Démocratie

Hayat Samuel. Démocratie. Anamosa, Les mots pour le dire, 2020.
democratie anamosa

Un bref essai, trop succinct peut-être, pour traiter des forces et des limites de ce système de gouvernement. Fidèle à la ligne éditoriale d'anamosa, l'auteur interroge l'opposition entre les conceptions politique et sociale de la démocratie. Il ne cherche pas à réduire la tension entre ses deux compréhensions, mais montre plutôt le potentiel d'évolution qu'elle permet.

Un des héritages du libéralisme dans les gouvernements représentatifs contemporains est de mettre une limite au pouvoir des législateurs et des gouvernants. Les députés qui votent les lois et les gouvernements qui les exécutent le font dans un cadre constitutionnel et en respectant des principes qu'ils ne peuvent remettre en question et auxquels ils doivent eux-mêmes se soumettre, ce qu'on appelle l'état de droit. Or, si le peuple est lui-même l'auteur de la loi, comment justifier de limiter son pouvoir ? Il existe une affinité entre l'idée que le peuple est l'auteur de la loi et la défense du pouvoir absolu de l’Etat, car rien ne peut justifier que l’on limite le pouvoir du peuple.

p. 23-24


Samuel Hayat relève que le degré de réalisation de la démocratie se mesure à la possibilité donnée à l'ensemble de la population d'exercer des fonctions publiques, en particulier dans les domaines judiciaires et du maintien de l'ordre, mais aussi dans l'enseignement ou l'administration.

Du point de vue des nationalistes, en effet, si la volonté du peuple doit être une et prévaloir, c'est que le peuple est lui-même nécessairement un, et qu'il faut garantir cette unité politique par une unité culturelle. Ce glissement n'est pas l'apanage de l'extrême droite: une partie de ceux qui se définissent, en France, comme républicains, passent aisément de la défense de l'universalité des citoyens au refus de l'organisation des minorités, qualifiée de communautarisme, et à la défense de la nation et de ses symboles, comme le drapeau ou l'hymne national.

p. 27-29

L'auteur n'idéalise pas les démocraties parlementaires ; la professionnalisation des représentant·e·s accroit la distance avec les gouverné·e·s. Toutefois lorsqu'une opposition peut s'exprimer, souvent hors des hémicycles, parfois dans la rue, elle a capacité à porter les revendications des sans-voix et à infléchir l'agenda politique. On peut regretter l'inertie des démocraties libérales, rendue particulièrement visible par la pandémie de Covid-19, une crise qui accroît les inégalités mais qui démontre aussi le nécessité d'une solidarité autour d'objectifs communs. Le virus a montré les faiblesses de la gouvernance et de du système économique mondialisé, la précarité de populations marginalisées; il présente aussi des opportunités de repenser les liens sociaux. Une révision qui nécessite davantage de clarté sur le fonctionnement de la science et une réflexion sur le fondement des démocraties.

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Jonathan Louli pour /liens socio/