Le Christ philosophe
07 09 08 16:49 Livres et articles
Frédéric LENOIR, Le Christ philosophe. 2007. Paris. Plon.
Lors du processus d’élaboration de la Constitution européenne les membres de l’Union se sont déchirés sur la nécessité de faire figurer ou non dans le préambule la référence aux « racines chrétiennes de l’Europe ». Frédéric Lenoir apporte une réponse intéressante à cette polémique en constatant que «si le christianisme a été […] déterminant dans l’avènement de notre monde moderne, il n’est plus aujourd’hui nécessaire de connaître son message ou d’y adhérer pour être pleinement européen. »
Lors du processus d’élaboration de la Constitution européenne les membres de l’Union se sont déchirés sur la nécessité de faire figurer ou non dans le préambule la référence aux « racines chrétiennes de l’Europe ». Frédéric Lenoir apporte une réponse intéressante à cette polémique en constatant que «si le christianisme a été […] déterminant dans l’avènement de notre monde moderne, il n’est plus aujourd’hui nécessaire de connaître son message ou d’y adhérer pour être pleinement européen. »
L’auteur fonde son argumentation sur le message totalement novateur du Christ qui porte en lui les germes d’un monde moderne émancipé de la mainmise de la religion.
Le Christ, initiateur d’une voie spirituelle, a « transmis un enseignement éthique à portée universelle : non-violence, égale dignité de tous les êtres humains, justice et partage, primat de l’individu sur le groupe et importance de sa liberté de choix, séparation du politique et du religieux amour du prochain allant jusqu’au pardon et à l’amour des ennemis. » Ce regard de Jésus posé sur l’homme a permis le développement qui a conduit aux « droits de l’homme ».
Contrevenant aux normes sociales de son temps et à la Loi de Moïse, Jésus adopte une conception de l’altérité révolutionnaire : « l’autre quel qu’il soit est [son] prochain », concept qu’il explique à ses disciples par la parabole du Samaritain. Ce bouleversement modifie les relations entre l’homme et Dieu, mais surtout entre les hommes. Ce sont ces nouvelles règles qui fondent l’éthique que nous, Occidentaux, considérons universelle et laïque.
Les valeurs prônées par le Christ ont souvent été perverties par des Églises égarées par leur besoin de puissance ou, plus modestement, de contrôle sur leurs membres. Au début du IVe s., Constantin fait du christianisme une religion favorisée dans l’Empire romain. Ce brusque changement de statut va durablement modifier la vie de la société et celle de l’Eglise. Les liens qui se tissent entre pouvoir et religion vont aboutir à de profondes contradictions avec l’enseignement de Jésus (persécutions, Croisades, Inquisition,…). Mais de ces tensions naîtront aussi des ordres monastiques et des approches théologiques renouvelées qui aboutiront au mouvement humaniste si important dans l’Histoire européenne.
Au cœur de cette évolution, le retour aux paroles de l’Évangile et la redécouverte de l’Antiquité par la diffusion des textes des auteurs grecs et romains grâce à l’imprimerie. Cette évolution ne se fait pas contre le christianisme : les humanistes valorisent l’être humain en critiquant la mainmise de l’Église et, au siècle des Lumières, ce sont toujours en s'appuyant sur ces valeurs évangéliques que les philosophes entendent libérer l’homme de cette emprise et édifier une société laïque. L’auteur affirme que c’est le creuset chrétien qui a permis à la société occidentale de se libérer de la tutelle religieuse.
Jésus encourage ses contemporains à ne pas lire le texte de manière littérale, il les incite à « faire un effort personnel pour comprendre l’intention de Dieu derrière la lettre du texte.» Évangiles qui contiennent en leur sein une possibilité de progrès (J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent. Jean 16, 12).
Dans son épilogue, Frédéric Lenoir dit l’importance du sacré pour l’homme et montre la richesse de l’enseignement de Jésus qui place cet espace de ressourcement au cœur de l’homme. « Le Christ opère une désacralisation du monde au profit de l’intériorité de la vie spirituelle. […] Seul compte véritablement le fait de s’intérioriser, d’entrer en soi et de s’interroger sur la relation à l’Absolu. ». La liberté prêchée par le Christ ne peut être enfermée dans des dogmes, elle dépasse largement le cadre d’une Église. Ce paradoxe conduit à la sécularisation de notre monde, mais tant que les grands principes éthiques dont le christianisme est porteur (dignité, égalité, humanité) ne sont pas une réalité vécue, son message reste actuel.
Présentation aux éditions Plon
Site de l'auteur
Le Christ, initiateur d’une voie spirituelle, a « transmis un enseignement éthique à portée universelle : non-violence, égale dignité de tous les êtres humains, justice et partage, primat de l’individu sur le groupe et importance de sa liberté de choix, séparation du politique et du religieux amour du prochain allant jusqu’au pardon et à l’amour des ennemis. » Ce regard de Jésus posé sur l’homme a permis le développement qui a conduit aux « droits de l’homme ».
Contrevenant aux normes sociales de son temps et à la Loi de Moïse, Jésus adopte une conception de l’altérité révolutionnaire : « l’autre quel qu’il soit est [son] prochain », concept qu’il explique à ses disciples par la parabole du Samaritain. Ce bouleversement modifie les relations entre l’homme et Dieu, mais surtout entre les hommes. Ce sont ces nouvelles règles qui fondent l’éthique que nous, Occidentaux, considérons universelle et laïque.
Les valeurs prônées par le Christ ont souvent été perverties par des Églises égarées par leur besoin de puissance ou, plus modestement, de contrôle sur leurs membres. Au début du IVe s., Constantin fait du christianisme une religion favorisée dans l’Empire romain. Ce brusque changement de statut va durablement modifier la vie de la société et celle de l’Eglise. Les liens qui se tissent entre pouvoir et religion vont aboutir à de profondes contradictions avec l’enseignement de Jésus (persécutions, Croisades, Inquisition,…). Mais de ces tensions naîtront aussi des ordres monastiques et des approches théologiques renouvelées qui aboutiront au mouvement humaniste si important dans l’Histoire européenne.
Jésus encourage ses contemporains à ne pas lire le texte de manière littérale, il les incite à « faire un effort personnel pour comprendre l’intention de Dieu derrière la lettre du texte.» Évangiles qui contiennent en leur sein une possibilité de progrès (J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent. Jean 16, 12).
Dans son épilogue, Frédéric Lenoir dit l’importance du sacré pour l’homme et montre la richesse de l’enseignement de Jésus qui place cet espace de ressourcement au cœur de l’homme. « Le Christ opère une désacralisation du monde au profit de l’intériorité de la vie spirituelle. […] Seul compte véritablement le fait de s’intérioriser, d’entrer en soi et de s’interroger sur la relation à l’Absolu. ». La liberté prêchée par le Christ ne peut être enfermée dans des dogmes, elle dépasse largement le cadre d’une Église. Ce paradoxe conduit à la sécularisation de notre monde, mais tant que les grands principes éthiques dont le christianisme est porteur (dignité, égalité, humanité) ne sont pas une réalité vécue, son message reste actuel.
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