La structure sociale de la Suisse
L'ouvrage de René Lévy inscrit l'analyse des structures sociales de la Suisse dans une dynamique. Cette caractéristique, due peut-être à sa spécialisation dans les parcours de vie, lui donne un intérêt particulier. Les tensions actuelles sont la conséquence d'un processus historique et non le résultat d'une malheureuse circonstance. Bon, ça semble banal, mais ça engage notre responsabilité.
Parmi les tendances et les caractéristiques structurelles majeures, il faut noter le morcellement croissant de la vie sociale en secteurs divers et, au sein même de ces secteurs, la diversification des échelons hiérarchiques et des catégories spécialisées. Ceci engendre pour la majorité de la population un processus d'individualisation: l'expérience personnelle se singularise. Les différentes manières de participer se combinent pour chaque personne de façon un peu différente que pour ses amis et connaissances. Il devient dès lors de plus en plus difficile de découvrir qu'on a certains problèmes en commun avec d'autres; la tendance à ne chercher qu'en soi-même les raisons d'une insatisfaction –mais aussi d'une réussite– sociale s'en trouve renforcée.En d'autres termes, nous trouvons là un changement structurel aux répercussions directes sur la population: il déplace l'attention de la structure sociale vers les individus.
p. 90
[…] on peut distinguer aujourd'hui deux types d'expérience fondamentale à la base des frustrations ressenties dans de nombreuses catégories de la population, avec toute l'activité politique qui en résulte. Il y a d'abord le sentiment d'impuissance face à l'inégalité persistante et à la concentration du pouvoir, surtout dans l'économie.Il y a ensuite un sentiment d'absurdité face aux conséquences négatives du «progrès».p. 118-119