Depuis l'intervention de Rosa dans cette assemblée, le sujet de ce livre, l'emballement de la société s'est encore accru. L'irruption de l'intelligence artificielle générative dans notre quotidien, en mettant davantage en compétition l'humain et la machine, renforce les objectifs de croissance. Et, simultanément, la quête de sens s'amplifie. Dans les métiers où la relation est au centre (santé, éducation,…) les professionnel·le·s sont particulièrement épuisé·e·s par cette course à la performance.

Ce qui est encore plus absurde, c'est que ce n'est pas la simple avidité qui produit cette croissance. Celle-ci est nécessaire parce que l'ensemble de l'édifice social actuel ne tient plus sans elle. Si nous décidions soudainement de ne plus croître, nous aurions non seulement du jour au lendemain une quantité considérable de chômeurs et d'entreprises fermées, mais aussi une baisse des recettes fiscales de l'État en même temps qu'une augmentation de la dépense publique liée au fait, par exemple, qu'il faudrait relancer la croissance, mais aussi et surtout payer celles et ceux qui sont sortis de l'emploi. Il nous serait dès lors impossible de continuer à payer les retraites et de maintenir l'assurance maladie, l'ensemble du secteur de la santé souffrirait d'un manque de financement encore plus dramatique qu'aujourd'hui, et les institutions culturelles verraient elles aussi leurs subventions baisser.

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Quel espace offrir aux femmes et aux hommes de notre temps où se mettre à l'écoute de soi et trouver un souffle ? Pour Rosa un tel lieu doit être préservé de tout enjeu, or les injonctions à la réussite, notamment dans le domaine des loisirs, nous éloigne d'un salutaire alignement.
L'auteur émet l'hypothèse que la religion, qu'il vit lui-même avec une distance certaine, est un lieu de résonance dans lequel il n'y a pas à performer – sauf peut-être à s'adresser à une docte audience…

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Nidal Taibi pour Le Temps

Tags Essai, Livre, Société, Religion