Le frère et l'ami : étrangers ?

TIMM, Uwe. (2005). Der Freund und der Fremde: Eine Erzählung (p. 172). Köln: Kiepenheuer & Witsch.

[Sie starb.] Vielleicht hätte sie mir die Fragen beantworten können, die mich seitdem bewegen. Zur Trauer, meiner, gehört auch, nicht gefragt zu haben. Nicht mehr die Möglichkeiten haben, etwas zu klären, zu erklären. Und zu verstehen.

Der Freund und der Fremde

Couverture de Freund und Fremde
Comment les événements du passé agissent-ils sur l’actualité ? Notre histoire personnelle influence ce que nous sommes, mais même des origines semblables ne promettent pas une destinée commune.
Dans deux ouvrages autobiographiques, Uwe Timm s’interroge sur les parcours de vie et cherche à en comprendre le sens. Né en 1940 à Hamburg, il consacre
Am Beispiel meines Bruders, à ce frère de 16 ans, son aîné, qui est tué au combat.
Qui était Karl Heinz engagé volontaire de la Waffen SS dont le père était si fier de l’héroïsme qu’il n’a cessé de rabaisser son cadet ? Le père souhaitait des fils pour racheter une histoire familiale médiocre et la participation de l’un d’eux à la conquête de la Russie ne pouvait que l’exalter.
Le journal commencé le 14 février 1943 par le SS se termine soudainement le 6 août de la même année avec un commentaire sur le non-sens de noter les atrocités dont il est le témoin. Uwe Timm ne connaîtra jamais les sentiments de son frère, mais l’abandon du journal, mis en relation avec ses lettres à la famille, lui permet d’établir un portrait plus facile à accepter que celui érigé par le père.

Assassinat de Benno Ohnesorg - Archives
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Dans Der Freund und der Fremde, Timm s’interroge sur Benno Ohnesorg, un camarade d’études tué dans une manifestation à Berlin en 1967. J’y trouve les mêmes questionnements concernant la destinée : après avoir terminé une formation professionnelle, les deux jeunes gens ont suivi le même gymnase dans le but de s’engager dans une carrière littéraire. Des similitudes et des différences qui interrogent et nourrissent la réflexion, mais qui jamais ne pourront être complètement appréhendées.
Par leur intérêt pour la France et sa littérature, les deux étudiants rompent avec la notion de l’ennemi héréditaire. Une manière de s’affranchir de la génération précédente, coupable de la guerre et de génocides, en s’ouvrant à des courants de pensée susceptibles de donner du sens à l’existence après la tourmente.
Cette quête recommence toujours, même pour les quelques jeunes professionnels triés sur le volet qui pouvaient fréquenter le Braunschweig-Kolleg en vue d’accéder au monde académique. Et Timm de s’interroger sur le chemin qui conduit Ohnesorg à la mort.

Dieser Versuch, die Schuld zu relativieren, das eigene Schuldigsein auf die Sieger zu übertragen, sie zu Mitschuldigen zu machen.

Am Beispiel meines Bruders


«Der Freund und der Fremde» chez dtv
«Am Beispiel meines Bruders» chez dtv

Le meurtrier d’Ohnesorg était un agent de la Stasi