Petite nature

Petite Nature, de Samuel Theis (France, 2021), avec Aliocha Reinert, Antoine Reinartz, Mélissa Olexa, Izïa Higelin, 1h33.

Le film est traversé […] par cette question de la honte sociale. Moi, ça m’a longtemps accompagné, j’ai beaucoup lutté avec ce sentiment de honte, c’est sans doute ce qui m’a amené à faire des films.

Samuel Theis

Comment se construire dans un milieu populaire carencé ? En ouvrant le film sur le déménagement improbable de Johnny, 10 ans, et de sa famille vers les HLM de Forbach en Moselle, le cinéaste image le déclassement social. En positionnant l'enfant en personne la plus fiable, il indique la fragilité d'un système et le risque de marginalisation qui en résulte.
En reconnaissant les aptitudes de Johnny, son professeur lui ouvre la voie de l'émancipation. Cette libération est source de tensions entre une mère qui flotte entre instinct maternel et instabilité affective et Johnny. Elle est aussi élan mal maîtrisé envers Adamski.


En notant le caractère autobiographique de son film, le réalisateur souligne l'importance du rôle de passeur du professeur. Comme les auteurs et autrices qui se réfèrent à leur vécu de transfuge de classe, Theis indique que l'élan intellectuel s'accompagne d'un déplacement affectif.
Le réalisateur ajoute une dimension politique en montrant une volonté d'Adamski de créer un pont en sortant de ses repères : il accepte de quitter son milieu lyonnais pour se retrouver à Forbach, à la marge de la France. Cet engagement, bien au-delà des slogans, est nécessaire pour éviter l'émiettement des sociétés mais tend à être considéré avec suspicion dans le monde contemporain.

Internet Movie Database
Stéphane Gobbo pour Le Temps
Anne Laure Gannac et Julie Evard pour la RTS
Dossier de presse

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