L’hygiène tient une grande place dans la vie nippone; elle se matérialise par ses washlet iconiques ou la pratique du bain public et s’observe concrètement dans le bon état général des toilettes. On pourrait voir dans l’attachement du nettoyeur de toilettes publiques au passé une nostalgie, voire une obsession qui se mue en rituels quotidiens. Elle traduit, à mon sens, davantage les paradoxes que j’ai observés au Japon. La coexistence d’une vie à l’américaine et de traditions ancestrales, voire une crainte du changement dans une société qui évolue rapidement. Une constante de l’histoire qui implique, plus qu’ailleurs, que les nouvelles pratiques s’ajoutent aux précédentes sans s’y substituer.
L’engagement de Harayama dans son travail caricature-t-il le monde professionnel japonais, bien que certains observateurs détectent maintenant une tendance à l’abandon des valeurs traditionnelles. Son impassibilité face à la désinvolture de son jeune collègue Takeshi, même lorsque ce dernier lui révèle la valeur des cassettes vintage qu’il écoute lorsqu’il se déplace dans l’entrelacs de ponts routiers de Tokyo, interroge.
La modernité des édicules qu’il entretient contraste avec son équipement; le décor urbain magnifié par la photographie de Wenders répond à la vétusté du logement du nettoyeur. Ces contrastes mettent plus en lumière une philosophie de vie qu’une opposition sociale. Harayama est un homme serein : ses lectures le mettent en lien avec la bouquiniste, ses observations des arbres le connectent dans la nature. Cette plénitude traduit une atmosphère qui émane du Japon et contribue à son idéalisation.

Site officiel
Norbert Creutz pour Le Temps
Rafael Wolf pour RTS culture
Internet Movie Database
Dossier de presse Haut et Court

Tags Cinéma, Japon, Société