouve pas de débouchés dans les idéologies traditionnelles et les programmes politiques classiques, la contestation peut être amenée à muter en prenant des formes et des mots d'ordre inhabituels. C'est le cas avec la vision du monde complotiste, qui est en quelque sorte une vision politique « dégradée » pouvant à la fois s'appuyer sur des idéologies traditionnelles de droite et des idéologies traditionnelles de gauche.
p. 57
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BanDitisme

Le braquage d'une agence bancaire, le repli des truands dans une ferme retirée où la menace de l'épizootie de la vache folle plane… Un récit improbable où les auteurs traitent avec ironie des rapports humains.
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Antoine, jeune homme débarqué de l'Aubrac, s'émerveille du monde de la nuit dans le Pigalle d'après-guerre. Vers La lune bleue convergent des hommes et des femmes au vécu diversifié, tous entraînés dans une aventure dont les teintes sépias d'Arroyo traduisent admirablement l'ambiance.
Site de l'éditeur
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Couleur, Gloire et Beauté
Musée Unterlinden de Colmar
Conçue en écho aux collections de peintures anciennes du Musée Unterlinden dont le fonds comprend des ensembles exceptionnels de panneaux peints parmi lesquels son chef-d’œuvre, le Retable d’Issenheim, l’exposition Couleur Gloire et Beauté réunit plus d’une soixantaine d’œuvres, attribuées à des artistes renommés comme Martin Schongauer, Albrecht Dürer, Hans Baldung Grien mais aussi d’autres à (re)découvrir (Caspar Isenmann, Jost Haller, Wilhelm Stetter, ou encore le Maître des Études de draperies...).
Dossier de presse
Le site du musée
Dossier de presse
La vierge au buisson de roses – Martin Schongauer
«Welcome home» hotel Paul & Pia — pas qu'un slogan
Aux armes de Colmar – des suggestions en plus des plats traditionnels de la carte
Préférence nationale
Ce mode d’expression a des exigences. Pour l’auteur, une écriture, une réflexion, un ton. Pour le lecteur, trente minutes d’attention, au lieu de deux ou trois. Pour le format, moins qu’un livre ; plus qu’un article ou un édito. Polémique, s’il le faut, mais sans attaque ad hominen.
Les autrices et auteurs des Tracts assument une pensée située. Ils et elles la mettent en contexte comme Gérard Noiriel s'agissant de la préférence nationale. L'analyse de l'historien coïncide avec celle de Louis Imbert quant à l'origine de l'instrumentalisation de l'immigré au dernier quart du XIXe s.. L'auteur
souligne que ce qui est considéré comme un « problème » n'est pas corrélé avec les chiffres de la population étrangère, mais davantage avec le climat social.
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Paris de la modernité
Inventer l'impressionnisme
Musée d'Orsay
Site du musée
Eric Tariant pour Le Temps
Les Midis de France Culture
Madeleine, résistante

La Rose dégoupillée, 2021
L'édredon rouge, 2023
Engagée dans la Résistance à 17 ans, Madeleine Riffaud poursuit ses combats en devenant reporter de guerre en Indochine puis en Algérie. Et, pour que le vécu de ces années ne se perde pas, elle choisit de rencontrer des élèves pour témoigner des guerres et de la politique de répression nazie. Un témoignage que prolongent Morvan et Bertail par la bande dessinée, dans des nuances bleues évocatrices d'années sombres.
Le site de l'éditeur
Les nuits de France Culture – Madeleine Riffaud : la mémoire sauve
Réparations
En marge du procès du procès pour la réparation de l’esclavage devant la Cour d’Appel de Fort-de-France en automne 2021, Iris Ouedraogo et Adélie Pojzman-Pontay décortiquent cette difficile quête de justice. Où il est question de trois R : R comme reconnaissance – celle ouverte par la loi Taubira de 2001 –, R comme réparations – symbolique ou économique, à quels ayant-droits ?–, R comme réconciliation qui est le but ultime de cette démarche.
Les deux journalistes inscrivent leur recherche sur un temps long et démontrent avec nuances que l'esclavage ne peut pas être réduit à une question morale soldée par l'abolition.
Paradiso Media, Histoire
Erwann Gaucher pour Radio France
Sur des thématiques similaires :
Boulevard du village noir, développement sur un fait de racisme ordinaire de Shyaka Kagame, Face cachée RTS
Aux origines de la discrimination positive, enquête de Kévi Donat, Programme B
Marie Octobre
Dialogues: Henri Jeanson.
Avec Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Paul Frankeur, Lino Ventura, Serge Reggiani.
Internet Movie Database
Fiche Ciné-Feuilles
La patience des traces
Oshima – Photo de Ryo Yoshitake sur Unsplash
Au terme de sa pratique professionnelle de psychanalyste, Simon Lhomme se retire pour un temps dans une île japonaise. Ce séjour le révélera à lui-même, lui permettant d'aborder cette nouvelle étape de vie sous une nouvelle perspective.Il a été lui aussi un havre pour les émotions insoutenables des autres. Il a su être ce havre. Toutes les tempêtes se calment. Il faut juste pouvoir attendre.
p. 124

Les années super 8
De quelques films qui relatent les années 1970 vécues dans la banalité d'une famille de la classe moyenne, Annie Ernaux et son fils expriment la recherche profonde d'un sens de l'existence. La valeur de toute vie – même celle qui semble la plus insignifiante – compte.
La fiche ciné-doc
Dossier de presse – bande à part
Salomé Kiner pour Le Temps
Julie Evard pour vertigo RTS-culture
Le lait de l'oranger
Le récit autobiographique de l'avocate Gisèle Halimi fait écho aux polémiques de notre ère postcoloniale.Je n'aimais pas le lait et je détestais la contrainte. Mais je croyais juste de l'imposer à l'[oranger] qui m'était si cher.
La vie entre les gens, l'histoire entre les peuples sont faites de ces contradictions. Se font à travers ces contradictions.p. 95
Naître en Tunisie en 1927, femme séfarade prédestine à une vie dans l'ombre. Une éducation française crée le paradoxe. Les valeurs sur lesquelles se fondent la République sont en contradiction avec le contrôle de la population maghrébine.
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L'Arabe disparu

Bien qu'il se soit mis à l'écart en raison de son hostilité irrémédiable à la France – et à l'Occident –, le père reste omniprésent dans l'esprit du jeune Riad. L'effacement progressif du rouge paternel oppressant résulte de l'émancipation de l'auteur rendue possible par les rencontres qu'il a provoquées. En enlevant Fadi, le frère de Riad, celui qui se voyait comme «l'Arabe du futur» a lié leurs destins en les opposant systématiquement. Ils n'ont pu se libérer de cette emprise que lorsqu'ils ont pu considérer ce qui les unissait.
Site de l'éditeur
Antoine Duplan pour Le Temps
Philippe Revaz pour RTS-culture
Autres traces de l'Arabe futur : 1978-1984, 1984-1987, 1987-1994
Staatsbürgerschaften
Fermé pour rénovation, l'institution berlinoise conserve son espace d'expositions dans l'aile Pei.
L'appartenance nationale est, dans l'histoire, une notion récente liée à la Révolution française. Si les droits et devoirs liés à la nationalité sont semblables dans les trois pays considérés – Allemagne, France et Pologne – des différences notables, liées au passé de ces trois nations, existent. Les concepteurs soulignent ce qu'elles révèlent de l'attachement des citoyen·nes à l'État. Parallèlement, les modifications des frontières consécutifs aux conflits de la première moitié du XXe s. ont entraîné déplacements de populations et/ou changement de nationalité; ces modifications indiquent alors la nature du “contrat” d'un gouvernement avec ses nationaux.
Le droit de la nationalité – et les usages politiques qu'il permet – est aussi révélateur du développement de l'intégration dans une société.
Cette mise en perspective de l'évolution historique de trois modèles européens permet de relativiser une homogénéisation par la citoyenneté européenne. Elle montre même des différences fondamentales dans la manière de percevoir le lien entre État et citoyen·nes.
Site du musée
Quelques interviews en ligne
Cher connard
Le ton familier de ce roman épistolaire éclate dès la couverture aux couleurs criardes. Le style adopté par Virginie Despentes s'apparente étrangement davantage à l'oral pour cet échange entre un romancier à succès et une actrice sur le déclin : deux « victimes » de leur image sur les réseaux sociaux – évidemment dans des postures différentes. Lire plus…
Le jeune homme
Lire plus…J'avais de nouveau dix, quinze ans, et j'étais à table avec ma famille, mes cousins, dont il avait la peau blanche, les pommettes rouges des Normands. Il était le passé incorporé.
Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie.p. 21
Grande couronne
Ma mère s’est accrochée à ma vocation d’avocate comme un gondolier à sa rame. Elle envoyait des lettres à tour de bras, elle connaissait une famille bosniaque qui avait eu recours à des services de défense pour faire valoir ses droits de rester sur le territoire français. Je l’ai tout de suite prévenue : hors de question que je me mette au service des pauvres, j’en avais eu ma claque à la maison.
– Mais on n’est pas pauvres… m’a-t-elle répondu en retirant le poignard que je venais de lui planter dans la poitrine.
– Alors pourquoi on vit comme des pauvres ? Pourquoi t’achètes que de la bouffe de merde ? Pourquoi on porte jamais de la marque ? Pourquoi on va pas au Club Med ?p. 179
Une adolescence en banlieue. La narratrice rêve d'exhiber les signes extérieurs de réussite promus par l'envahissante société de consommation. Prête à tout pour arborer l'accessoire qu'elle juge indispensable, elle nous entraine dans un univers glauque, au tournant de ce siècle. Tennessy se laisse entrainer dans un réseau improvisé et tarife ses faveurs aux garçons. Une manière d'exacerber les inégalités de genre.
L'univers dépeint par Salomé Kiner colle à l'adolescence : ses excès, ses obsessions, son besoin d'identification. L'autrice amène – de façon trop marginale, à mon sens – les questions de la précarité due aux accidents de la vie ou aux inégalités sociales.
Le milieu dans lequel évolue l'héroïne est plus instable que démuni. Tennessy assume clairement des responsabilités d'adultes pour sa mère et la fratrie. Cette parentalisation tranche avec le déficit d'empathie auquel fait croire le manque d'épaisseur des protagonistes.
Grande couronne se réfère-t-il alors à la banlieue parisienne ou à l'ego de la narratrice ? L'autrice en décide autrement par une pirouette finale toute de légèreté !
Isabelle Rüf pour Le Temps
QWERTS – Isabelle Carceles pour RTS-culture
Site de l'éditeur
L'homme des bois
Dans ce texte émouvant Pierric Bailly confirme son profond attachement au Jura. Au-delà de la toponymie qui définit les limites géographiques, l'auteur sait mettre en évidence le tissu économique et la diversité sociale de ce département frontalier. En cassant les clichés, il donne un cadre à la dimension de son père mort tragiquement.
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Une chambre en exil
Arrivé en France il y a dix ans, âgé alors de vingt-cinq ans, Omar Youssef Souleimane a acquis une belle maîtrise d'une langue qu'il n'a pas dans sa poche. La migration est un déchirement et le parcours en vue d'acquérir son indépendance est semé d'embûches. Des obstacles qui renvoient l'étranger à son statut et qui l'engluent dans les marges de la société.Se plaindre fait partie de la culture française. Un étranger venu du Moyen-Orient remarque cette façon de réagir. Pour lui, ce penchant pour le malheur n'a pas de sens, simplement parce qu'il a connu une autre vie, celle d'un pays sans Sécurité sociale, sans liberté d'expression, sans démocratie. En effet, pour savoir à quel point on vit bien en France, il suffit de vivre ailleurs.
p. 57-58
Lire plus…Suis-je en état de comprendre leurs vies normales de gens normaux ?
Je suis comme eux, on parle la même langue, on respire le même air, et je suis prêt à lutter pour l'avenir de ce pays. Rien ne me sépare de ces citoyens nés en France, à part une épine dans le cœur, qui s'appelle : réfugié.p. 110
La plus secrète mémoire des hommes
Un grand roman épique qui interroge la place que les lettres françaises fait à la littérature africaine, tel est le défi relevé par Mohamed Mbougar Sarr, jeune auteur sénégalais.
Le narrateur Diégane Latyr Faye, lui-même écrivain en devenir, retrouve à Paris, après plusieurs tentatives la trace d'un roman ensorcelant Le labyrinthe de l'inhumain d'un auteur rapidement perdu de vue. Une notice dans un Précis des littératures nègres auquel est souvent réduite la littérature ultramarine avait déjà attiré son attention de lycéen sur ce mystérieux T. C. Elimane.
Il se voit même confier un précieux exemplaire par une écrivaine soixantenaire, Siga D., l'Araignée-mère qui l'a devancé dans cette quête.
Lire plus…Ce Musimbwa, disais-je, n'est qu'une mode, et à force d'être dans l'air du temps il finira enrhumé, comme tant d'autres que l'époque avait fini par moucher après l'encensement sacramentel. Je n'avais évidemment pas encore lu une seule phrase de lui à ce moment-là. Il m'avait suffi de le faire pour passer de la jalousie à l'envie, puis de l'envie à l'admiration, et l'admiration muait parfois en désespoir absolu devant la certitude que je n'aurais jamais son talent. Je le tiens sans conteste pour notre primus inter pares, le meilleur de notre génération.
p. 51-52
Entre les lignes
Grâce aux trois carnets découverts suite à son décès, le vieil homme, grand-père de Baptiste Beaulieu, ouvre une porte sur sa mélancolie. Ce recueil de lettres jamais expédiées racontent la vie d'un homme né à la veille de la Grande guerre et son grand secret.

«Ennemis mortels»
L'histoire coloniale de la France et le défi que représente, dès le XIXe s., une forte population musulmane dans l'Empire sont au cœur de l'essai de La Cour Grandmaison. Ce sujet d'étude le confine probablement dans le camp des «islamogauchistes» (voir CNRS). Ce livre permet pourtant de comprendre que le soupçon posé sur les populations musulmanes dans leur ensemble n'est pas conséquence de l'attaque d'islamistes du 11 septembre 2001 sur les États-Unis et des répliques sauvages qui ont suivi et visé les Occidentaux.
Lire plus…Sauvages, les musulmans ? Non, barbares. À la différence du « Noir » qui, réputé sans histoire, sans civilisation et sans religion propre, est relégué au plus bas de la hiérarchie du genre humain, les sectateurs de Mahomet jouissent des unes et des autres. Aussi occupent-ils une position intermédiaire : supérieure au premier mais inférieure à l'Européen, estiment beaucoup de contemporains. Altérisés de façon radicale, c'est-à-dire anéantis en tant que semblables égaux en droit comme en dignité, puis infériorisés, les musulmans se voient imputer une dangerosité polymorphe d'autant plus inquiétante qu'elle affecte, à cause de cela, tous les registres de la vie.
p. 25
Métamorphoses d'une femme
Les romans d'Edouard Louis, incisifs, ont une forte composante autobiographiques. Cette mise en valeur de soi, le lien entre homosexualité et ascension sociale font de l'auteur une personnalité d'autant plus clivante qu'il se positionne politiquement. En affichant son plaisir à fréquenter des établissements luxueux, celui qui est né Eddy Bellegueule transgresse les codes sociaux. Cette revanche sur l'ordre établi irrite.
Et Édouard Louis ne boude pas son plaisir en devançant ses détracteurs : son roman n'est pas de la littérature puisqu'il en viole les codes.Une autre question est-ce que je peux comprendre sa vie si cette vie a été spécifiquement marquée par sa condition de femme ?
Si je suis construit, perçu et défini par le monde qui m'entoure comme un homme ?p. 39
Combats et métamorphoses d'une femme est espiègle. Il y ressert la même thématique d'une adolescence douloureuse, mais en mettant plus de nuances il rend le propos moins tranchant, moins egocentré. Ce ton moins polémique rend le roman d'autant plus percutant. Lire plus…
Des phrases courtes
Après l'hommage au père de Ernaux, la relation ambiguë à la mère de Fleutiaux. Pour les deux autrices, le choix des mots pour traiter du lien à leur parent, une interdépendance à grande charge émotionnelle, s'avère particulièrement important.
Lire plus…Sept ans pour accompagner l'entrée dans la vie de mon enfant, sept ans pour accompagner la sortie de la vie de ma mère.
Cela m'est assez étrange de dire "je", "mon enfant", "ma mère". J'ai détesté mon enfant (pas lui, bien sûr, l'enfant simplement) de me tenir si près de mon "je", si collée, j'ai détesté ma mère pour cette même raison. Mais elle plus violemment, furieusement, une rage à la mesure de notre attachement. L'enfant était sur la trajectoire de l'éloignement, mais ma mère était sur celle des pitons, hameçons, harpons lancés à tout va, de l'étreinte totale avant le grand plouf et au-delà. Au-delà.p. 13
La place
Dans ce roman Annie Ernaux rend hommage à son père. Récit d'un déplacement social, le texte raconte la mutation profonde de la société, ici française, au cours du XXe s. L'ascenseur social qui permettait aux jeunes générations de s'affranchir des contraintes de l'existence atténuait la conscience d'inégalités intrinsèques. Lire plus…
La charité et l'hôpital
Ce volume n'usurpe pas le nom de la collection ! L'essai de Vincent Edin sur les limites de la défiscalisation de la philanthropie et ses conséquences pour l'État démocratique est mordant. Le titre paraîtrait inutilement accrocheur si Brigitte Macron ne patronnait pas la récolte de dons pour les hôpitaux publics de France alors que son mari justifie les restrictions budgétaires du Ministère de la Santé. En mettant en évidence la fragilité des structures de soin, la pandémie de Covid-19 montre les limites de la délégation du financement de certains services que l'on attend de l'État socio-libéral à la philanthropie. Lire plus…
La pensée blanche
De son passé de footballeur Lilian Thuram a conservé une notoriété qui l'expose. Sa carrière sportive dans l'équipe dite Black, Blanc, Beurs, victorieuse aux Championnats du monde 1998, une qualification utilisée pour défendre une image de la France multiethnique tranche avec la nécessité de son engagement antiraciste. Par le biais d'une Fondation à son nom, le footballeur est un ardent militant de l'égalité des chances.
Comme de nombreux Français ultramarins, Thuram a découvert sa couleur de peau en arrivant en métropole. Cette prise de conscience, pour lui à 9 ans, a été douloureuse. Les témoignages des Français des territoires d'outremer qui découvrent la métropole convergent : leur couleur de peau en fait des étrangers. À l'inconfort d'un environnement peu familier s'ajoute le sentiment d'être considéré comme de citoyens de seconde zone.
Lire plus…Cette idée commune et perverse de Jules Ferry nous colonisons, par devoir, des peuples qui devraient nous en remercier fait consensus. Elle est enseignée dès l'enfance [...]
p. 99
Il était une fois en France
L'édition intégrale de la saga du dessinateur Sylvain Vallée et du scénariste Fabien Nury plonge le lecteur dans l'histoire française. Elle est inspirée par l'histoire de Joseph Joanovici, un chiffonnier analphabète devenu milliardaire pendant l'Occupation. Sa biographie, de sa naissance peu documentée en Bessarabie (actuelle Moldavie) à ses trafics avec les nazis et son soutien à la Résistance, tient de la trame d'un bon policier. Sa notice wikipedia accumule les conditionnels et les archives de journaux attestent d'une réputation qui dépasse les frontières françaises.

Jacques et la corvée de bois
Dans une grande économie de mots, le roman de Marie-Aimée Lebreton évoque la Guerre d'Algérie. Par la diversité des impressions visuelles, l'autrice montre que l'indifférence de Jacques n'est qu'apparence.
Lire plus…
La première pierre
Ce récit témoigne d'un événement à forte charge émotionnelle vécu par Pierre Jourde en un lieu auquel il est très attaché. Dans un précédent texte, Pays perdu, l'auteur avait raconté le coin d'Auvergne dont il est originaire. La situation isolée de ce hameau en fait-elle le berceau d'une idylle ? Lire plus…
La tête haute
Encore un film qui montre le monde tel qu'il est… même si nous aimerions occulter cette réalité. Emmanuelle Bercot fait remonter l'origine de cette production au lien créé dans un trio réel constitué d'un jeune délinquant, de son éducateur, l’oncle de la réalisatrice, et d'une juge des mineurs. La force de ce film est d’“ancrer le récit dans un parti-pris radical, en nous concentrant sur le processus éducatif, en sortant le moins possible des structures éducatives qui jalonnent le parcours d’un mineur délinquant.”

Gloria Mundi
Le hasard du calendrier veut que la sortie suisse de cette production soit programmée à la veille du début de la saison de grèves de l’hiver 2019-2020. Un mouvement qui prend en otages certains employés, à l’image de Sylvie dans le film. Un opus sombre qui invite à la réflexion, si ce n’est à l’engagement politique.
J’ai toujours pensé que le cinéma devait nous émouvoir parfois par l’exemple pour nous montrer le monde tel qu’il pourrait être ; parfois par le constat pour nous montrer le monde tel qu’il est.
Robert Guédiguian
Note d'intention

J'accuse
Les propos de Polanski relayés dans le dossier de presse laissant entendre que les accusations à son égard sont infondées ont créé le buzz sur ce film. Inconscience du réalisateur plutôt que buzz médiatique mal maîtrisé, malheureusement ! Le film éclaire l'Affaire Dreyfus en s'appuyant sur des sources crédibles et mérite donc mieux que la polémique actuelle. Lire plus…
Roubaix, une lumière
Film épatent, même si la critique relève que Desplechin s'est largement inspiré du documentaire "Roubaix, Commissariat central" ( Telerama.fr). Le réalisateur, né à Roubaix, se souvient de l'impact de ce film : "Ce qui m’a sans doute tant frappé lorsque je découvrais ces images à l’origine de mon film, ce sont ces visages de femmes. Coupables et victimes.” (Note d'intention) Lire plus…
Chemins

Finiels – GR44
Homme public, médecin. Axel Kahn n'a pu conduire sa carrière dans le monde universitaire que grâce aux respirations accordées par la marche. Cette approche me plaît, même si mes ambitions sont plus modestes. Lire plus…Vous n'aurez pas ma haine
Adaptation et mise en scène de Benjamin Guillard
Strasbourg décembre 2018, Cherif, après maints autres délinquants radicalisés, choisit de semer la mort dans la foule d'un Marché de Noël.
Cet acte, à ses yeux, le transformera en martyr héroïque au terme d'un parcours de vie violent, lui dont le prénom signifie noble, illustre. Lire plus…