Le coup d'état climatique

Alizart Mark, Le coup d'Etat climatique, puf – perspectives critiques, 2020.

Transcription de deux conférences données par Mark Alizart à Buenos Aires en 2019, cet opuscule est une charge contre la politique des partis écologistes. Le philosophe note un consensus sur l'existence d'un changement climatique et une grande discordance pour y remédier. Le processus démocratique, parlementaire, ne suffit pas, selon lui, quand les forces capitalistes de l'énergie carbonée ont une stratégie de persévération de leur politique.

Ceux qui s'emploient à aggraver la crise climatique en connaissance de cause nous obligent à faire l'hypothèse qu'ils ne le font pas en dépit de l'effondrement qu'ils risquent de provoquer, mais en vue de le causer

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L'histoire de l'exploitation de l'or noir lui donne raison : les pétroliers ne s'encombrent pas de considérations morales pour maximiser leurs profits. Et lorsque leurs intérêts sont en danger, ils n'hésitent pas à utiliser la puissance militaire qui nourrit une branche prospère de l'industrie. L'auteur ajoute que le dérèglement climatique ne conduit pas à un effondrement généralisé de la Terre, mais à une succession d'événements régionaux, entraînant le chaos à une échelle locale. Ces débordements peuvent justifier une gouvernance autoritaire.
L'analyse de Mark Alizart n'est pas extravagante. Ses propos liminaires “Il n'y a pas de crise climatique. Il y a une volonté pour que le climat soit en crise. (p. 9)” commandent d'agir avec détermination.
Se référant au débordement de la République de Weimar par les forces fascistes, il prône une action plus déterminée des mouvements écologistes qu'il taxe de doux rêveurs.
Il s'agit de changer de paradigme. Se référant au Comment vaincre le fascisme de Léon Trotski, l'auteur identifie trois conditions pour faire conduire au changement : unification des énergies, utilisation de la technologie, promesse d'un espoir. Cette stratégie a permis aux groupes Act Up de modifier la perception du SIDA et de prévenir la diffusion de la pandémie alors que les malades, prétendument uniquement gays ou drogués, étaient abandonnés.
Il est piquant de constater que la brown economy des énergies carbonées discrédite les technologies qui limitent l'émission de gaz carbonique. Les tergiversations des mouvements verts autour des éoliennes ne favorisent pas la recherche de solutions.

A CONTRESENS | Trailer - FR from Nous Production on Vimeo.


Le vocabulaire de l'auteur qui fait référence à Trotski et au «carbofascisme» est le point faible de son essai : il donne des arguments à ceux qui présentent les «écoresponsables» comme des ayatollahs du climat, souhaitant un monde de privations, lugubre et insensible. Ce référentiel occulte des observations pertinentes et mobilisatrices. À la lecture du livre, j'ai préféré le ton moins provocateur de l'entretien avec Thomas Rozec sur le podcast Programme B qui reprend les lignes forces de son analyse.

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