Kosovo fragments d'impacts

Wasieczko, Aleks. Guardiola Gil (2007). Kosovo Fragments d’impacts. Paris: Éd. Non Lieu.

Non, je n’ai pas pu distinguer les bons des mauvais. Je n’ai pu prendre parti et au fond de moi je sais pourtant que j’étais venu pour cela.

Aleks Wasieczko

Aleks Wasieeczko et le photographe Gil Guardiola assistent au matraquage médiatique du printemps 1999 lorsque les troupes de l’OTAN larguent ses bombes sur des Serbes qui montrent avec déterminaation leur attachement au Kosovo. Ils ne peuvent subir ces images sans réagir et s’engagent pour venir en secours aux enfants en fuite. Fin mai, ils sont à Povel en Albanie et y travailleront un peu plus d’un mois.
C’est là qu’ils rencontrent Shpetim, un orphelin de 11 ans, qui a assisté à l’exécution de son père, alors que sa mère est morte de maladie.
Shpetim est un enfant et je me fous bien qu’il soit kosovar. Shpetim est un enfant.
En janvier 2000, pour en connaître plus sur le Kosovo, ils s’engagent à nouveau. Ils vont travailler auprès de déplacés Roms au Nord de Mitrovicë, en zone serbe. Ils y rencontrent Saša, un collaborateur local qui a fui Prishtinë dans la peur et dont la mère est restée dans une enclave proche de la capitale, dans l’isolement et la frustration d’un village miteux.Printemps à Junik

Junik


Ils découvrent qu’au Kosovo parler "des Serbes" et "des Albanais" est un non-sens car les expériences des individus ne peuvent se réduire à une appartenance ethnique. Lors de cet engagement, ils retrouvent Shpetim avec son frère adolescent qui se targue d’avoir combattu pour l’UÇK. Quel sens a cet engagement ? Combien de ses compagnons sont-ils morts, combien de victimes a-t-il fait ? Shpetim oublie son enfance et préfère travailler pour quelques marks.

La haine et la souffrance sont profondément enracinées d’un côté comme de l’autre. […] En outre, les dirigeants expatriés ont tendance à négliger les dix années de répression serbe infligée aux Albanais et le retour en force de ces derniers en 1999.

Aleks Wasieczko


La mosaïque ethnique, comme le rappelle le nouvel étendard kosovar, ne se réduit pas aux Serbes et aux Albanais. Les Roms et les Ashkalis sont les victimes collatérales des violences entre les deux groupes majoritaires et nombre d’entre eux sont déplacés dans le pays vivant dans des camps à la limite des enclaves serbes.
Les mots et les portraits de ces
Fragments  soulignent la nécessité pour les peuples autochtones de manifester la volonté politique d’établir la paix en Kosovë. Le ”protectorat international” mis en place ne suffit pas à empêcher les flambées de violence qui éclatent sur fond de misère sociale pour tous, Albanais et Serbes, et de déficit démocratique dans un territoire morcelé par l’ONU entre ethnies.
Aleks Wasieeczko exprime en cinq tableaux son intense émotion, mais aussi son exaspération pour le Kosovo. Il fait preuve de compréhension pour la minorité serbe dont la population se sent méprisée par l’opinion internationale, après avoir été piégée par l’irresponsabilité de Milošević. Pour lui l’essentiel tient peut-être dans les mots d’Ibush : « Si tu veux la paix, prépare l’enfant ! »

Présentation du livre sur Chroniques rebelles