Homo Migrans

Musée d'histoire de Berne
Homo migrans. En route depuis deux millions d’années

Les changements climatiques devraient occasionner des flux d'hommes et de femmes en recherche de nouveaux lieux de vie. Cette réalité est pourtant liée à la condition humaine. Nos lointains ancêtres ont quitté l'Afrique pour coloniser l'Europe. L'exposition du Musée d'histoire de Berne montre des traces, certaines très anciennes, des migrations sur le territoire suisse.

Ces objets sont les témoins d'une histoire essentiellement liée aux conditions socio-économiques. Ces dernières étaient également tributaire du climat : plusieurs années de mauvaises récoltes pouvaient rapidement faire péricliter toute une économie.

L’exposition donne un cadre historique à une question d’actualité qui fait souvent l’objet de débats émotionnels

Jakob Messerli


Le débat, ces dernières décennies, est centré sur l'immigration et thématisée par certain parti pour «Ramener l’immigration à un niveau raisonnable ». C'est oublié qu'au XIXe s. les difficultés économiques en Suisse contraignent un grand nombre de pauvres à quitter le pays. Comme les étrangers qui recherchent dans notre pays une terre d'accueil, leur histoire est faite de réussites et d'échecs. Les commissaires de l'exposition rappellent qu'environ 10% des Suisses vivent à l'étranger. Ce choix, même assumé, n'est pas toujours une évidence : telle professeure dans une Université australienne ignore si son permis de travail sera renouvelé et si elle pourra poursuivre son enseignement.
Migration Abel
Les sociétés sont en mouvement et la migration participe à leur progrès (pour le moins à leur évolution…). Le développement de Zürich au Moyen-Âge est un exemple mis en évidence dans l'exposition de cette mutation. À moins de vivre en autarcie, la ville représente une forme de sécurité pour ses habitants même s'il n'y a pas que des avantages à ce type d'habitat; la vulnérabilité aux épidémie reste un risque majeur. Le développement de cités crée des mouvements de population et nécessite une planification des flux.
L'intérêt de la présentation est de faire un parallèle entre les situations d'immigration et d'émigration, entre l'accueil d'exilés et le bannissement de populations, comme les Huguenots et les anabaptistes. Elle rend aussi attentif au caractère volatil de la migration. Statistiquement, les personnes qui ont fait l'expérience de la migration sont plus susceptibles de migrer à nouveau, pas uniquement d'ailleurs pour retourner dans le pays d'origine.
Jamais simpliste, l'exposition reste suffisamment abordable pour ne pas s'adresser qu'à des initiés. Elle cherche à interpeler et atteint son but.

Le site du Musée d'histoire de Berne
Marie Vuilleumier pour swissinfo.ch