L'intérêt de l'enfant

[Le] Children Act le rappelait clairement : sa priorité absolue devait être l'intérêt d'Adam. Combien de pages, dans combien de jugements, avait-elle consacrées à ce terme ? L'intérêt d'un enfant, son bien-être, tenait au lien social. Aucun adolescent n'est une île. Elle croyait que ses responsabilités s'arrêtaient aux murs de la salle d'audience. Mais comment auraient-elles pu s'arrêter là ?
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My Lady est appelée à trancher la demande de l'hôpital de traiter Adam, un adolescent à trois mois de sa majorité, avec une transfusion sanguine que lui et ses parents refusent au nom de leurs croyances religieuses. Où se trouve dès lors l'intérêt de l'enfant dont le pronostic vital est engagé ? La mort sociale qui le menace ne serait-elle pas une issue hasardeuse ?
L'auteur amène de manière subtile, le poids de la responsabilité personnelle de la juge dans un contexte aussi sensible. Malgré sa maturité, Adam Henry pourrait-il exprimer librement une opinion divergente de celle de ses parents ? Et si l'état émotionnel de Fiona faussait son appréciation ? Questions essentielles du sens de la vie qui seraient la source d'injustice si elles occupaient entièrement la magistrate.L'intérêt de l'enfant, son bonheur, son bien-être devaient se conformer au concept philosophique de la vie bonne. Elle énumérait quelques ingrédients pertinents, quelques buts vers lesquels l'enfant pouvait tendre en grandissant. L'indépendance intellectuelle et financière, l'intégrité, la compassion et l'altruisme, un travail gratifiant par le degré d'implication requis, un vaste réseau d'amitiés, l'obtention de l'estime d'autrui, les efforts pour donner un sens à son existence […]
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André Clavel pour Le Temps
Denis Salas pour Les cahiers de la justice