Le nomade polyglotte

Malherbe, J.F. (2000). Le nomade polyglotte: l'excellence éthique en postmodernité, 225 p. Montréal: Bellarmin.

Philosophe et théologien, Jean-François Malherbe a enseigné l’éthique dans de nombreuses universités européennes et canadiennes. Il est conseiller en éthique de plusieurs institution, notamment de la direction générale du Comité international de la Croix-Rouge et de la police lausannoise.

Au souci de l’Universel se substitue un repli sur l’individualisme et le pluralisme : on ne vise plus à constituer une communauté de pensée, mais chaque individu est disposé à payer le prix de la tolérance pour pouvoir penser à sa façon sans même devoir entrer en discussion avec d’autres.

Les sociétés “postmodernes” caractérisées par les influences culturelles toujours plus diverses obligent à repenser les relations entre individus pour définir un cadre de vie propice à l’épanouissement de chacun. Dans ce but Malherbe définit le concept de nomade polyglotte, un humain qui se sent à l’aise dans plusieurs “maisons”, désireux d’apprendre les codes d’autrui et prêt à informer les autres de ses propres “jeux de langage”.

Il est rare qu’une situation vraiment problématique trouve une solution entièrement positive. La plupart du temps, il faut choisir la solution la moins négative. Il n’y a là aucun motif de scandale. C’est une nouvelle marque de notre finitude.

L’intention de l’auteur n’est pas de privilégier un monde uniforme et totalitaire, mais de rendre chacun attentif au rôle qu’il exerce pour
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ses semblables. Il ne suffit pas de vivre sans nuire à autrui pour vivre ensemble, il faut également cultiver un lieu de vie conviviale. La Charte des droits de l’homme donne une base pour constituer un espace qui puisse contribuer à l’autonomie de chacun. Nos convictions donnent des couleurs à nos vies, mais elles se heurtent parfois à celles d’autrui et, à moins de montrer du mépris pour cet autre, elles deviennent incertaines. C’est cette confrontation qui nous met face à nos responsabilités et nous aide à nous familiariser avec les codes de l’autre, aussi étranges soient-ils.

Le but de l’éthique est que chaque sujet crée chaque jour son propre sens, sa propre façon de devenir plus humain. C’est également qu’ensemble, ces sujets créent un sens social à leur commune aventure.

L’ouvrage de Malherbe donne des clés pour accueillir l’altérité comme une chance pour notre épanouissement. Il nous invite à repenser les valeurs dont nous avons hérité pour construire librement nos vies : un chemin exigeant !