Ces témoins constituent un élément important de cette exposition du Musée national suisse. Ils sont accompagnés de diverses stèles en provenance d'Italie, de France et d'Allemagne. Figures servant au culte des ancêtres, elles laissent deviner l'aura qui entouraient quelques héros et héroïnes de la protohistoire.
Les stèles sédunoises et aostiennes présentent des similarités dans les motifs gravés et les distinctions entre figures masculines et féminines. Des pierres d'autres provenances ont des attributs genrés plus facilement identifiables, notamment la présence de seins – jamais d'organes génitaux –, qui ont permis aux spécialistes d'analyser plus finement les stèles valaisannes et valdôtaines. Les thèses de l'anthropologie culturelle qui postule que le modèle économique et la structure sociale sont déterminants dans la vision du monde et le système de croyances ont également orienté le décryptage de ces monolithes.
Lorsque la mémoire des héros s'érodait, que d'autres figures s'imposaient comme emblèmes du clan, les stèles étaient réutilisées, souvent dans la construction de tombeaux. L'exposition est enrichie par des objets funéraires et des ossements qui révèlent une société plus violente que ne le suggère l'inertie de ces grandes stèles.
L'exposition se termine sur la stèle dite Petit-Chasseur n°1 qui se caractérise par son réemploi. Lors de la seconde gravure, la tête a été remplacée par un motif solaire, élément qui montre l'évolution des croyances : le culte des ancêtres laisse place à celui des corps célestes. Les rythmes de la nature ordonnent de manière plus consciente la société.

Les stèles anthropomorphes de la nécropole néolithique du Petit-Chasseur à Sion, Pierre Corboud
Olga Yurkina pour Le Temps
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