Arménie – 2018


Quelle image de l'Arménie mettre en exergue⁣⁣ ?
Les monastères, but de nombreuses randonnées, ou les usines en ruines si fréquentes le long des routes ?
Yerevan, jeune et citadine ou les campagnes, oasis vertes dans un décor aride ?
Une constante, toutefois, qui sous-tend la culture arménienne, est la forte présence de l'écriture. Sur tous les monastères des inscriptions sont gravées. La langue est un élément culturel important même dans la diaspora à laquelle on estime que la moitié des locuteurs appartient. Le déchiffrage de l'alphabet de 38 caractères fait d'ailleurs partie des activités futiles de notre séjour. à l'entrée de la localité de
ՄԱՍՏԱՐԱ, il est confortable de trouver la transcription latine ou, d'autre fois, de lire la correspondance en cyrillique, rappel de la longue présence russe et soviétique dans le pays. Etabli par Machtots en 405, suite à une inspiration divine, l'alphabet arménien a été un support de la christianisation du pays et des discussions théologiques. Les premiers essais de décodage, nous les faisons de nuit lors du trajet entre l'aéroport et la ville. Les stations service sont nombreuses et leur enseigne « PETROL ԲԵՆԶԻՆ » permettent de faire quelques hypothèses de même que les indications routières YEREVAN ԵՐԵՎԱՆ. En retournant au moderne aéroport de Zvardnots, nous savons que les six caractères qui accompagnent PETROL se lisent BENZIN !

[L'arménien est une] des plus anciennes langues indo-européennes encore parlées de nos jours, c'est une des survivantes de la famille thraco-illyrienne, comme l'albanais, avec lequel sa grammaire partage un certain nombre de traits communs. D'autres langues Thraco-illyriennes, telles que le dace et le phrygien, ont disparu depuis plus de deux millénaires, l'albanais du Caucase [a] survécu jusqu'au haut-Moyen Âge.

Georges Kersaudy, Langues sans frontières p. 109

Nous avons pu constater l'importance de la langue comme vecteur de l'identité culturelle. De jeunes Français qui découvraient le pays de leurs arrière-grands-parents étaient initiés à l'arménien dans le contexte de leur vie religieuse dans la banlieue de Paris. L'omniprésence des sciptorium dans les complexes monastiques ou le corpus des manuscrits rassemblés au Matenadaran sont d'autres témoignages de ce rôle.
Sanahin scriptorm

Sanahin – le scriptorium



La position linguistique de l'arménien à l'intérieur de la famille des langues indo-européennes correspond assez bien à la situation géographique du pays, plus proche du monde iranien que du monde hellénique. Elle se distingue de la famille altaïque dont fait partie le turc et sa déclinaison régionale, l'azéri. (cf. CDMF et Roland Breton, Atlas des langues du monde, 2003)

Suite
Photos
Liens

Présentation de la langue arménienne sur CDMF - site du Collège Dictionnaires Machtotz France
L'arménien sur Lexilogos