Une conciliation mise à mal par ceux qui privilégiaient la sainteté symbolique de la ville, le plus souvent depuis des contrées lointaines, au pragmatisme des habitants. Des manipulations qui transforment profondément une municipalité habituée à un équilibre entre populations en un terrain d'affrontement. Alors que la mixité domine les divers quartiers au recensement de 1905, on observe un développement séparé des parties orientales et arabes des secteurs occidentaux et juifs déjà 20 ans plus tard, sous l'influence du sionisme porté par Hertzl et de la mandature britannique. Un fossé qui s'accroît avec l'extrémisme nourri par le manque d'équité.
Vincent Lemire, collaborateur du Centre de recherche français de Jérusalem et directeur d'Open Jerusalem, est un spécialiste de la ville sainte du judaïsme, de la chrétienté et de l'islam.
En citant les nombreux témoins, souvent des visiteurs de Jérusalem aimantés par son aura, l'auteur montre que le présent désespérant n'était pas une fatalité. En provoquant le chaos, l'attente de temps messianiques interpelle sur les valeurs véhiculées par les religions monothéistes.
La succession des épisodes de construction et de destruction et l'enchaînement des témoignages des observateurs laissent peu de liberté créative au dessinateur Christophe Gaultier. Un travers fréquent des bandes dessinées historiques. Par ailleurs, seules quelques vignettes abordent l'histoire de Jérusalem après 1967. S'ils ne pouvaient anticiper le déchainement de violence actuel, les auteurs n'abordent que superficiellement les tensions exacerbées par la Guerre des Six Jours et les tentatives d'y mettre un terme, notamment par le Processus d'Oslo.

Site de l'éditeur
Entretiens géopo de Pascal Boniface avec Vincent Lemire
Le cours de l'histoire – Radio France

Tags Bande Dessinée, Livre, Histoire, Politique, Religion, Moyen-Orient