Frontières

Musée Historique de Lausanne
Frontières. Le Traité de Lausanne, 1923–2023


Affiche MHL Frontieres
Le visuel de l'exposition exprime clairement la problématique. Le Traité de Lausanne a attribué des frontières nationales à l'État turc après la déroute de l'Empire ottoman. Un empire qui, comme l'Autriche-Hongrie, n'a pas résisté aux feux de la Première Guerre mondiale et à l'exacerbation des revendications nationalistes.
Pendant les négociations de Lausanne, la convention gréco-turque de janvier 1923 décide d'un échange obligatoire des populations entre Chrétiens et Musulmans. Ces déplacements ont obligé 1,2 millions de chrétiens de rejoindre la Grèce, qui comptait alors 4,5 millions d'habitants, et 350'000 musulmans de s'établir dans une Turquie inconnue. Comme le rappelle Josef Zysiadis, greco-suisse né lui-même en Turquie, ces échanges de population ont transformé profondément les deux pays sans les rendre plus stables.
Le principe de l'État-nation était réservé aux puissants et les peuples minoritaires n'avaient d'autres choix que d'accepter les frontières tracées au cordeau. Les Kurdes se sont ainsi retrouvés divisés dans quatre pays (Iran, Irak, Syrie et Turquie) et la question des Arméniens oubliée.
La récente campagne électorale de 2023 rappelle que les nationalismes influencent durablement le débat politique. Par 12 portraits de personnes habitant en Suisse et ayant des racines familiales en Turquie, les commissaires exposent fiertés et blessures nées de ce traité. Les propos nuancés de l'artiste Dorian Sarı rappelle la fragilité d'un accord qui fait fi des minorités, mais dont l'inéquité se perçoit surtout de l'extérieur des frontières.

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