L'homme qui aimait les livres

Lutz Philippe, L'homme qui aimait les livres, récit. Médiapop, 2019

Ce récit de vie, au travers de la lecture, induit une réflexion sur la construction de la pensée.

Aucun parent, aucun enfant, aucun ami ne nous offrira jamais [cette diversité].
Tout cela bien sûr fonde notre imaginaire, notre savoir, notre sensibilité.
Tout cela nous humanise.
Sans livres, chacun les siens, selon les hasards de l'existence et les nécessités de chacun, nous passerions nos vies dans une infinie solitude.

p. 143


Né en 1950, dans un milieu où le livre n'avait pas de place, Philippe Lutz s'est d'abord nourri, par défaut, de manuels scolaires. Il décrit avec émotion les Lagarde et Michard, monument de l'Education nationale, passage obligé pour une découverte structurée, et expurgée…, de la littérature.

Car aucun livre ne peut exister seul, le livre est toujours pluriel, un livre n'est jamais qu’un élément d’un ensemble plus vaste : la bibliothèque.
Tout se passe en effet comme si le livre avait horreur du vide. Un livre en attire un second. Deux livres en font venir un troisième, puis d’autres, et ainsi de suite. Les livres s'appellent, s’aimantent, s’aspirent. Tôt ou tard naît un ensemble, une pile, une étagère, une bibliothèque, une petite ou grande famille parfois surprenante, mais jamais incohérente. Il faut dire, à leur décharge, que les livres sont formés, formatés pour cela. Depuis que le malcommode volumen est devenu codex, que le rouleau a été remplacé par l'assemblage de feuilles en cahier, tout destine les livres à se frotter à d’autres. Minces, élancés, ils ne tiennent vraiment debout qu’en s'appuyant sur un voisin. Veut-on les empiler sur une table, ils s’en accommodent tout autant. Leur anatomie même est une invitation à la caresse d’un semblable, au frottement avec un congénère.

p. 69

Cadeau arrivé dans ma bibliothèque, le récit de Philippe Lutz, entre déjà en communication avec son voisin, échangeant à propos du caractère suspicieux du livre dans les milieux populaires et d'une certaine ouverture des mères à leur égard.
Support du savoir, objet précieux il y a un demi-siècle, le livre paraît en sursis. Lutz s'interroge sur la diversité de l'offre littéraire dans un marché global. Mes questions concerneraient davantage l'évolution provoquée par la technologie dans la construction du savoir et, par conséquent, son impact sur l'avenir de la société.

Présentation de Philippe Lutz aux éditions Transboréal
Le site de l'éditeur
La photo du jour, site de Philippe Lutz