Cocon
10 05 24 BD

La métaphore de la sériciculture est embellie par le trait doux et poétique de la mangaka Kyō Machiko. Pourtant les cocons sont ébouillantés pour assurer la qualité de la soie et quelques-uns seulement sont épargnés pour assurer la prochaine génération.
Lorsque j'ai entendu le récit de l'escadron Himeyuri d'Okinawa, qui a été à l'origine de mon inspiration, j'ai imaginé ce que j'aurais fait si, à cet âge-là, j'avais été confrontée à un tel quotidien. S'il existe un moyen de se battre contre une réalité cruelle ou un ennemi trop grand, cela pourrait bien être notre douce imagination.
Postface
L'innocence de cette scène scolaire détonne avec le sujet du livre. De son enfance, l'autrice se souvient d'avoir eu très peur de la guerre. Une terrible réalité dans laquelle ont été enrôlées des élèves d'Okinawa, au nom du devoir patriotique. Alors que les garçons étaient voués à la conscription et incités au combat jusqu'à la mort, ces jeunes filles ont été mobilisées comme infirmières pour accomplir une tâche que l'autrice assimile, dans un plan renversant, à balayer une plage de tout le sable.
À l'instar de Mizuki Shigeru, qui a trouvé dans le lien à la nature et dans le monde des Yokaī les ressources pour s'émanciper des violences, Kyō Machiko voit dans la capacité de la chrysalide à déchirer elle-même son cocon la possibilité d'appréhender le monde par soi-même.
Un message d'espoir qui incite à considérer avec la plus grande méfiance la propagande haineuse, moteur des guerres. L'unique objectif des survivantes est de retourner à l'école, coûte que coûte : un appel à une éducation qui permette de découvrir le monde dans toute sa complexité ?
Le site de l'éditeur
Fausto Fasulo et Matthieu Pinon pour Les Midis de Culture