Arménie


En 298, Rome rétablit sa protection sur l'Arménie et l'Empereur confia le royaume à Tiridate IV. A la confluence des aires culturelles perses et gréco-romaines, les tensions religieuses étaient importantes. C'est dans ce contexte que quarante chrétiennes romaines trouvent refuge en Arménie et seront massacrées. Pourtant, sous l'influence de Grégoire l'Illuminateur, Tiridate qui les avait fait arrêter, se convertit en 314 au christianisme et l'institue comme religion d'Etat. La traduction de la Bible en arménien par Machtots renforce le sentiment d'appartenance à la Chrétienté. Diverses polémiques théologiques assoient l'Église arménienne comme entité distincte des Eglises byzantine et romaine.
Cette forte présence chrétienne est visible dans les monastères qui retrouvent de leur éclat depuis la fin de l'ère soviétique grâce à l'investissement financier de riches mécènes. Ainsi en est-il de Tatev, dont l'âge d'or se situe entre le Xe et le XIIe s. Centre intellectuel important, considéré à l'égal d'une université, il participe au rayonnement culturel de l'Arménie avec ces centaines de moines. Détruit suite au séisme de 1931, le complexe a été longuement restauré. Un entrepreneur russo-arménien
contesté, par l'intermédiaire du Tatev Revival Project, a permis la promotion du site, difficilement accessible par la route, en faisant construire le téléphérique le plus long du monde, Wings of Tatev (5,75 km). Les traces des fresques créées par des maîtres occidentaux ont malheureusement presque entièrement disparu. Elles témoignaient de la continuité, dans l'Histoire, d'influences réciproques des civilisations. La taille du complexe surprend au regard de son rayonnement, même si l'église a des dimensions importantes en comparaison des églises arméniennes.
Spitakavor

Spitakavor

Haghpat et Sanahin (Patrimoine mondial de l'UNESCO) érigés à la même époque connurent un rayonnement plus tardif. Le développement des monastères par adjonction d'édifices (plans de Haghpat et de Sanahin sur wikimedia) plutôt que par leur agrandissement fait que les églises restent de taille modeste. Les gavit, sorte de narthex, qui leur sont accolés sont souvent bien plus spacieux que le sanctuaire. La taille modeste des édifices bâtis sur un plan de croix dont l'intersection est surmontée d'une haute coupole renforce l'impression de verticalité.
Les psalmodies et les chœurs semblent jouer un rôle important dans la liturgie et l'acoustique est souvent remarquable comme nous avons pu le découvrir dans le sanctuaire troglodyte de Geghard (
Patrimoine mondial de l'UNESCOarmenica.org, université de Lund). Les églises et monastères étaient souvent des lieux de pèlerinage et les pèlerins gravaient dans le tuf des croix pour marquer leur passage.
La complexité de ces gravures permet d'estimer leur notoriété. Les stèles dressées devant les églises ou dans les cimetières, les
khachkars, finement ciselées sont une spécificité arménienne. Les tombes dont les gravures racontent la vie de leur occupant sont cependant plus émouvantes.
Quelques édifices ont conservé des traces de fresques, mais les éléments décoratifs les plus récurrents sont les frises de motifs géométriques et les décors en stalactites qui nous rappellent l'ornementation des mosquées iraniennes.
Tsakhats Kar

Tsakhats Kar



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L'Eglise arménienne - Jean-Pierre Mahé
Armenica.org Université de Lund - présentation des monuments les plus significatifs
Patrimoine arménien