The Witness

The Witness, de Mitko Panov (Suisse, Macédoine - 2018). Avec Bruno Ganz, Padrais Delaney, Gary Whelan, Marthe Keller.

Le film de Mitko Panov est malheureusement brouillon dans son approche de la thématique de la justice internationale en lien avec les guerres en ex-Yougoslavie.

La juge D’Amici (Marthe Keller) s’est occupée exclusivement de l'affaire Pantic (Refet Abazi) pendant sa présence dans l'institution de la Haye. Le prévenu a choisi d'assurer lui- même sa défense. Sans scrupules, il n'a aucun respect pour le Tribunal. Il s'estime maltraité et prétend que son cas révèle l'injustice de la cour.
Comme dans maints procès liés aux Guerres en ex-Yougoslavie, les témoins difficilement convaincus de déposer finissent par se rétracter. Jeune assistant, admiratif de la procureure, Vince Harrington (Pádraic Delaney) arrive à la persuader d'être délégué sur place pour essayer de convaincre Nikola Radin (Bruno Ganz) de se déplacer à la Haye. Par naïveté, il s'attend à obtenir la collaboration d'autorités qui ont l'ambition de permettre à leur état de rejoindre l'Europe. L'escorte qui lui est accordée par le ministre Batac (Gary Whelan) est bien déterminée à le persuader de renoncer et met tout en oeuvre pour l'égarer. Résolu, Harrington, tente d'échapper à leur vigilance et, s'appuyant sur quelques rares indices, cherche à approcher de Radin.
Les effets spectaculaires ne suffisent pas à masquer des invraisemblances du scénario... par exemple, lorsque Harrington se révèle un tireur aguerri. L'intention de Panov ne semble pourtant pas de réaliser une parodie.
Le film aborde une question essentielle : celle de la justice lors de conflits. En quoi les morts causées par "le Général" Radin sont-elles plus acceptables que celles dues à Pantic ? Le fait que Radin se soit retiré du monde, alors que Pantic continue d'interagir au travers de Batac et de ses sbires constitue peut-être une réponse. En traquant le Général pour recueillir son témoignage, Harrington le met également en danger. N'endosse-t-il pas ainsi lui-même une certaine culpabilité ?
La problématique traitée par Panov n'est pas dénuée d'intérêt et reste actuelle. En effet, lors de mon premier voyage au Kosovo, les omniprésentes affiches laissant entendre que Ramush Haradinaj soit victime de la justice internationale m'interrogeaient. Les nouvelles citations à comparaitre, notamment en 2019 ( RTS, 19.07.2019) et le difficulté à réunir des témoins pour soutenir les accusations attestent de l'actualité de cette thématique.

Internet Movie Database
Sven Papaux pour cineman.ch
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