Etats-Unis

Noire

de Montaigne Tania, Noire, La vie méconnue de Claudette Colvin suivi de L'assignation, les Noirs n'existent pas. Grasset Livre de poche. 2015, 2018

Porter le nom d'une personne célèbre peut être encombrant, en particulier quand on exerce le même métier. C'est le constat que fait Tania de Montaigne née pourtant près de 450 ans après son illustre homonyme.

Rosa Parks n'est pas Claudette Colvin, parce qu'elle est une victime indéniable, admirable, parce que, de ce fait, elle est tous les noirs. Elle est le miroir tendu, un reflet sans taches, sans ombres. Elle dit à ceux qui la soutiennent leur propre valeur, elle est « bigger than life », plus grande que la vie. Elle est tout à la fois, singulière et universelle.

p. 105

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Green Book

Green Book: Sur les routes du Sud, de Peter Farrelly (Etats-Unis, 2018), avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini, 2h10

Le guide consulté par Don pour sa tournée pianistique dans le Sud ségrégationniste en 1962 est le Green Book destiné spécifiquement aux Noirs voyageant dans les États méridionaux des USA. La comédie de Peter Farrelly et son Happy End qui résonne en conte de Noël jouent sur l'inversion des rôles attendus des protagonistes. En situant l'action en 1962, deux ans avant le Civil Rights Act, les auteurs transforment la réalité violente du racisme en scènes comiques.
Si en soi ce parti-pris permet de souligner le caractère pernicieux du racisme systémique, la chute douceâtre peut faire accroire qu'il ne s'agit que d'un mauvais cauchemar relégué au passé.



Internet Movie Database
Fiche Ciné-Feuilles
Antoine Duplan pour Le Temps
Michel Masserey et Marie-Claude Martin pour RTS Culture

Leukerbad 1951 / 2014

Leukerbad 1951 / 2014. Editions Zoé, 2023.
James Baldwin, «
Un Etranger au village»; Teju Cole, «Corps noir».

En visite à Loèche-les-Bains en 2014, l'écrivain Teju Cole se retrouve dans le village fréquenté par James Baldwin au début des années 1950 et se rapporte à l'essai que ce dernier publia suite à ses séjours. Un passage dans les Alpes valaisannes qui a permis à Baldwin de prendre du recul sur sa condition de noir américain. Les cris des enfants "Neger, Neger" et la curiosité qu'il leur inspire n'expriment pas la même forme de racisme que celle qu'il ressent à New York.

«Il faut concéder à tout cela le charme d'un authentique émerveillement, dans lequel il n'y avait certes pas trace d'une méchanceté intentionnelle, mais pas non plus l'idée que j'étais humain : j'étais simplement une curiosité vivante. » Mais aujourd'hui les enfants ou les petits-enfants de ces enfants sont reliés au monde d'une tout autre façon. Peut-être entre-t-il dans leur vie une part de xénophobie ou de racisme, mais ce qui fait partie de leur vie c'est aussi Beyoncé, Drake et Meek Mill, toute cette musique dont j'entends la pulsation émaner des boîtes de nuit suisses le vendredi soir.

p. 51


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Jusqu'au dernier

Jérôme Félix (scénario) et Paul Gastine (dessins). Jusqu’au dernier. Bamboo, 2019.


Le train sonne le glas de l'ère des cow-boys; désormais le bétail sera transporté par wagons des plaines vers les grands abattoirs de l'Est urbanisé. Dans cette ambiance tendue, un jeune benêt qui accompagne le convoi est tué. Le shérif prétend à un accident, alors que le cow-boy cherche à découvrir la vérité…

Site de l'éditeur

Black Church

Gates Henry Louis. Black Church : de l’esclavage à Black Lives Matter. Labor et Fides, 2023.

Martin Luther King Jr. sur les marches du Lincoln Memorial, USMC-09611

Vu d'Europe, le rôle de la religion dans la société étasunienne semble surdimensionné. La convocation de symboles chrétiens dans la vie politique paraît, parfois, davantage un parangon de moralité qu'une conviction profonde. Les valeurs des États-Unis restent profondément ancrées dans le christianisme et plus particulièrement dans le protestantisme établi en Nouvelle-Angleterre, comme le relevait Russell Banks dans son Amérique, notre histoire.
Les paradoxes de cet attachement à la religion des esclavagistes, identique à celle de leurs victimes, apparaissent très clairement dans la ségrégation de fait des églises. Le panorama de Gates, en complément d'un documentaire diffusé sur la chaîne publique PBS, met en évidence le rôle du christianisme dans la constitution d'une identité spécifique aux populations africaines-américaines.

I think it is one of the tragedies of our nation, one of the shameful tragedies, that eleven o’clock on Sunday morning is one of the most segregated hours, if not the most segregated hours, in Christian America. I definitely think the Christian church should be integrated, and any church that stands against integration and that has a segregated body is standing against the spirit and the teachings ofJesus Christ, and it fails to be a true witness.

Martin Luther King Jr.
Interview on “Meet the Press”
17 avril 1960


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Un livre de martyrs américains

Oates Joyce Carol. Un livre de martyrs américains. Philippe Rey, 2019. Points, Seuil, 2020

La prolifique romancière américaine Oates ne craint pas de thématiser les problématiques sociales qui déchirent les États-Unis. Comme dans Sacrifice, elle essaie de dépasser les clivages qui ne peuvent que légitimer les violences.

Foxe's_Book_of_Martyrs_-_Tyndale

Le martyr de William Tyndale – wikimedia

À l'école pastorale de Toledo, à la bibliothèque, j'avais lu ou tenté de lire le Livre des martyrs de l'Anglais John Foxe. C'était un très vieux livre des années 1500 (un temps si éloigné que je n'arrivais pas à m'imaginer quelle sorte de gens vivaient alors) qui avait été « actualisé » pour le lecteur moderne. Malgré cela, la lecture n'était pas facile. J'avais du mal à lire plus de quelques minutes d'affilée ces descriptions des supplices et des martyrs endurés par des chrétiens protestants opposés à la « papauté romaine ». […] Mais à présent il était clair que Dieu m'avait guidé. […] Je serais transporté de fierté, pensais-je, si devant un vaste auditoire l'éminent professeur Wohlman projetai un jour une photo de Luther Dunphy sur un écran et s'il parlait de moi avec admiration comme d'un martyr de la cause.

p. 125-126

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La grande expérience

Mounk Yascha, La grande expérience, Editions de l'Observatoire, 2022

Titre étrange choisi par Yascha Monk pour son essai politique relatif à l'évolution déroutante des démocraties libérales occidentales. Ce "Great" m'évoque le slogan phare du trumpisme alors que l'auteur, qui se positionne au centre gauche, a une vision ambitieuse des sociétés multiethniques qui caractérisent l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord.

Pour le citoyen d'une démocratie […] le poids démographique de son groupe affectera sa capacité à peser sur les décisions politiques. Tant qu'il sera dans la majorité, il décidera. Dès qu'il passera en minorité, en raison de l'immigration ou de toute autre forme de changement démographique, les lois qui le gouverneront pourront changer du tout au tout. La logique même de l'autogouvernance, qui pose comme impératif éternel de forger des majorités de votants du même avis, pousse le citoyen à exclure des décisions politiques qui le concernent ceux qu'il considère comme différents de lui. […] Les institutions démocratiques attisent plutôt qu'elles n'apaisent les rivalités entre communautés.

p. 15


Cette aspiration est liée à un parcours personnel orienté vers un idéal de justice. Ses ascendants juifs ont quitté la Pologne à la fin des années 1960 lorsque l'antisémitisme a été réveillé par les leaders du parti communiste. Le poids de cette identité juive lui a ensuite rendu l'Allemagne insupportable et l'a entraîné dans un parcours académique aux Etats-Unis, pays dont il a acquis la nationalité. Lire plus…

Céline

Heller Peter. Actes Sud, Babel, 2019.

Roman inclassable, Céline nous emmène dans les paysages de l'Ouest américain. Avec son conjoint, Pete, elle y recherche Lamont, un reporter du National Geographic disparu. Heller montre beaucoup de talent à peindre les paysages côtiers de la Nouvelle-Angleterre et l'atmosphère des Parcs américains du Nord-Ouest, à l'exemple du célèbre magazine.
En plus de cette capacité à enchanter les lieux, il laisse transparaître une réelle affection dans la description de son personnage. À 68 ans, Céline est un être complexe, entre élégance bourgeoise et passions viriles pour le tir et les moteurs puissants. Malgré une santé défaillante, elle s'engage encore une fois comme détective privée pour mettre en lien une fille et son père disparu. Cette quête – une tâche pour laquelle sa réputation est excellente – ravive des souvenirs douloureux de sa jeunesse.
Le roman alterne introspection et action policière, lui conférant ce climat tout particulier.

[…] l'incident l'avait revigorée. Lui avait rendu force et rapidité. Il avait vu à quelle vitesse elle avait réagi, s'était levée au lieu de se recroqueviller, scrutant et cherchant, repérant les angles de tir protégés. Il remarqua aussi que sa respiration était plus calme, plus ample. Il était bien obligé d'en conclure que ce genre d'instant critique la rendait heureuse. De quoi être émerveillé. Enfin, peut-être.

p. 367



Le site de l'éditeur
Richard Werly pour Le Temps

Bas les masques

Bas les masques (Deadline USA) de Richard Brooks, avec Humphrey Bogart, USA, 1952. 1h27.

En 70 ans, la situation a peu évolué. La presse de qualité reste un secteur fragile et convoité par les acteurs économiques comme l'attestent, en France, les débats autour de Vincent Bolloré. Au cœur de ce film policier, Ed Hutcheson (Humphrey Bogart) tente de sauver le journal de sa vie, The Day, pour défendre la liberté d'expression.

Internet Movie Database
Présentation du film pour Ciné-Feuilles


Dalton Trumbo

Dalton Trumbo de Jay Roach, Etats-Unis, 2015, 1h58

Le biopic consacré à Dalton Trumbo nous rappelle que la subversion a toujours susciter pour le moins la méfiance des États, même démocratiques. En particulier la crainte viscérale du socialisme et du communisme permet à l'administration étasunienne de discréditer tout discours en faveur des oubliés de la prospérité. Dans l'élan de la Guerre froide, le sénateur du Wisconsin, Joseph McCarthy lance une véritable chasse aux sorcières contre les «ennemis de l'intérieur». Une attention particulière est dirigée contre les célébrités hollywoodiennes qui ont la capacité de focaliser l'attention du public. Le film de Roach montre que les affiliations partisanes et les relations sociales semblent mobiliser davantage les enquêteurs que le contenu des films.
Trumbo avait un don pour écrire des scénarios et, à ce titre, était très sollicité. Toutefois son affiliation au Parti communiste est rédhibitoire; ses employeurs sont victimes de représailles utilisant les mêmes topiques que les propagateurs de vérités alternatives aujourd'hui. Trumbo doit réduire drastiquement son train de vie et, pour entretenir sa famille, il enchaîne les scénarios à vil prix pour des producteurs de troisième zone qui exploitent sa faiblesse. Toutes les victimes du maccarthysme n'auront pas cette opportunité et nombreux seront acculés à l'indigence par l'interdiction de travailler.
La notoriété de Kirk Douglas et d'Otto Preminger lui permettra en 1960 de sortir de la Liste noire. Les réalisateurs de Spartacus et d'Exodus insistent en effet pour que le scénariste apparaisse au générique sous sa véritable identité. Cette reconnaissance ne signifie pas encore la fin de l'ostracisme envers les supposés ennemis de l'état qui n'interviendra qu'une dizaine d'années plus tard.
Cette situation inhérente à la Guerre froide n'était pas propre aux États-Unis comme l'«affaire des fiches» qui éclate en Suisse en 1989 l'a montré. Cette méfiance atavique des Américains envers le socialisme reste un ressort des actuelles campagnes républicaines.

Antoine Duplan pour Le Temps
Internet Movie Database
Présentation du film pour ciné-feuilles
Fiche AFCAE
Affaire des fiches – archives RTS
dhs – anticommunisme (en Suisse)

Soupçon de liberté

Sexton Margaret Wilkerson, Un soupçon de liberté, Arles, Actes Sud, 2020.

En se concentrant sur trois périodes déterminées de l'histoire récente de la Nouvelle-Orléans, Margaret Sexton nous propose une clé de compréhension des inégalités raciales dans le Sud étasunien. Trois générations en recherche d'une liberté si difficile à obtenir que les galères semblent inéluctables. Le contexte qui empêche de s'élever contraint-il au déclin ou des choix personnels pertinents permettraient-ils de vaincre cette fatalité ?
Aux inégalités préexistantes, viennent s'ajouter des circonstances aggravantes. En choisissant 1944, 1986 et 2010, Sexton indique les marqueurs que constituent la Seconde Guerre, la politique néolibérale de Reagan et l'ouragan Katrina en Louisiane. Lire plus…

Le silence d'Isra

Rum Etaf. Le silence d’Isra. Pocket, Éditions de l’Observatoire, 2021.

Américaine d'origine palestinienne, Etaf Rum, connait la situation des femmes musulmanes de New York. Son roman, autour de trois générations de établies à Brooklyn, offre une perspective qui tranche avec la tendance française à se focaliser sur la religion islamique. Il souligne ainsi la richesse que représente les différents points de vue pour la compréhension des phénomènes sociétaux.

« Ce n'est pas parce que tu es née ici que tu es américaine. Tant que tu vivras au sein de cette famille, tu ne seras jamais américaine. »

p. 316

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L'homme qui meurt

Baldwin James, L’homme qui meurt, Paris, Gallimard, Folio 2019.

Leo Proudhammer est terrassé par une crise cardiaque alors qu'il est sur scène. Cet accident l'oblige à se mettre au repos et l'incite à faire le point sur sa singularité d'homme noir et homosexuel dans le milieu théâtral.  Ce dispositif narratif permet à Baldwin de traiter ses thèmes de prédilection de manière moins polémique que dans ses essais... mais moins convaincante aussi !
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Margaret Mitchell

Edwards Anne, Margaret Mitchell : biographie, Belfond, 1991 (1983)

Parue il y a trente ans en français, la biographie de l'auteur d'Autant en emporte le vent donne une idée de l'évolution des mentalités... et des pesanteurs de la société. Alors que le roman parait dans une nouvelle traduction française, le film est retiré du catalogue de le plateforme de streaming HBO Max pour ne pas exacerber les violences raciales.

Peggy s'était attachée à restituer la richesse du dialecte des Noirs, sans pousser le mimétisme jusqu'à présenter au lecteur un jargon incompréhensible. Le langage adopté se voulait donc un compromis délicat entre l'« authentique petit nègre » et quelque chose qui d'un point de vue pratique ne serait pas trop indigeste pour les presses à imprimer.

p. 183

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Blanc autour

Lupano Wilfrid et Fert Stéphane, Blanc autour. Dargaud ,2020.


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Opposer un Sud raciste et esclavagiste à un Nord abolitionniste et ouvert est une lecture réductrice de la situation sociale des Etats-Unis. Le roman graphique de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert gomme ce stéréotype.
L'histoire débute en 1832 à Canterbury, Connecticut. L'arrivée d'une nouvelle élève sème le désordre dans une école : elle est noire.  Non seulement, Prudence Crandall gère-t-elle une école destinée aux filles, mais de plus elle accepte une élève noire.  Une récente affaire dans le Sud avait eu un immense impact : la rébellion de Nat Turner en Virginie dont la bande tua une soixantaine de personnes, hommes, femmes et enfants, blancs. Ayant appris à lire, écrire et compter, Nat Turner lisait la Bible avec passion; il était sujet à des visions mystiques qui le menèrent à commettre ce crime. Pour la population blanche cette révolte ravive la crainte d'un soulèvement général des esclaves.
Les habitants considéraient avec raillerie l'éducation des femmes, et l'arrivée de Sarah dans la classe suscita un tollé. L'institutrice refusant de la renvoyer, c'est les parents qui retirèrent leurs filles de l'école. Persévérante, Prudence Crandall prit alors le risque de proposer son enseignement à un public de jeunes filles noires. Cette obstination a été très mal reçue par les habitants qui tentèrent diverses manœuvres légales pour interdire l'école, sans succès.
En s'inspirant de ce fait divers Wilfrid Lupano nous rappelle que le racisme et le patriarcat font durablement partie de l'histoire humaine. L'ambiance onirique des dessins de Stéphane Fert caractérisés par la forte expressivité des personnages ajoute de l'émotion à ce témoignage.

Marlène Métrailler vertigo RTS
Site de l'éditeur

La charité et l'hôpital

Edin Vincent, Quand la charité se fout de l'hôpital, Enquête sur les perversions de la philanthropie. Rue de l'échiquier, Les incisives, 2021.

Ce volume n'usurpe pas le nom de la collection ! L'essai de Vincent Edin sur les limites de la défiscalisation de la philanthropie et ses conséquences pour l'État démocratique est mordant. Le titre paraîtrait inutilement accrocheur si Brigitte Macron ne patronnait pas la récolte de dons pour les hôpitaux publics de France alors que son mari justifie les restrictions budgétaires du Ministère de la Santé. En mettant en évidence la fragilité des structures de soin, la pandémie de Covid-19 montre les limites de la délégation du financement de certains services que l'on attend de l'État socio-libéral à la philanthropie. Lire plus…

Que ton règne vienne

Gonzalez Philippe, Que ton règne vienne : des évangéliques tentés par le pouvoir absolu. Labor et Fides, 2014.

L'enquête sociologique de Philippe Gonzalez “restitue l'ethnographie d'un objet religieux contemporain”. Cette approche permet à l'auteur de proposer un aperçu de la constellation évangélique en Suisse romande.
Ses observations détaillées l'amènent cependant à étendre sa recherche aux entrepreneurs de religion étasunien et à leur rhétorique qui influencent de manière plus active les mouvements évangéliques que les autres églises protestantes. Lire plus…

Underground Railroad

Whitehead Colson, Underground Railroad. Le Livre de poche, 2017.

Eastman Johnson, A Ride for Liberty – The Fugitive Slaves, Brooklyn Museum – wikipedia (en)

Brooklyn Museum Ride_for_Liberty Fugitive_Slaves Eastman Johnson
C'est dans les plantations de coton de Géorgie, peu avant la Guerre de Sécession, que nous rencontrons Cora, une jeune esclave dont la grand-mère a été arrachée à l'Afrique. L'héroïne de Colson Whitehead tente de fuir son destin en utilisant les ramifications les plus au sud du réseau clandestin. Cette échappée permet au romancier new-yorkais de brosser un portrait de l'esclavage et de ses conséquences à long terme pour la société américaine. L'auteur montre en particulier une angoisse de perdre le contrôle de la situation, accentuée par la pensée abolitionniste. La fuite de Cora la fait traverser plusieurs Etats dont les politiques d'exploitation, sous couvert d'endiguement des Noirs, diffèrent beaucoup.

Les Blancs étaient venus sur cette terre pour prendre un nouveau départ et échapper à la tyrannie de leurs maîtres, tout comme les Noirs libres avaient fui les leurs. Mais ces idéaux qu’ils revendiquaient pour eux-mêmes, ils les refusaient aux autres. Cora avait entendu maintes fois Michael réciter la Déclaration d'indépendance à la plantation Randall, sa voix flottant dans le village comme un spectre furieux.
Elle n’en comprenait pas les mots, la plupart en tout cas, mais «naissent égaux en droits» ne lui avait pas échappé. Les Blancs qui avaient écrit ça ne devaient pas tout comprendre non plus, si «tous les hommes» ne voulait pas vraiment dire tous les hommes. Pas s’ils confisquaient ce qui appartenait à autrui, qu'on puisse tenir ce bien dans sa main — comme la terre – ou non – comme la liberté.

p. 160

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Des vies à découvert

Kingsolver Barbara, Des vies à découvert, Rivages 2020.

Barbara Kingsolver situe ce roman à Vineland, New Jersey. Ses références aux origines de cette communauté rappellent des invariants de la politique américaine, une certaine «mythologie» étasunienne.

[Les paysans] refusent de croire qu'on les a abusés en les poussant à amasser leur richesse pour les maîtres de cette ville.
– Aucun homme ne veut entendre qu'il a été un imbécile.
– Mais ils entendent, et ils persistent. Landis leur vend son contrat, ce Vineland égalitaire où tous les hommes ont la même chance, et ils lapent ça comme des chats le lait à leur écuelle. Ils sont tous pour le grand capitaine, alors qu'il les ligote et dévore leur âme et leurs biens. D'une certaine façon, il les amène à se ranger contre leur camp.
– Ils préfèrent se penser bientôt riches plutôt qu'irréversiblement pauvres.

p. 329

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Cinq branches de coton noir

Sente Yves et Cuzor Steve, Cinq branches de coton noir. Dupuis, Aire libre, 2018.

BD coton noir
Le roman graphique de Yves Sente illustré par Steve Cuzor reprend les codes de la bande dessinée pour traiter de la question raciale. Son héros, Lincoln Bolton, est un soldat noir américain de la Seconde guerre mondiale relégué, par sa couleur, dans des tâches subalternes en Angleterre. Désireux comme nombre de ses compatriotes de rejoindre les unités combattantes, il est victime de la ségrégation qui marque profondément toute la société américaine et, en particulier, les corps constitués.
Sente rappelle que le refus de Hitler de serrer la main de Jesse Owens aux Jeux Olympiques de Berlin est plus connu que celui du Président Franklin D. Roosevelt, en campagne pour sa réélection. La crainte que l'engagement patriotique des descendants d'esclaves nécessite une reconnaissance amène un bouleversement sociétal primait sur les considérations stratégiques à court terme. La division des tâches au sein de l'armée rend vraisemblable les discriminations racistes qui parcourent tout l'ouvrage.
Le scénario qui valorise l'engagement de Lincoln et de ses pairs en vue de réhabiliter des Afro-américains paraît cousu de fil blanc : la quête sera fructueuse. En laissant dans l'ombre les branches de coton noir, le scénariste traduit parfaitement son intention de rendre hommage “[à] tous ceux qui se sont battus pour la reconnaissance de l'égalité des races [et à] tous ceux qui, malheureusement, doivent encore le faire, aux États-Unis ou ailleurs”.
Le dessin de Cuzor entretient magnifiquement la tension dramatique et souligne l'héroïsme des protagonistes en donnant au récit un aspect véridique.

Site de l'éditeur
Soldats noirs – Troupes françaises et américaines dans les deux guerres mondiales (centre de recherches ACHAC – Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Coloniale)

Moissons funèbres

Ward Jesmyn. Les Moissons Funèbres. 10/18 Globe, L'école des loisirs, 2016

Le privilège de recevoir une bonne éducation et la perspective de grimper un jour l’échelle sociale, je les devais aux mains de ma mère et à son inexorable coup de balai. Tout cela était injuste.

p. 230

Le récit autobiographique de Jesmyn Ward donne un éclairage vibrant sur le racisme ordinaire aux États-Unis. En pleine vague provoquée par la mort violente de George Floyd et le flux d'images symboliques qui l'a suivie, ce texte témoigne de l'importance de l'estime de soi. Lire plus…

Edward Hopper

Fondation Beyeler

Study of a Landscape with Train Passing Houses Whitney Museum


Cette exposition de l'artiste américain Edward Hopper (1882-1967), en partenariat avec le Whitney Museum of American Art, New York, présente une soixantaine d'œuvres en provenance, pour l'essentiel, de musées d'Outre-Atlantique.

Mon objectif en peinture a toujours été la transcription la plus exacte possible de mes impressions les plus intimes de la nature.

Edward Hopper
Notes on painting, 1933

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Élégie pour un Américain

Hustvedt Siri. Elégie pour un Américain. Roman. Babel. Actes Sud, 2008

En intégrant dans son roman des extraits des Mémoires de son père à l'usage de ses proches, Siri Hustvedt, lui ajoute une forte composante autobiographique. Cette dimension est confirmée par la Chronique d'hiver de son mari, Paul Auster. Lire plus…

Chronique d'hiver

Auster Paul. Chronique d'hiver. Babel, Actes Sud, 2013.

Tout livre de mémoires comporte des trous, il est évident qu on ne peut raconter certaines histoires sans faire de la peine à d’autres ou à soi même, qu’une autobiographie est sous-tendue par des questions de perspective et de connaissance de soi, des refoulements et de franches illusions.

Élégie pour un Américain
Siri Hustvedt, p. 20

Dans sa chronique, Paul Auster fait un inventaire de sa vie. Ecrit alors que l'écrivain new-yorkais avait 64 ans, ce texte est une collection des souvenirs qui font un homme et… Lire plus…

Motherless Brooklyn

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn), de et avec Edward Norton (Etats-Unis), avec Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin, Bruce Willis, Willem Dafoe, Cherry Jones, 2h25.



Film policier, mais pas que…
Dans New-York des années 1950, Fred, directeur d'une petite agence de détectives, est tué lors d'une enquête. Ses associés, une bande de patauds, poursuivent ses investigations.
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The Rider

The Rider, de Chloé Zhao (Etats-Unis, 2017), avec Brady Jandereau, Tim Jandreau, Lily Jandreau, Mooney Gus, 1h44



la vision du Far West de Chloé Zhao, américaine d'origine chinoise, déroge aux règles du genre. Elle réalise un film impressionnant.

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RBG

RBG de Betsy West et Julie Cohen (1 h 38).
Projeté dans le cadre de Planète Femme(s) et en présence de Marie-Pierre Bernel, juge auprès du Tribunal cantonal vaudois.
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Un autre pays

Baldwin James. Un autre pays. Gallimard, 1964.

Le roman de Baldwin Another Country ramène constamment au thème de l'altérité, dont la ségrégation raciale n'est qu'une forme.

Elle avait toujours beaucoup attendu de Rufus, et la couleur de la peau avait pour elle une importance considérable. Elle dirait: « Tu n'aura!s jamais regardé cette fille, Rufus, si elle avait été Noire. Mais tu ramasserais n'importe quelle ordure blanche parce qu'elle est blanche. Que t'arrive-t-il ? Tu as honte d'être un Noir ? »

p. 47

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Sacrifice

Oates, Joyce Carol. Sacrifice : Roman. P. Rey, 2016. Points Seuil

Une excellente tasse de café qui laisse un arrière-goût amer.
Voilà l'image qui me vient en fermant ce livre.

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Pardon pour l'Amérique

Philippe Rahmy (2018). Pardon pour l'Amérique. Paris: La table ronde.

Je cherche ma voix et je la trouve là où ça tremble, grince, gémit.

p. 260

Livre polymorphe que ce texte posthume de Philippe Rahmy. A 10 ans, il avait découvert Baudelaire grâce à une jeune fille au pair. Gaby l'aidait dans les gestes de la vie quotidienne alors que sa maladie des os de verre l'enfermait. Cette ouverture, plus exaltante que les anticipations d'un Jules Verne, pourrait expliquer la forme poétique des textes de Rahmy.

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Boy Erased

Boy Erased, de et avec Joel Edgerton (Australie, Etats-Unis, 2018), avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Xavier Dolan, 1h55.

Le film pourrait être considéré comme drame psychologique s'il n'était pas basé sur le récit autobiographique de Garrard Conley. Sobre, il dénonce les excès d'une société moralisatrice pour laquelle l'homosexualité est la résultante d'un comportement induit par des tares familiales (drogue, alcoolisme, indigence, drogue, etc). Lire plus…

L'origine des autres

Modele Joseph
Morrison Toni. L'origine des autres. Bourgois, 2018.

Théodore Géricault, Étude d'homme, d'après le modèle Joseph (1818-19) dit aussi Le nègre Joseph


En marge de l'exposition Le modèle noir de Géricault à Matisse, l'essai dense de la romancière Toni Morrison permet d'enrichir la réflexion sur le racisme et la race. Sa notoriété de femme noire lui donne un certain crédit dans l'analyse de la construction de l'altérité. Dans une série de conférences prononcées à Harvard, elle étudie le rôle du Noir dans la littérature. Elle relève notamment quelques constances : “Dans une grande partie de la littérature américaine, quand l'intrigue requiert une crise familiale, rien n'est plus répugnant qu'un rapport sexuel consenti entre les races. C'est l'aspect consenti de ces relations qui est rendu scandaleux, illégal et abject." (p. 41).

Qu'est-ce que la race (en dehors de l'imagination génétique) et pourquoi importe-t-elle ? Une fois ses paramètres connus […], quel comportement exige-t-elle/encourage-t-elle? La race est la classification d'une espèce et nous sommes la race humaine, point final.
Alors quelle est cette autre chose : l’hostilité, le racisme social, la fabrication de l'Autre ?

p. 25

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Pardon pour l'Amérique

Pardon pour l'Amérique
Sur des
textes de Philippe Rahmy

Quel choc. Ce texte porté sur la scène qui brille comme un animal écorché: Le langage nu, éblouissant, insupportable, dévoilé. Le langage sans rien.

p. 307

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If Beale Street Could Talk

Si Beale Street pouvait parler (If Beale Street Could Talk), de Barry Jenkins (Etats-Unis, 2018), avec KiKi Layne, Stephan James, Regina King, Colman Domingo, 1h59.

Tish et Fonny s'aiment; ils recherchent un appartement pour abriter leur amour. La tâche n'est pas aisée pour un couple noir dans le New York des années 1970. Accusé de viol par un policier véreux, Fonny est incarcéré.
C'est en prison qu'il apprend qu'il va devenir père. Tish et sa famille se mobilisent pour tirer Fonny de sa prison. Cette lutte sert de fil conducteur au film. Le “méchant”, blanc, empêche au couple de vivre son bonheur. Ce renversement des rôles n'est pas totalement convaincant…
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Sunset Park

Sunset Park, Paul Auster, Actes Sud, Babel, 2011

Lorsque mis sous pression Miles décide de revenir à New York, il ne se doute pas que son fidèle ami Bing lui propose un logement dans un squat foireux.
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CollectionMet

The Five points Met collection


Son hall central est une véritable ruche bourdonnante. les galeries qui donnent accès aux diverses ailes sont des lieux de passage qui font davantage penser à une station de métro qu'à un musée. Dès que l'on entre dans les salles d'exposition, il est possible de prendre plaisir à découvrir la diversité de la production artistique humaine. Notre guide Lonely Planet le signalait : visiter The Met se prépare comme un plan d'attaque. Nos voisins de la cafétéria (pas le meilleur endroit) évoquaient aussi les diverses options pour minimiser les coûts d'entrée.
Pour passer du Washington franchissant le Delaware à la fresque America Today de Thomas H Benton, des Roses de van Gogh au décor floral d'un portrait de Shah Jahan sur une miniature indienne, il est bien utile de profiter des trois jours consécutifs de validité du billet d'entrée.

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Whitney

Le panorama de l'art moderne américain Where We Are: Selections from the Whitney’s Collection, 1900–1960 vu l'an dernier est toujours accrochée, même si un certain nombre de tableaux ont changé.
L'exposition Programmed: Rules, Codes, and Choreographies in Art, 1965–2018 permet de mesurer l'impact de la technologie et de la pensée computaionnelle dans l'art. blogTopperEntry Lire plus…

Marc et Macke

La Neue Galerie. Museum for German and Austrian Art, occupe une élégante demeure de la cinquième Avenue, à proximité du Metropolitan Museum.
Érigé en 1914, le bâtiment n'étant pas initialement prévu à cette fin, l'accueil et la circulation dans ce musée sont quelque peu rébarbatifs. Lire plus…

Armenia!

Après avoir admiré les monastères arméniens, reconstruits dans leur environnement montagneux, la mise en scène de divers objets en provenance de cette région permet de mieux comprendre leur originalité.

Les quatre évangélistes, Vaspurakan Met collection


Vaspurakan – évangélistes Lire plus…

Eloge de la peinture

Peinture hollandaise au Met


The Met dispose d'espaces qui permettent de mettre en valeur ses immenses collections. Celles des maîtres hollandais du XVIIe s font partie des premières acquisitions de The Met avec des œuvres de Rembrandt, Hals et Vermeer.

Allégorie de la foi catholique

Vermeer, Allégorie de la foi catholique


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DUMBO

La série Big Onion nous a conduit par un dimanche matin froid et venteux à la découverte de Brooklyn. Nous avons parcouru plus spécifiquement Vineagar Hill et DUMBO, Down Under the Manhattan Bridge Overpass. Bien que la thématique ne soit pas spécifiquement migratoire, on constate que le développement économique de la ville de New York est directement lié à l’afflux de population.
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Immigration - version politique

La seconde activité faite avec l’organisation Big Onion est à nouveau consacrée à l’immigration dans le Lower East Side. Le guide qui nous fait découvrir Immigrant New York aborde davantage les aspects politiques.
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Immigration - version alimentaire

blogEntryTopperL'immigration influence de manière importante l'identité new yorkaise. Si les États-Unis sont considérés comme une nation d'immigration, la métropole en est le pôle le plus représentatif. Big Onion propose un “Original Multi-Ethnic Eating Tour" qui permet de raconter l'immigration dans le Lower East Side par la nourriture. Lire plus…

Freer | Sackler

Encore un musée sous la bannière de la Smithsonian Institution dont l'accès gratuit est une invitation à butiner dans divers champs artistiques, culturels et scientifiques. Les collections Freer et Sackler sont consacrées aux arts asiatiques. Une muséographie sobre mais étudiée permet de mettre en évidence les spécificités des pièces présentées. Évidemment, cette mise en images oriente le regard du visiteur. Lire plus…

Newseum

The mission of the Newseum, located in Washington, D.C., is to increase public understanding of the importance of a free press and the First Amendment. Visitors experience the story of news, the role of a free press in major events in history, and how the core freedoms of the First Amendment — religion, speech, press, assembly and petition — apply to their lives.

Site du musée
qui a fermé le 31.12.2019 Lire plus…

National Gallery of Art

La National Gallery of Art est un lieu de perdition. Musée généraliste dans un décor grandiloquent – pour le bâtiment historique aménagé autour de sa rotonde et ouvert en 1941 – il expose peintures, sculptures, mobilier européens et américains.
L'aile ouest, inaugurée en 1978, de l'architecte I. M. Pei présente des œuvres modernes et contemporaines. L'accrochage, dans l'une des tours, des 14 panneaux de The Stations of the Cross--Lema Sabachthani de Barnett Newman et dans la salle adjacente de magnifiques Rothko est particulièrement attirant.
Le site de l'institution mérite une visite : chaque œuvre est détaillée y compris les milliers qui n'ont pas la place d'être accrochées.blogEntryTopper Lire plus…

Le Tonneau magique

Bernard Malamud, «Le tonneau magique», traduit de l’américain par Josée Kamoun, Rivages

Treize nouvelles, chacune consacrée à des gens ordinaires, artisans fraichement immigrés ou installés de plus longue date.
La plupart de ces portraits publiés en 1959 sondent l'âme humaine et pas toujours sa meilleure part.

Le métro le conduisit jusqu'à la 116e rue, et de là, il s'aventura dans un monde obscur et sans repères. Il était vaste, ce monde, et ses lampes n'éclairaient rien du tout. Partout des ombres, souvent mouvantes. Manischevitz claudiquait en s'appuyant sur sa canne, ne sachant où chercher dans ces immeubles de rapport noircis, scrutant en vain à l’intérieur des boutiques à travers la vitrine. Il y voyait des gens, et ces gens étaient tous noirs - il n'en revenait pas.

L'ange Levine – p. 64-65

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Lady Bird

Lady Bird, de Greta Gerwig (Etats-Unis, 2017), avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Timothée Chalamet, 1h34.

En se créant une identité "Lady Bird" cherche à se faire accepter dans son lycée malgré ce qu'elle juge être des tares… La vie d'une lycéenne comme tant d'autres qui hésite entre conformisme et originalité. Saoirse Ronan (Christine Lady Bird) et de Laurie Metcalf (sa mère) sauvent par leur interprétation un film conformiste… Lire plus…

Pentagon Papers

Pentagon Papers (The Post), de Steven Spielberg (Etats-Unis, 2017), avec Meryl Streep, Tom Hanks, Bruce Greenwood, Matthew Rhys. 1h56.

L'intérêt du film est de souligner que le conflit entre la presse et la Maison-Blanche n'est pas contemporain à Trump… Certes, Nixon n'abuse pas de l'expression Fake News Media même s'il ne se satisfait pas du traitement de l'informations par certains d'entre eux. Lire plus…

African American Museum in Philadelphia

Fondé à l'occasion du Bicentenaire de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, cette institution était la première à témoigner de l'importance de l'héritage afro-américain de la nation. Sa présence à Philadelphia rappelle l'importance de cette ville dans le combat abolitionniste.

Site du musée

Barnes Foundation

Depuis 2012, la Fondation est présentée dans un nouveau bâtiment qui reconstitue en son sein les espaces originaux de la galerie commanditée par Barnes dans sa propriété de Merion. Cet industriel de la pharma et collectionneur d'art avait proposé une présentation très singulière de ses richesses (181 Renoir, 69 Cézanne, 59 Matisse,…) très éloignée des coutumes muséales… blogEntryTopper Lire plus…

Museum of the American Revolution

En mettant en scène sa collection d'objets, de documents et de peintures liés à la Révolution américaine, ce récent musée suscite si bien la curiosité… que nous n’avons eu le temps de nous intéresser qu’au contexte et aux premiers événements de cette Guerre d’indépendance présenté dans la section How did people become Revolutionaries ?
Les aléas subis par la tente de campagne de George Washington sont prétexte à une dramatisation qui permet de glorifier la figure du Premier Président et interroge sur la distance critique de l'exposition…

Site du musée

Longwood Gardens

Les jardins de la famille d'industriels du Pont de Nemours sont ouverts depuis 1946 au public… en vue de réduire leur contribution au fisc. Ce raccourci ne rend pas justice aux précurseurs qui, dès 1700, valorisèrent ce terrain en exploitant une ferme. Pierre du Pont acquit ce domaine en 1906 et le transforma en un lieu d'agrément. Outre les magnifiques collections botaniques et l'arboretum, les jeux d'eaux de ce site en font un lieu très fréquenté. Longwood gardens

Brandywine River Museum of Art

Le site de Brandywine construit à Chadd's Ford PA, où vécut Andrew Wyeth (1917-2009), offre des résidences à des artistes qui perpétuent ainsi la tradition du réalisme américain comme le montre l'installation vidéo de Dylan Gauthier : Highwatermarks (2017)
Andrew Wyeth

Andrew Wyeth, Kuerners Ban and Hill, 1941


Site du musée

Le livre des Baltimore

Joël Dicker, «Le Livre des Baltimore», Ed. de Fallois, 2015

Marcus Goldman a passé son enfance à envier sa famille de Baltimore. Il a toujours vu une préférence de ses grands-parents pour son oncle, sa tante et son cousin du Maryland dans leur luxueuse maison d’un quartier de privilégiés. Avec ses parents de la middle class, l’existence est certes confortable à Montclair NJ, mais dépourvue de ce panache, de cette audace qui leur permet d’accueillir Woody, enfant rebelle, en son sein.
Marcus, le narrateur, est devenu écrivain. Il a promis ce livre en hommage aux Goldman après le drame qui a frappé la famille.
Le roman de Dicker se laisse lire facilement, sans susciter l’enthousiasme. L’utilisation du Drame comme repère chronologique agit comme un efficace teasing. La structure gigogne de l’ouvrage, Marcus étant à la fois narrateur et écrivain, enfant ébahi devant la grandeur des Goldman-de-Baltimore et adulte survivant du Drame, est intéressante, sans que Dicker ne semble entièrement parti et oser rompre avec une certaine linéarité de son récit.

Critique sur vice-versa littérature
Site de l’éditeur

Délivrances

Délivrances, Toni Morrison, Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière, 10/18, 2015

Il n'a pas fallu plus d'une heure après qu'ils l'avaient tirée d'entre mes jambes pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Vraiment pas. Elle m'a fait peur, tellement elle était noire, Noire comme la nuit, noire comme le Soudan. Moi, je suis claire de peau, avec de beaux cheveux, ce qu'on appelle une mulâtre au teint blond, et le père de Lula Ann aussi. Y a personne dans ma famille qui se rapproche de cette couleur. Ce que je peux imaginer de plus ressemblant, c'est le goudron; pourtant, ses cheveux ne vont pas avec sa peau. Ils sont bizarres : pas crépus, mais bouclés, comme chez ces tribus qui vivent toutes nues en Australie.

p. 13

Dès les premières lignes, le ton est donné. Le roman de Toni Morrisom est âpre, pour ne pas avoir le mauvais goût de dire qu'il est noir, comme le racisme dont il traite. Lire plus…