Un monde sans enfants

Duhamel David. Un monde sans enfants, le pire arrive... mais le meilleur peut suivre. Buchet Chastel, 2024.

[Les] nations européennes de l'Ouest dirigeaient des empires coloniaux, et envisagent la diversité comme un signe de puissance, une preuve d'attractivité, là où leurs homologues de l'Est ne voient que dilution d'une homogénéité ethnique en perpétuel danger.

p. 144

Alors que le spectre de la surpopulation – de la Terre, de la Suisse – imprime encore le logiciel d'une génération, les effets du vieillissement et de la dépopulation préoccupent les prévisionnistes. L'impact d'une population en déclin sera majeur pour la cohésion sociale. Cette inversion, déjà avancée dans les pays d'Extrême-Orient (Japon, Corée, Chine), montre les conséquences économiques de cette évolution.
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David Duhamel, dans un essai qui se veut accessible – au style parfois démagogique –, analyse les causes de ces changements et indique les tendances démographiques des diverses aires géographiques. L'impact d'une transition inscrite dans la durée, comme en France, permet d'en atténuer les effets. Toutefois, les seules politiques natalistes, au détriment des femmes, sont rarement efficaces bien que souvent convoquées.

Durant des années, l'Etat a mis en avant ses priorités démographiques, en luttant contre les personnes LGBT, le mouvement childfree, l'avortement et en inculquant des valeurs familiales. Poutine et plusieurs hauts fonctionnaires ont exprimé à plusieurs reprises leur rêve que la population atteigne 500 millions d'habitants, sans cacher que c'était nécessaire non pas pour développer un capital humain, mais pour résoudre des problèmes d'ordre stratégique : combler le déficit de la Caisse des retraites, peupler et défendre un vaste territoire.

Medvedev
Une guerre Made in Russia, p. 175

L'évolution démographique devient donc un véritable enjeu géostratégique dans lequel les migrations et les bouleversements technologiques – notamment l'impact des réseaux sociaux sur les rencontres dans la vraie vie – jouent un rôle majeur. Le ton léger de l'auteur peut donner l'impression qu'il existe une solution simple à un problème qu'il expose complexe.

[Le] progressisme n'a pas besoin de faire tant d'enfants pour se reproduire. Sa capacité d'attraction est suffisamment féconde. Le problème des conservateurs est justement la fuite des leurs vers les contrées plus joyeuses et prospères des terres progressistes.

p. 367

Site de l'éditeur
Vlan! entretien avec David Duhamel
Un monde sans enfants… en format audio

Photo de Philippe Leone sur Unsplash