Economie

Écolo Swing

Sketch’Up Cie



Quelques fables pour dire les tensions de notre monde actuel, décalage entre un texte en alexandrins – forme classique considérée autrefois comme indépassable – et urgence d'une terre qui crie. Ecrits, en partie pendant les confinements COVID, ces vers rappellent que la crise peut rendre créatif et que les émotions qu'elle réveille sont capables de donner sens à notre vie.
Observation patiente d'une nature – notamment les métaphores des grues cendrées et des plantes saxifrages, capables de briser la roche – qui inspire. Éloquence et virtuosité qui donnent élan à nos rêves.
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Réparations

Un podcast sur la quête de justice des descendants d'esclaves, Paradiso Media, novembre 2022

En marge du procès du procès pour la réparation de l’esclavage devant la Cour d’Appel de Fort-de-France en automne 2021, Iris Ouedraogo et Adélie Pojzman-Pontay décortiquent cette difficile quête de justice. Où il est question de trois R : R comme reconnaissance – celle ouverte par la loi Taubira de 2001 –, R comme réparations – symbolique ou économique, à quels ayant-droits ?–, R comme réconciliation qui est le but ultime de cette démarche.
Les deux journalistes inscrivent leur recherche sur un temps long et démontrent avec nuances que l'esclavage ne peut pas être réduit à une question morale soldée par l'abolition.

Paradiso Media, Histoire
Erwann Gaucher pour Radio France

Sur des thématiques similaires :
Boulevard du village noir, développement sur un fait de racisme ordinaire de Shyaka Kagame, Face cachée RTS
Aux origines de la discrimination positive, enquête de Kévi Donat, Programme B

La société de provocation

Namian Dahlia. La société de provocation, Essai sur l’obscénité des riches. Lux, 2023

Alors que la destinée de l'humanité préoccupe de plus en plus de femmes et d'hommes, certains tentent de légitimer leur comportement prédateur et s'arc-boutent contre toute tentative de limiter leur démesure. La dénonciation de la sociologue canadienne Dahlia Namian est cinglante. Alors que les polémistes agitent le spectre du wokisme et que l'on adore se quereller sur les questions de genre, le débat sur ce qui menace réellement société n'a pas lieu.

L'avilissement de l'humanité en nous et la réification conséquente des vies humaines sont des horizons funestes qui s'enracinent dans la même rationalité que celle qui contribue au maintien et au fleurissement de la richesse capitaliste. La mécanique d'accumulation capitaliste, qui repose sur la nécessité d'extraire le plus possible de la nature et des hommes pour engranger le maximum de profits, produit elle aussi quantité d'humains superflus – des existences jetables au même titre que n'importe quel objet de consommation. Pour se maintenir, cette dynamique mortifère requiert l'existence, elle aussi, d'une classe d'hommes et de femmes « ordinaires », capables d'exécuter avec efficacité des tâches en perdant de vue leur finalité et en renonçant, de fait, à la pensée.

– p. 78



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L'avenir de l'eau

Orsenna Erik. L’Avenir de L’eau. Petit Précis de Mondialisation N°2. Fayard, 2008.

Membre de l'Académie française, après avoir été proche de la Présidence Mitterand, Orsenna développe une approche littéraire de la situation économique mondiale. À l'aide de quelques vignettes qui se réfèrent à ses rencontres avec des personnes influentes, l'écrivain montre diverses facettes de la mondialisation, un système complexe.

Un point de vue global ne raconte rien d'utile. Pour servir à quelque chose, toute analyse doit se référer à des réalités locales. D'un bout à l'autre de la planète, les saisons, par exemple, ne se ressemblent pas. Les seules généralités qui pourraient être avancées sont celles-ci : une augmentation globale du nombre de jours secs et, dans les deux hémisphères, une dérive vers les pôles des zones arides.

p. 256



L'eau à Vienne – Isaure Hiace
Site de l'auteur

Chaque geste compte

Bourg Dominique, Johann Chapoutot. “Chaque geste compte” : manifeste contre l’impuissance publique. Tracts, Gallimard, 2022.
Hodgers Antonio, Manifeste pour une écologie de l'espoir, Georg, 2023.

Nous nous comportons en effet en colonisateurs des générations futures. Nous les privons de leur liberté, de leur santé, peut-être même de leur vie – tout comme les colonisateurs l'ont fait par le passé. Nous imposons les conséquences de nos actes aux humains qui viendront après nous, et ce avec une brutalité et une indifférence qui donnent le vertige. Nous faisons comme s'ils n'étaient pas là, comme si leur pays était le nôtre, comme si leur monde était vide, comme si nous pouvions puiser à notre guise dans les ressources disponibles – eau potable, sol fertile, air sain – sans penser qu'ils pourront en avoir besoin eux aussi. Nous spolions nos petits-enfants, nous dévalisons nos enfants, nous empoisonnons notre progéniture. Mais ce processus se déroule à présent si vite que nous commençons à en ressentir nous-mêmes les effets, dans notre propre chair. Désormais, nous prenons nous aussi des coups. Par un retournement cynique, les feux de forêt, les inondations et la sécheresse sont devenus notre planche de salut. C'est maintenant seulement que nous nous réveillons. C'est maintenant seulement que nous agissons. C'est maintenant seulement que nous nous rendons compte que cela ne peut plus durer.

van Reybrouck David. Nous colonisons l’avenir
p. 17-18


Un certain consensus commence à émerger s'agissant d'une hausse globale de la température terrestre. Bien que son origine humaine soit communément acceptée, de fortes résistances existent encore. L'acceptation de la responsabilité du développement industriel aurait des conséquences si importantes aux niveaux individuel et collectif qu'elle renforce les résistances. Comment agir intelligemment ?
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Lilas noir

Kaiser-Mühlecker Reinhard. Lilas noir. Editions Verdier, 2023.

La malédiction apportée dans la famille Goldberger par la participation au régime national-socialiste de Ferdinand le vieux s'est-elle éteinte avec le XXe siècle ? Contrainte de quitter la Haute-Autriche pour Rosental, elle avait lutté pour s'y intégrer bien que la floraison du lilas rouge ravivait la mélancolie des origines.

Très rares avaient été dans sa vie les occurrences où le monde extérieur ne lui était pas apparu, ne fût-ce que confusément, sous la forme d'une contrainte pesant sur lui. Ce jour, peut-être, où il avait découvert à l'âge de seize ans le pays de son père, la ferme Goldberger, à Rosental, et où il avait décidé de s'y établir à demeure.

p. 122

Après avoir renoncé – pour une génération – à la transmission familiale par le nom, c'est un jeune Ferdinand promis à une belle carrière au Ministère de l'Agriculture et de l' Environnement qui porte le patronyme. Ecarté de la gestion du domaine par son oncle, il a trouvé dans l'agronomie un champ d'études à même de le relier à son passé terrien. Une manière pour l'auteur Reinhard Kaiser Mühlecker, agronome lui-même, d'évoquer les défis sociaux et économiques de l'agriculture contemporaine.

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Nous colonisons l'avenir

van Reybrouck David. Nous colonisons l’avenir. Questions de société, Actes Sud, 2023.

“Ce n'est pas seulement la beauté qui se perd dans le saccage d'une nature intacte", écrivait Huizinga. Et il ajoutait : "Pourtant, cette beauté est aussi une très grande chose. Celui qui en a fait l'expérience dans sa pleine pureté, ne fût-ce qu'une fois et où que ce soit, sait quelle valeur vitale elle incarne. C'est bien plus qu'un simple arrière-plan idyllique ou romantique qui disparaît lorsqu'un paysage est défiguré. On y perd une part du sens de la vie.”

Johan Huizinga Geschonden wereld (un monde abimé) 1945
cité p. 45

Enoncé dans le cadre des conférence Huizinga de Leiden, le constat de l'historien et essayiste David van Reybrouk relatif au changement climatique est sombre : ces conséquences se font désormais ressentir également pour les populations qui y ont le plus contribué et pourtant l'hémisphère Nord tarde à agir. Lire plus…

Losanna, Svizzera

Musée Historique de Lausanne
150 ans d'immigration italienne à Lausanne
Losanna MHL
L'afflux de travailleurs migrants de l'Europe méridionale après la Seconde Guerre mondiale pour contribuer à l'essor helvétique des Trente Glorieuses est connu. L'Italie y trouve aussi un avantage puisque ces déplacements de population permettent au pays de l'immédiat après-guerre, exsangue après la défaite du fascisme, de contenir les revendications sociales et de limiter l'essor du communisme. Les gouvernements suisse et italien signent en 1964 un accord pour contenir les abus des employeurs.
Les migrations influencent aussi la politique intérieure suisse avec l'exacerbation de la xénophobie qui conduit aux initiatives contre l'emprise étrangère sous l'impulsion de James Schwarzenbach.
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État d'urgence technologique

Tesquet Olivier, Etat d'urgence technologique : comment l'économie de la surveillance tire parti de la pandémie. Premier parallèle, 2021.

La pandémie de coronavirus a favorisé les solutions technologiques introduites pour tenter de la contenir. Ces outils sont ainsi sortis de l'ombre. Quelques sociétés ont profité de cette opportunité pour améliorer leur image alors que d'autres ont proposé des développements renforçant l'économie de surveillance.
La lecture de cet essai n'est pas recommandée aux paranoïaques... mais illustre l'emprise d'entreprises privées sur nos sociétés. Lire plus…

Fabrique des pandémies

Robin Marie-Monique et Morand Serge, La fabrique des pandémies : préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire. La Découverte, Cahiers Libres. 2021.

Quelle réponse donner à la crise sanitaire qui occupe la Terre depuis une quinzaine de mois ?
Les premières semaines nos habitudes ont été bouleversées : limitation drastique de nos déplacements, restrictions au commerce... Parallèlement à ces changements, des élans de solidarité spontanés contredisaient l'égoïsme supposé de nos sociétés. Ces gestes laissaient croire que l'alerte serait significative et qu'elle engendrerait des changements politiques conséquents. C'était sans compter la lassitude induite par une crise se prolongeant, sans envisager surtout les antagonismes, apparemment irréconciliables, qu'elle révèle. Chacun joue sa partition dans une logique de raisonnement en silo. La santé est opposée à l’économie; les régimes autoritaires aux démocraties, les décisions centralisatrices aux délégations régionales, les issues technocratiques à un questionnement holistique, le simplisme à la complexité.

Dans nos sociétés modernes, la santé, c'est la médecine quand on a un problème de virus, on essaie de le contrôler en investissant massivement dans la recherche d'un vaccin, mais on ne se soucie pas de savoir d'où vient cette maladie. L'idée que la santé des humains soit liée à celle de l'environnement est largement méconnue dans les instances dirigeantes.

Anne Larigauderie
p. 97

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La charité et l'hôpital

Edin Vincent, Quand la charité se fout de l'hôpital, Enquête sur les perversions de la philanthropie. Rue de l'échiquier, Les incisives, 2021.

Ce volume n'usurpe pas le nom de la collection ! L'essai de Vincent Edin sur les limites de la défiscalisation de la philanthropie et ses conséquences pour l'État démocratique est mordant. Le titre paraîtrait inutilement accrocheur si Brigitte Macron ne patronnait pas la récolte de dons pour les hôpitaux publics de France alors que son mari justifie les restrictions budgétaires du Ministère de la Santé. En mettant en évidence la fragilité des structures de soin, la pandémie de Covid-19 montre les limites de la délégation du financement de certains services que l'on attend de l'État socio-libéral à la philanthropie. Lire plus…