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Eustache de Saint-Pierre, Rodin – Les Bourgeois de Calais

Le centre historique de Calais est de construction récente, la ville ayant subi d'immenses dégâts pendant la Seconde guerre mondiale. L'Hôtel particulier Richelieu offre donc des chambres dans un immeuble datant de la reconstruction qui rappelle les Plattenbau est-européens. Le contraste entre les divers éléments architecturaux donne tout son charme à l'immeuble de Benoît Grancier. Ainsi les craquements du magnifique escalier de bois originel surprennent dans cette construction visant apparemment plus à l'efficacité qu'à la qualité. L'aménagement joue sur cet écart et, comme la vue sur les arbres du Parc Richelieu, donne incontestablement un aspect particulier à ces chambres d'hôtes.
Quelques groupes de touristes près au Beffroi et de l'ensemble expressif de Rodin dédié aux Bourgeois de Calais qui commémore un épisode de la Guerre de Cent ans. Quelques silhouettes de migrants dans la zone indistincte entre la gare et la ville. La Place d'Armes et la Rue Royale aimantent les passants sortis ce samedi soir pluvieux. Ce qui n'empêche pas quelques fêtards de trainer toute la nuit dans la ville.
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kogaone Calais

Un dimanche matin à Calais rappelle le randonneur à sa planification. L'approvisionnement et le logement ne sont pas une évidence même le long des grands itinéraires balisés. Les commerces d'alimentation se concentrent en périphérie et les hébergements sont souvent concentrés près des sorties autoroutières. Les restrictions sanitaires qui différencient le logement de la consommation aux bars et restaurants impliquent que le service du petit-déjeuner est parfois suspendu.
Dimanche c'est sport ! Sitôt arrivés sur la plage que nous suivons vers Blériot-Plage et Sangatte nous joignons les coureurs et passons devant les adeptes de beach-volley et d'exercices, puis plus tard de kitesurfing. Le chemin progresse dans divers terrains, du sable au macadam, parmi des casemates installées par les Allemands pour empêcher le débarquement.
La météo aussi instable qu'elle peut l'être sur l'autre rive du Channel met en scène l'ennui que pouvait éprouver les scruteurs enfermés dans leur blockhaus. Böll a décrit ces longues attentes dans ses lettres de guerre. Pour sûr, il n'avait pas le défilé incessant de cargos et de ferries pour se distraire.

À l'Ouest, le 21 juillet 1942 [cap Gris-Nez]

[...] Ah, imagine-toi une magnifique prairie en été, tout près de la mer, tu aperçois à travers l'air vibrant de chaleur le bleu lointain de l'eau, infiniment loin, et au-delà encore la vapeur grise où se rejoignent l'eau et le ciel – et tu es allongé là mais tu ne dois pas rêver, tu ne dois pas t'abandonner à cette liberté absolue du rêve, à cette jouissance fantastique qui est une part essentielle de la vie; oui, tu es là, puant de sueur, sale, trempé, et tes pieds te font mal, et tu dois écouter les ordres du chef de section qui te dit de te lever d'un bond ou de te coucher, selon la situation; hélas, c'est tous les jours le même service, dans cette superbe région. C'est beau malgré tout, si seulement toute activité physique ne m'était pas aussi pénible, ce ne serait pas si grave ; mais je sue et je souffle, et mes pieds sont si douloureux – c'est un vrai poids, pourtant le soleil brille, le ciel est bleu et la mer si infinie et si belle. […]

Heinrich Böll
Lettres de guerre : 1939-1945
L'Iconoclaste 2018 – p. 134

Quelques installations militaires sont plus conséquentes comme au Cap Blanc-Nez, tout proche de Gris-Nez, qui conjugue falaise crayeuse et mémoriaux des guerres mondiales. Une combinaison qui attire de très nombreux touristes jusqu'à Wissant... et ses nombreuses résidences secondaires.
Alors que le GR 145, code technique de la Via Francigena en France, alterne entre sites naturels et témoignages historiques, il ignore le complexe névralgique de l'Eurotunnel à Coquelles.

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