Arménie


Le drapeau arménien est rouge, bleu et abricot. L'emblème choisit par la nouvelle république en 1991 est celui de l'éphémère État né en 1918. Selon la loi s'y rapportant "le rouge symbolise le plateau arménien, la lutte continuelle du peuple arménien pour la survie, le maintien de la foi chrétienne, la liberté et l'indépendance de l'Arménie. La couleur bleue symbolise la volonté du peuple arménien de vivre sous des cieux paisibles. L'orange c'est le talent créateur et la nature laborieuse du peuple arménien".
Enclavé là où Europe et Asie se rejoignent, à l'articulation des zones d'influence turque, persane et russe, dans ce Petit Caucase qui sépare Mers Noire et Caspienne, l'Arménie a plus subi l'influence de ses voisins qu'elle n'a exercé un rôle sur eux. Cependant au Ier s. av. J.C., Tigrane constitua un empire de la Méditerranée à la Caspienne dont les Arméniens gardent une certaine nostalgie. Alors qu'ils montrent un certain fatalisme devant une situation économique peu enviable, les Arméniens cultivent leur indépendance. D'abord par l'attachement à la langue, qui est restée vivante malgré les tentatives de russification des Soviétiques. Mais aussi par une culture chrétienne indépendante de Rome, de Constantinople et de Moscou. Plus proche du rite oriental, l'Église est vivante. La jeunesse du clergé est évidente et, lors de nos visites dans les monastères, nous avons assisté fréquemment à des baptêmes. Les églises sont noircies par les émanations des cierges que les Arméniens brûlent volontiers.
La moitié de la population résiderait à Yerevan, même si les
statistiques officielles indiquent la présence de 1,1 millions des 3 millions d'habitants dans la capitale. La population totale des Arméniens est estimée à 11 millions. Si cette réalité découle largement du génocide de 1915, les enfants des classes moyennes continuent à s'exiler pour des raisons économiques. Les places de travail sont rares dans un pays où deux salaires sont nécessaires pour faire vivre une famille. Il semblerait que les femmes arrivent mieux à s'insérer dans le monde professionnel car leurs ambitions sont moindres et leur fierté ne les empêche pas d'exercer un travail qui n'est pas en rapport avec leur formation.
Ici encore le contraste entre Yerevan et le reste du pays est frappant : hors de la capitale, l'économie paraît être essentiellement agricole et autarcique. À considérer les moissons et les foins, le rendement reste faible. La production céréalière est notamment insuffisante pour satisfaire la consommation de pain dont les Arméniens sont friands. L'empilement de bouses de bovins comme combustible pour l'hiver indique une précarité certaine.
Armaghan

Armaghan

Toutefois, nous avons rencontré plusieurs Arméniens de la diaspora qui ont décidé de s'engager pour leur pays. Après une vie professionnelle en Europe ou ailleurs, ils retrouvent leurs racines et s'engagent pour ce pays qui a façonné leur identité. C'est eux qui soutiennent la génération «abricot» des Arméniens talentueux et laborieux.
Ce sont par exemple les membres de la direction de KASA, l'association qui a organisé notre voyage, qui cherchent à développer l'emploi en soutenant notamment la formation et le tourisme. C'est aussi Sam, le propriétaire du B&B Old Mill à Getik ou encore Achod et Sveta qui exploitent les chambres d'hôte du Moulin Tatoyan à Getashen.
À des échelles différentes, les propriétaires du
Old Bridge à Yeghegnadzor et Armenak Aslanian, celui d'ArmAs, essaient de valoriser les cépages locaux notamment l'Areni et le Karmrahyut. Si les premiers se sont investis dans le développement d'un business familial, le second vise grand : d'un champ couvert de cailloux en 2007, il a fait un domaine ultramoderne qui produit déjà 150'000 bouteilles grâce à l'expertise d'œnologues italiens.
La chance de l'Arménie est d'avoir une diaspora fortunée qui investit dans le pays. Nombre de monastères ont pu être rénovés, voire reconstruits avec le soutien de ces mécènes. L'engagement dans des outils de production est moins visible mais existe.
Pour que cet élan se maintienne, il est important que le pays diminue l'influence de la corruption.
Transparency.org classe l'Arménie au 107e rang sur 180 pays, une situation plus favorable que celle de la Russie classée 135e. L'arrivée au pouvoir du Premier Ministre Nikol Pashinyan le 8 mai 2018 suscite beaucoup d'espoir dans la population. Les révélations quotidiennes sur les compromissions de l'ancien gouvernement laissent entrevoir aux Arméniens la possibilité d'un meilleur usage de l'argent public et la fin des privilèges.

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Situation géopolitique entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan (IRIS)