L'ange de Munich

Massimi Fabiano. L’ange de Munich : roman. Albin Michel, Livre de poche, 2021.

Angela Raubal, nièce de Hitler, se serait suicidée dans l'appartement de son oncle le 18 septembre 1931. Sur ce fait et plusieurs sources, Massimi construit une intrigue policière qui reflète les incertitudes de la période.


[…] il se retint en pensant aux soupçons que Mutti nourrissait sur ce jeune homme. La police avait été infiltrée par des agents politiques de tous les bords, c'était un fait connu, mais comme personne ne savait à quel point ni de qui il s'agissait, la plus grande prudence était de mise. Il en fallait peu pour se retrouver pris dans une guérilla entre les républicains, les communistes, les socialistes et les nazis. […]Plus d'une enquête était partie en fumée à cause de règlements de comptes entre ces différentes factions.

p. 82


Si les inspecteurs Sauer et Forster ont bien été chargés d'une enquête qui interpelle par sa brièveté, le manque de documents laisse une large place à l'imagination de l'auteur. Espace qu'il met à profit pour évoquer les questions de confiance et de loyauté dans une société clivée où l'état de droit se délite.
Les versions allemandes et francophones de Wikipedia des articles consacrés à Geli Raubal rappellent que même une présentation qui se veut factuelle est plurielle. On peut donc imaginer aisément l'utilisation d'un «fait divers», certes tragique, peut devenir en période de fortes tensions…

« Un sacré cirque, n'est-ce pas ? continua Strasser. Mais c'est à ça que ressemblent les hommes de l'entourage du leader national-socialiste. Dans une société normale, ils seraient considérés comme un ramassis de désaxés. Mais en ces temps chaotiques, ils apparaissent comme des sauveurs aux yeux de beaucoup de monde. Les jours de la République sont véritablement comptés...»

p. 465


Site de l'éditeur