Gloria Mundi

Gloria Mundi, de Robert Guédiguian (France, 2019), avec Ariane Ascaride, Anaïs Demoustier, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, 1h47.

Le hasard du calendrier veut que la sortie suisse de cette production soit programmée à la veille du début de la saison de grèves de l’hiver 2019-2020. Un mouvement qui prend en otages certains employés, à l’image de Sylvie dans le film. Un opus sombre qui invite à la réflexion, si ce n’est à l’engagement politique.

J’ai toujours pensé que le cinéma devait nous émouvoir parfois par l’exemple pour nous montrer le monde tel qu’il pourrait être ; parfois par le constat pour nous montrer le monde tel qu’il est.

Robert Guédiguian
Note d'intention

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Les spectateurs assistent à la venue au monde de Gloria. La famille est réunie pour féliciter modestement Mathilda et Nicolas. Ces instants de bonheur sont vite oubliés dans un quotidien envahissant dans lequel l’argent est une préoccupation constante.
Mathilda enchaine les stages dans des boutiques où elle se fait houspiller. Nicolas a pensé trouver une source de revenus en s’endettant pour une limousine et travaillant pour Uber. Quant aux grands-parents Sylvie et Richard, ils s’esquintent pour nouer les deux bouts. D’ailleurs Sylvie, qui travaille dans une entreprise de nettoyages, ne peut pas se permettre de faire la grève; elle cherche plutôt à assurer un service de nuit pour maximiser son salaire.
Aurore, la sœur de Mathilda, et Bruno son mari sont entreprenants et s’enrichissent dur le dos des autres. Sans scrupules et arrogants, ils abusent de la précarité des laisser pour compte du quartier glauque de Marseille où ils ont démarré leurs activités.
Et il y a Daniel, le père biologique de Mathilda. Il sort de prison pour découvrir Gloria. Personnage énigmatique, discret, il continue à vivre confiné malgré sa libération. Hors du monde, il rédige des haïkus et initie sa toute jeune petite-fille à la contemplation.

Sombre, voire désespérant, le film montre bien les fragilités qui divisent la société française et, de manière plus générale, l’influence de la précarisation du travail sur la cohésion sociale. Cependant, en ne présentant que la génération des grands-parents comme capable d’établir des solidarités, Guédiguian devient tendancieux et moralisateur. Certes, en faisant l’apologie des Premiers de cordée, Emmanuel Macron soutient l’individualisme. Les nouvelles organisations sociales, liées notamment à l’évolution de l’emploi et au développement du micro-entrepreneuriat, influencent davantage les générations montantes. C’est pourquoi elles ont une responsabilité de créer un cadre de sécurité qui tienne compte de leur aspiration à se libérer des contraintes du salariat. Nombreuses et nombreux sont les jeunes prêts à l’assumer !

Interview pour Tribu de Dominique Méda, sociologue concernée par les nouvelles organisations du travail.
Marie-Claude Martin pour la RTS
Antoine Duplan pour Le Temps
Dossier de presse