Roubaix, une lumière

Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin (France, 2019), avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Louis Cotterelle, 1h59.

Film épatent, même si la critique relève que Desplechin s'est largement inspiré du documentaire "Roubaix, Commissariat central" ( Telerama.fr). Le réalisateur, né à Roubaix, se souvient de l'impact de ce film : "Ce qui m’a sans doute tant frappé lorsque je découvrais ces images à l’origine de mon film, ce sont ces visages de femmes. Coupables et victimes.” (Note d'intention)

L'entrée en matière tient d'ailleurs du documentaire. Desplechin présente une nuit peut-être ordinaire à Roubaix sachant qu'elle est la plus pauvre des villes françaises de 100'000 habitants. Petite criminalité, fugue, arnaque à l'assurance, viol : le commissaire Daoud ne connait pas de répit.
Le meurtre sordide de Lucette fait basculer le film. On passe subitement du documentaire au polar. Dupleschin met alors en opposition deux figures : le commissaire et Louis Cotterelle, nouveau stagiaire. Shanna Besson

Louis Cotterelle (Antoine REINARTZ) et Yacoub Daoud (Roschdy ZEM) – Le Pacte

Daoud présente une image rassurante de la police. Son calme et une forme d'empathie font oublier une certaine suffisance puisqu'il qui "sait en un regard reconnaître le mensonge de la vérité". Tout semble l'éloigner de son subordonné qui s'appuie sur sa foi. Il n'est pas préparé à affronter cette réalité. Alors que Daoud vise juste, les interrogatoires du stagiaire semblent à chaque fois se conclure par un échec.
Pourtant, le commissaire se montre conciliant avec son subordonné. Entrer dans la police, rester en France alors que les siens sont rentrés au pays n'ont pas été des évidences. Daoud s'ouvre à Cotterelle, l'aide à se construire. En se retrouvant à l'hippodrome, une complicité naît.
L'enquête sur le meurtre avance. Des premiers interrogatoires à la reconstitution du crime, les gestes des protagonistes se transforment en aveux. la vérité s'établit peu à peu quand les instigatrices acceptent
de reconnaitre le caractère destructeur de leurs relations et de leur loyauté.
Alors que les premiers plans donnent une image extrêmement négative de Roubaix, malgré la noirceur du crime, l'humanité qui se dégage, essentiellement de Daoud, est une lumière positive.

Antoine Duplan pour Le Temps
Julie Evard et Marie-Claude Martin pour Vertigo
Internet Movie Database