Mochizuki rend cette distanciation tangible par un cadrage qui insiste sur ses excentricités. Un goût prononcé pour les belles chaussures et la coupe de cheveux parfaite, la fierté de sa femme, lui permettent de représenter le héros en détaillant le plissé de son pantalon ou sa nuque.

En y réfléchissant bien, mes peurs et inquiétudes sont généralement causées par de simples excès de réflexion concernant des choses qui ne sont même pas encore arrivées.

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Ce souci de la mise en scène transparaît également dans sa manière de figurer la relation à sa mère et à son fils. Il se dessine souvent capricieux, lové au pieds de sa maman, alors qu'il se figure en gardien bienveillant de son enfant. Une bienveillance qu'il ne s'applique pas à lui-même, jugeant avec sévérité des ruminations qu'il sait représenter envahissantes. Des pensées qui empêchent son élan créateur et qui l'affectent autant que Mizuki, même si sa condition matérielle n'est pas aussi périlleuse.

Un idiot comme moi se sent tout à coup capable de devenir un maître de la littérature, avec l'impression de tenir une brillante histoire au bout de la plume.

p. 137

La remarquable capacité de suggestion de Mochizuki lui permet d'illustrer avec délicatesse l'empathie ou avec humour la naïveté enfantine. Bien que reprenant comme un mantra le leitmotiv du mangaka englué dans le quotidien, Mochizuki/Mochitarō garde la capacité de nous élever par une conscience aiguisée de soi.
 
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Fausto Fasulo et Matthieu Pinon pour Les Midis de Culture

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