La fin des temps

Murakami Haruki. La fin des temps. Points, Seuil 1992

hypnoflower Oursler
Le monde de Murakami oscille entre l'hyperréalisme et l'univers dystopique. Deux histoires enchevêtrées composent La fin de l'histoire : Le pays des merveilles sans merci et La fin du monde. Le narrateur de cette dernière est emmené dans un monde reclus où il est séparé de son ombre, un univers où prévaut le règne de la nature et dans lequel les intentions troublent la réalité. Dans le premier récit, le narrateur, augmenté d'un implant, tente de sauver les secrets d'un vieux professeur enfouis dans un laboratoire souterrain de Tokyo.

Les romanciers transfèrent leur [conscience] dans des romans.

p. 349

Tony Oursler, Hypnoflowers – 2020

Chacun des deux récits mêle des descriptions du monde en 1985, date de parution, et des éléments oniriques. Licornes, bibliothèques sont des éléments communs à ces mondes qui s'ignorent (“Les gens de la forêt n'approchent pas de la ville, et nous ne nous approchons pas de la forêt.” - p. 181).
Les multiples références musicales et littéraires, sans oublier la place centrale des bibliothèques et des bibliothécaires, sont les repères de l'auteur. Ces balises, que l'on retrouve dans Kafka sur le rivage et L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, permettent d'avancer avec assurance dans un monde dont Murakami excelle à amplifier l'étrangeté.

Autrement dit, je suis le chaînon manquant entre maintenant et le moment où les ordinateurs auront une personnalité. […]
– Les ordinateurs auront une personnalité un jour ?
– Peut-être. Et comme ça ils pourront eux-mèmes brouiller leurs données et les reprogrammer, et personne ne pourra voler les informations.

p. 481