Post Scriptum Iran

VÉLO CONTRE FATWA
Pour se défendre d’une nouvelle interdiction faite aux femmes, celle de rouler à vélo, les Iraniennes répondent avec des photos d’elles chevauchant fièrement leur destrier. La fatwa a été émise par le leader religieux Ali Khamenei, le 10 septembre. Selon l’agence de presse Iran News Update, dirigée par l’opposition iranienne en exil, il a déclaré: «Faire du vélo attire l’attention des hommes et expose la société à la corruption, et surtout cela contrevient à la chasteté des femmes, il faut l’abandonner.» Depuis, l’association féministe militante My Stealzhy Freedom rassemble les photos d’Iraniennes à vélo, envoyées par les femmes elles-mêmes, pour les poster sur son compte Instagram. Chacune des photos publiées récolte près de 10 000 like.

Cette dépêche parue dans Le Temps du 23 septembre prêterait à sourire si elle ne révélait les tensions de la société iranienne. Pour ce que j'en ai vu, les Iraniens ne sont pas des cyclistes et la mesure est donc plutôt symbolique.
L'agence de presse renvoie elle-même au site du Conseil national de la Résistance iranienne, dont elle est proche. Ce dernier fait le lien entre cette fatwa et le récent discours sur la direction et la politique générale de l’Etat et la politique familiale de l'Ayatollah Khaménéi. Il cite le guide suprême “Le rôle et la mission des femmes c’est d’être mère et de s’occuper du foyer” qui lui-même a un autre interprète "Protéger l’honneur et la dignité de l’épouse, son rôle en tant que mère et femme intérieure, du père et son rôle économique, ainsi que la responsabilité des femmes et des hommes sur les plans éducatif et spirituel ; renforcer l’esprit de responsabilité des membres de la famille, les interactions familiales et consolider leurs capacités pour assurer leur rôle et leur mission.” (point 13 de l'intervention).
Ces arguties prêteraient à sourire, si le Conseil national de la résistance islamique et Amnesty international ne rappelaient que l'Iran reste un des pays où la peine de mort est la plus utilisée. L'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (voir wikipédia) fondée en 1965 en opposition au régime du Shah poursuit sa lutte pour instaurer un régime démocratique et laïque. Il est particulièrement critique envers le Président Rohani. Pourtant ce dernier bénéficie encore d'un certain crédit auprès des Iraniens qui pensent qu'il a permis un certain assouplissement politique.