Dissident Club
10 02 24 BD
Taha Siddiqui et Hubert Maury, «Dissident Club. Chronique d’un journaliste pakistanais exilé en France», Glénat
La curiosité serait un vilain défaut, mais pour Taha Siddiqui c'est un devoir qu'il a mené au péril de sa vie.
Né dans une famille pakistanaise à Djeddah, Arabie saoudite, il a bravé les interdits familiaux pour s'engager pleinement dans le journalisme jusqu'à ce que sa ténacité provoque un tel agacement que l'armée a concrétisé ses menaces.
La curiosité serait un vilain défaut, mais pour Taha Siddiqui c'est un devoir qu'il a mené au péril de sa vie.
Né dans une famille pakistanaise à Djeddah, Arabie saoudite, il a bravé les interdits familiaux pour s'engager pleinement dans le journalisme jusqu'à ce que sa ténacité provoque un tel agacement que l'armée a concrétisé ses menaces.
L'apparente facilité avec laquelle les cheiks, imams et autres mollahs parviennent à radicaliser leurs cibles peut paraître étonnante. Dans toutes les cultures, ce messianisme – le plus souvent porté par le fondamentalisme religieux – permet un succès immédiat à ses leaders sans réduire les inégalités qui ont favorisé l'endoctrinement de ses adeptes.

Suivant un récit pour l'essentiel chronologique en cases bien ordonnées, le scénario journalistique montre l'impact des événements sur le quotidien de la population et tente d'expliquer certaines incongruités politiques. La lutte contre le terrorisme apporte des fonds au Gouvernement pakistanais mais les actions d'un groupe comme le Lashkar-e-Taiba (l'armée des purs, considérée proche d'Al-Qaïda par le Conseil de sécurité de l'ONU) permettent d'exacerber le ressentiment à l'égard de l'Inde à moindre frais, sans oublier que sa branche caritative, le Jamaat-ad-Dawa, est bien plus efficace à agir lorsque, comme un octobre 2005, survient un désastre naturel.
En dénonçant cette duplicité et surtout la mainmise de l'armée sur la politique, obtenue grâce à la complicité des islamistes les plus rigoristes, Taha Siddiqui a franchi les limites. Échappant à une tentative d’enlèvement, il vit désormais à Paris avec sa famille où il a fondé le Dissident Club, dédié à lutter contre le musellement des oppositions.
Le trait dynamique de Hubert Maury sert la vivacité du personnage central, un journaliste idéaliste qui, en se rêvant superhéros, a préféré ses convictions au confort de la complaisance.
Le site de l'éditeur
Philippe Chassepot pour Le Temps